Larbi, judoka made in Dugny
Larbi Benboudaoud est une référence dans le judo français. Champion du monde, médaillé olympique, deux fois champion d’Europe... Toujours très attaché à l’US Dugny, son club formateur et à la Seine-Saint-Denis, il est désormais responsable de l’équipe de France féminine.
Installé à la cafétéria de l’INSEP, Larbi Benboudaoud répond aux questions sans détour, regardant toujours son interlocuteur droit dans les yeux. Il a l’habitude d’être écouté, et pour cause ! Le sixième dan sait de quoi il parle, avec un palmarès conséquent de judoka et d’entraîneur. L’union européenne de judo lui a d’ailleurs décerné le titre d’entraîneur de l’année 2018. Les olympiades qui arrivent s’annoncent très particulières pour le judo français. En 2020, les Jeux olympiques se dérouleront au Japon, la patrie du judo, puis en 2024 à Paris, à domicile. « Les jeux, je les ai vécus cinq fois, raconte Larbi. Trois en tant qu’athlète et deux en tant qu’entraîneur, c’est une fête magnifique. Les deux prochaines éditions auront un caractère particulier, c’est sûr. D’un point de vue strictement sportif, c’est toujours mieux de jouer à la maison. Mais également pour les structures ! Les Jeux imposent un cahier des charges, cela nous fera gagner vingt ans en termes d’infrastructures. Les Jeux Olympiques et Paralympiques ne dureront que quelques mois, mais ces installations sur notre territoire ne bougeront pas. Elles resteront chez nous ! »
Lorsqu’il parle de chez nous, c’est bien de la Seine-Saint-Denis qu’il s’agit. « Je suis un enfant de la Seine-Saint-Denis. J’y suis né, j’y ai appris le judo, je suis devenu champion du monde, médaillé olympique en étant licencié en Seine-Saint-Denis, à l’US Dugny le club de ma ville. » Larbi est alors interrompu par deux jeunes judokas qui viennent le saluer, dont Messie Katanga du Red Star club Montreuil judo, qui bénéficie du dispositif Génération jeux mis en place par le Département de la Seine-Saint-Denis pour soutenir les jeunes sportifs dans la perspective des Jeux de Paris 2024. Dans les années 90, le jeune Larbi Benboudaoud n’a lui pas bénéficié d’une telle aide. « A 18 ans, je ne vivais que pour le judo. Et j’étais très attaché à mon club de Dugny, même si je ne pouvais plus y progresser. Mon professeur, Mr Kammerer, m’a alors conseillé de passer mon professorat. En tant qu’élève professeur, je m’entraînais deux fois par semaine avec les pensionnaires de l’INSEP. C’était une chance à saisir, soit je parvenais à atteindre le haut niveau, soit je devenais comme lui professeur et je lui succédais au moment de sa retraite qui approchait. »
Racontée ainsi, l’affaire a l’air simple. Mais il faut savoir qu’à l’INSEP, les aspirants professeurs n’étaient considérés que comme « de la barbaque », des partenaires que l’on fait chuter, chuter sans cesse... « Les gars de l’INSEP venaient des centres de formation, des pôles fédéraux... moi je venais du 3ème sous-sol ! Mais j’ai fait mes preuves, et j’ai gagné ma place. » Bien peu y sont parvenus...
Fidèle à son club
Durant l’essentiel de sa carrière sportive, Larbi s’entraînera donc à l’INSEP avec les Douillet, Traineau, Bouras... et enseignera trois fois par semaine aux gamins de l’US Dugny. « J’y ai appris mon métier de professeur de judo. Prof de judo, pas entraîneur, ce n’est pas la même chose. C’est un éducateur avec un vrai rôle social. Je me suis vu aller au collège pour expliquer que le petit Moussa, avec moi il est concentré et il travaille. Qu’il y avait moyen d’en tirer quelque chose. Du coup, je pouvais dire au gamin que s’il voulait participer à une compétition, il avait intérêt à me relever ses notes ! »
Larbi ne tolère pas les clichés dont souffre la Seine-Saint-Denis, tout comme on a cherché à lui en coller. « Quand tu t’appelles Larbi Benboudaoud, que tu viens d’une cité de Dugny... Le nombre de choses que j’ai refusées de faire ! On a même voulu me faire poser en kimono dans ma cité, non mais, tu m’as regardé ? Viens photographier les mômes de la cité sur le tatami, mais ne compte pas sur moi pour faire le guignol ! »
Convaincu de la nécessité de la pratique du sport, Larbi Benboudaoud pense que son développement passe par un plus grand nombre d’éducateurs sportifs au sein des clubs. « C’est souvent mieux s’ils sont issus du cru, car il y aura déjà un lien social. Mais les formations coûtent cher. Il devrait y avoir plus d’aide de la part des organismes de formation, car le sport, des débutants au haut niveau, c’est tout un écosystème favorable tant à l’individu qu’à l’ensemble de la société. »
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