La valeur n’attend point...
On dit la jeunesse individualiste, désabusée, désœuvrée. Nombreux pourtant sont les exemples contraires. Tels Ikram, Soukayna, Amel et leurs camarades de l’Antenne jeunesse Annie-Fratellini, à Montreuil, qui ont monté une permanence mensuelle pour venir en aide à leurs voisins.
L’engagement naît souvent d’une indignation. Cela a été le cas d’un groupe de jeunes fréquentant l’Antenne jeunesse du quartier La Noue à Montreuil. « Quand nous faisions des sorties à Paris, nous tombions souvent sur des personnes sans-domicile. Cela les questionnait et nous avons eu des échanges approfondis sur cette question », raconte Meziane Idiri.
Ce coordinateur municipal Jeunesse a alors une idée, dont il fait part aux jeunes lors d’un séjour au ski l’an dernier : monter un projet solidaire. Plusieurs adhèrent immédiatement, d’autres les rejoindront ensuite. Et ils voient tout de suite grand, imaginant déjà un voyage humanitaire.
Pour avoir une idée plus précise de ce qu’est une action de solidarité, ils commencent cependant par rencontrer d’autres jeunes de la ville engagés et des associations existantes. Avec l’une d’elles - Don’heures de Sevran -, ils organisent un tournoi de football pour récolter des denrées et participent à une maraude en octobre à la Gare de l’Est. Une expérience qui les marque profondément.
« Ça nous a changés »
« Ils n’ont rien, ils vivent dans le froid, et pourtant ils sourient tout le temps », se souvient Ikram. « Ça nous a plu d’aider les gens et ça nous a changés, explique également Soukayna. Nous avons réalisé que nous nous plaignons tout le temps alors que nous avons tout à portée de main ». « Eux, ils ne se plaignent jamais alors qu’ils n’ont rien », complète Amel.
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Le projet évolue alors. « Nous avons commencé à nous dire que nous devrions agir pour le quartier », indique Amel. L’idée d’une permanence chaque premier et dernier samedi du mois germe, pour proposer à leurs voisins de promener leur chien, faire leurs courses, collecter des vêtements ou simplement tenir compagnie aux personnes isolées. « Nous les accompagnons et sommes là pour les questions de sécurité, précise Meziane Idiri, mais nous voulons que la réflexion passe par eux et ce sont leurs idées. »
Une école de la vie
Une boîte mail, des affiches et des flyers sont créés pour faire connaître l’initiative, mais les jeunes font face à des déceptions. « Ma gardienne a tout enlevé, cite par exemple Ikram. Un animateur m’a remonté le moral, me disant qu’il y aurait toujours des gens comme ça, qu’il ne faut pas baisser les bras. »
Les retours positifs sont aussi bien plus nombreux. « Beaucoup nous ont félicités, nous disant que c’était une preuve de maturité. Nous apprenons des choses aussi, à aider notre prochain, à ne pas penser qu’à soi », dit Soukayna avec un sourire. Ils ne se découragent pas, s’initient aux premiers secours, participent à l’animation d’un réveillon solidaire, prennent à nouveau part à une maraude, organisent un séjour de solidarité à Perpignan, etc.
Et ces jeunes voient loin, pensant déjà à l’association qu’ils créeront à leur majorité pour continuer à œuvrer. « Peut-être pour aider à l’échelle de la ville ou du département, explique Soukayna, mais on veut d’abord agir dans notre quartier. Le reste, ce sera l’aboutissement. » Des têtes remplies de rêves, mais solidement ancrées dans la réalité.
Pour les contacter : Antenne jeunesse Annie-Fratellini, 2-3 square Jean-Pierre Timbaud – Montreuil, 01 48 70 66 24, solidarite.lanoue@gmail.com
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