Seine Saint-Denis
Hip hop

« La Place, une passerelle entre Paris et la banlieue »

Jeudi 22 septembre, Stéphane Troussel a participé aux côtés d’Anne Hidalgo au lancement de la 1ère saison de « La Place » à Paris, située sous la Canopée au Forum des Halles, pour laquelle un partenariat est mis en place entre Paris et la Seine-Saint-Denis.

« La Place » est un lieu culturel dédié à la culture hip hop dans toutes ses composantes. La volonté du projet est d’être rassembleur, en travaillant avec des artistes émergents ou reconnus. « La Place » est l’un des premiers centres culturels au monde réunissant sous le même toit toutes les disciplines du mouvement culturel qu’est le Hip Hop.

Interview d’Elga Gnaly, chargée de communication de l’association La Place

Elga Gnaly est la Séquano-dionysienne de l’équipe de l’association La Place. Habitante de Bobigny depuis l’enfance, les films de Spike Lee lui ont donné le virus hip-hop quand elle avait 14 ans. En classe avec Yacine Amblard, futur producteur de danse, et amie avec Albert, du groupe Menelik, elle mène ensuite des études en communication à l’université Paris 8-Saint-Denis. « C’était le chaudron du hip-hop. Il y avait même un prof, M. Lapassade, qui avait déjà fait des recherches sur le sujet, on s’arrachait ses bouquins », se souvient Elga. Elle poursuit ensuite sa carrière en travaillant pour le label de Saïan Supa Crew, puis B.O.S.S, le label de Joey Starr, écrit pour des magazines spécialisés en rap et r’n’b, avant d’être chargée par l’association La Place de sa communication...

Qu’est-ce que La Place ?

"Cela faisait huit ans que Marion Boyer, la directrice de cabinet de Bruno Julliard, l’adjoint à la culture de la mairie de Paris, avait eu l’idée de fonder un lieu culturel autour du hip-hop. Alors quand elle a entendu parler de La Canopée, elle a agité son réseau pour qu’un tel lieu voie le jour. Et l’association La Place a été fondée. Le président, Jean-Marc Mougeaud, danseur professionnel et lyonnais d’origine, est le créateur du festival « L’Original ». Le conseil d’administration compte parmi ses membres Agnès B, la première à faire entrer le graff dans des galeries d’art, Thibaut de Longeville, qui dirige une société de communication et de design qui s’inspire de la culture hip-hop, Leila Sy, réalisatrice de clips, Bruno Laforestrie, directeur de la radio Le Mouv, et fondateur de la radio de rap Génération, et Marc Gore, l’ancien directeur de Canal 93 à Bobigny."

Qu’est-ce qu’on y fait ?

"Jusqu’à l’inauguration officielle, nous ouvrions le jeudi soir, pour des soirées « mix and meet », des afterwork où l’on pouvait écouter du son et échanger autour de la musique. Nous avions aussi un programme hors-les-murs : nous avons sélectionné et envoyé des graffeurs et des communicants à la maison du hip-hop de Dakar. Cet été, nous avons organisé avec l’UEFA un sondage pour créer « le 11 de légende », constituer la meilleure équipe virtuelle à partir d’un sondage, et la réaliser en graff, avec l’association Paris Mur Mur.

Mais La Place, cela va surtout être huit studios de pratique, sur 2 000 mètres carrés : danse, graffiti, montage, vidéo. Nous allons accueillir des artistes en résidence, organiser des masterclass, accompagner des artistes. Ce sera également un centre de ressources doté de 3 000 documents sur la culture urbaine pour assurer la transmission. Sans compter une salle de concert de 400 places et un auditorium de 100 places. Ce sera la maison du hip-hop, ce lieu permettra de centraliser les compagnies qui se montent, les auto-entrepreneurs, les labels privés. Nous avons une mission de programmation, de médiation culturelle, et nous aurons un espace entrepreneuriat, un incubateur pour les sociétés en devenir. Et des murs, dans les différents arrondissements de Paris, dédiés au graff."

Le hip-hop est, au départ, une contre-culture. En faire une institution, n’est-ce pas, d’une certaine manière, lui ôter son âme ?

"Ce n’est pas parce que le hip-hop est subversif qu’il n’a pas besoin de professionnalisation. Quand Joey Starr a fondé son label, il a bien fallu des avocats pour rédiger les contrats. Il faut faire cohabiter cela avec l’aspect contre-culture, ne pas tuer l’âme des artistes."

JPEG - 63.6 kio

Dans l'actualité