Bobigny

La « Coloc’ de l’Ourcq » de la FSGT pend sa crémaillère

Samedi 18 septembre, le comité 93 de la FSGT inaugurait en grande pompe- en proposant aux badauds de s’initier à une quinzaine d’activités sportives- ses nouveaux locaux en bord du canal de l’Ourcq, à Bobigny. Outre un centre administratif, la FSGT y ouvre un co-working alliant travail et sport. Pour la fédération quinquagénaire, c’est une page qui se tourne...

« Avec une vue à 180° sur le canal de l’Ourcq et le parc de la Bergère, vous avez devant vous le plus beau spot du 93 pour travailler ! », expose avec enthousiasme Clément Rémond, co-président du Comité 93 de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), devant une délégation d’élu·e·s de la Seine-Saint-Denis. Ce samedi 18 septembre, la fédération sportive faisait ses adieux à ses locaux situés au cœur de la dalle Paul-Eluard à Bobigny, et prenait ses nouveaux quartiers au pied des immeubles flambant neufs de la nouvelle ZAC de l’Ecocité, où doivent emménager, d’ici à 2024, 15 000 nouveaux et nouvelles habitantes.

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Réinsuffler du collectif dans le sport après le confinement

Outre les locaux de la fédération destinés à accueillir des réunions et des formations, la FSGT a tenu à ouvrir un espace de co-working de 18 places, articulant travail et activité sportive. De nouvelles populations au profil social moins populaire vont venir s’installer dans ce quartier « central et stratégique », et la FSGT veut capter ce nouveau public, notamment grâce à ce dispositif. « Cette population travaille plus tard, et peut moins participer aux activités que proposent nos clubs, plutôt en fin d’après-midi. Nous leur proposons donc des temps sportifs tôt le matin et à midi, en complément de ce que nous proposons déjà traditionnellement », explique Clément Rémond. L’idée de la fédération est de réinsuffler du collectif dans des pratiques plus individuelles, voire individualistes, exacerbées par le confinement, qu’elles soient sportives- le running, le vélo, la marche nordique ou le street work-out- ou professionnelles- le télétravail. « Nous avons un rôle à jouer dans l’accompagnement de ces nouvelles pratiques sportives et leur structuration associative pour que plus de monde y accède, progresse, participe à des compétitions », estime Clément Rémond.

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D’où ce co-working permettant de prendre des douches après l’effort physique, pour laisser place, dans le confort, à l’effort intellectuel. L’implantation de la fédération sportive au bord du canal et près du parc de la Bergère donnera également l’opportunité aux sportifs de se réapproprier l’espace public pour faire du sport, palliatif temporaire à la rareté des équipements sportifs du département- la situation devrait notablement s’améliorer grâce à l’accueil des Jeux olympiques en 2024. Enfin, explique Clément Rémond, cette « Coloc’ de l’Ourcq » se veut un vecteur de mixité sociale, s’adressant aussi bien, grâce à une tarification adaptée, aux populations nouvelles qu’aux classes populaires vivant dans les cités avoisinantes, afin d’éviter une nouvelle « fracture sociale ».

Une fédération populaire

« C’est sûr qu’ils sont plus accueillants, plus lumineux. Avec ces nouveaux, locaux, c’est un peu une page qui se tourne », soupire Anaïs, athlète FSGT depuis 18 ans et impliquée dans le Comité, avec un brin de nostalgie. Elle fait partie des nombreux bénévoles pleinement impliqué·e·s dans l’animation de leur association. « Pendant le confinement, je n’avais plus de vie ! Le club, ça occupe 80 % de mon temps libre ! », avait alors réalisé cette Audonienne, de tous les événements, du « Nage ton canal » aux 10 km sur route de Dunkerque. Adhérer à la FSGT et devenir bénévole, c’est bien sûr faire du sport, se dépenser, mais cela peut aussi signifier l’entrée dans une communauté d’intérêt, se faire des ami·e·s, participer à l’animation d’une association, et surtout porter des valeurs de solidarité au travers du sport- la FSGT est par exemple fameuse pour défendre l’entraide, plutôt que la concurrence y compris dans un cadre de compétition. Des valeurs et une manière de les investir héritées de son histoire de compagnonnage avec le Parti communiste et la Confédération générale du travail, qui explique également la force de la fédération dans le département : rien que dans le 93, elle compte 11 800 licencié·e·s, 150 associations affiliées, propose 64 activités.

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Aussi les bénévoles mobilisé·e·s cette après-midi étaient-ils nombreux·ses pour faire connaître les différentes disciplines proposées par la FSGT. Dès 15 heures, Patrick Van Hessche, le grand manitou du Judo et des arts martiaux dans le département, proposait aux badauds de s’initier au maniement des nunchakus. Evoluant avec grâce sur le tapis destiné à cet effet, Nour et Myriam, 9 et 14 ans, Aulnaysiennes, faisaient virevolter leurs rubans et scintiller les strass de leurs justaucorps, expliquant à qui voulait l’entendre que « la gymnastique rythmique et sportive n’avait strictement rien à voir avec la gymnastique artistique, et recelait bien d’autres possibilités », pendant que Zacharia et Bilal s’échauffaient pour faire quelques démonstration de Parkour, et recruter ainsi de nouveaux et nouvelles yamakazi dans leur club albertivillarien « Onde 2 choc ». Originaire de Bagnolet, Flore, 23 ans et demi et éducatrice de jeunes enfants, assise sur un banc, cache bien son jeu : « Quand j’avais 12 ans, ma mère a voulu m’obliger à faire du sport. Elle m’a inscrite à l’athlétisme : j’ai détesté. Jusqu’à ce que j’essaie le lancer de marteau », dont elle apprécie les sensations au point qu’elle ne trouve pas les mots pour les décrire.

« Intégrer tout le monde »

Sur une colline, un petit groupe de têtes grisonnantes finit son pique-nique avant de se lancer dans une petite séance de gym : « Nous on ne fait pas de la compète comme les jeunes, c’est pour entretenir la bête ! Et puis pour se rencontrer, faire des randonnées ensemble », explique Marie-Noëlle. Dans la petite assemblée, Alain fondateur en 1983 du premier groupe de gym pour les plus de 50 ans : « Jusqu’à il y a cinq ou six ans, personne ne parlait de la gym pour les personnes âgées, excepté nous ! On pensait déjà il y a trente ans que c’était indispensable pour bien vivre sa retraite, être plus en forme, coûter moins cher à la Sécurité sociale... Et surtout, on pense que pour construire une société solidaire, il faut y intégrer tout le monde au-delà de ses différences. Les personnes âgées restent des citoyens ! », détaille le fsgétiste. Autre type de public drainé par la pratique sportive, les mères comme Maryse ou Sandrine, devenues animatrices sportives à force d’emmener leurs bambins à l’athlétisme.

Mais la démonstration de force de la FSGT a aussi attiré les voisin·e·s. « On a vu passer l’évènement sur la page Facebook « Ici Radio Canal », alors je suis venue voir à quoi ça ressemblait. On a essayé , avec les nouveaux habitants, de faire du sport ensemble, mais c’est vrai que monter une association prend beaucoup de temps et d’énergie, donc autant profiter de ce qui existe », estime Inès, professeure de français à Bondy, amatrice de pilates et de yoga.

Les femmes prennent le pouvoir dans le sport

Bientôt, le micro de l’animateur cesse son commentaire, et la musique de zumba s’interrompt : c’est l’heure de couper le ruban. Marie-George Buffet, ancienne ministre des sports, prend la parole pour rappeler qu’en Afghanistan, la première mesure prise par les talibans lorsqu’ils sont revenus au pouvoir fut d’interdire le sport aux femmes. Puis se réjouit de la prise de pouvoir de celles-ci dans le monde du sport, qu’il s’agisse de Brigitte Henriques, l’ancienne footballeuse devenue présidente du Comité olympique et sportif français, d’Emmanuelle Bonnet Ouladj, coprésidente de la FSGT, d’Anne-Marie Heugas, vice-présidente chargée du sport à Est Ensemble ou de Zaïnaba Said-Anzum, conseillère départementale en charge du sport. « Je suis ravie que nous aidions la FSGT à structurer le mouvement sportif, à participer à l’inclusion sociale, à participer à l’émancipation des individus. La fédération est un partenaire incontournable, notamment dans notre bataille pour obtenir des équipements sportifs », conclut l’élue du Département.

Pendant que les représentants institutionnels font connaissance avec la Coloc’, dehors, les barbecues fument. Car, parole d’un sportif qui a tenu à garder l’anonymat : « Le sport n’est pas la seule discipline dans laquelle la FSGT est pourvoyeuse de champions ». Sur la passerelle Pierre-Girard, le DJ est prêt à envoyer la musique. La Coloc peut commencer.

Elsa Dupré

Crédits photo : Marie Lopez-Vivanco FSGT

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La Coloc a été inaugurée samedi 18 septembre 2021 à Bobigny en présence de nombreuses personnalités du monde sportif et d’élu.e.s locaux.

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Festival Activ’été de la FSGT93 organisé au parc de la Poudrerie à Sevran lors du Bel Eté solidaire et olympique 2021. Crédits photo Sylvain Hitau

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