La 15e du festival Cinébanlieue, pour l’amour du cinéma
Malgré les contraintes exigées par la situation sanitaire, le festival Cinébanlieue va tout de même pouvoir se tenir du 4 au 13 novembre prochain. Cette année, la manifestation qui ajoute le Studio d’Aubervilliers à ses lieux de projection a en plus la joie de voir des anciens talents qu’elle avait récompensés livrer leur premier long-métrage. Présentation.
Des films, courts et longs, des avant-premières, des rencontres, du lien social. Tout cela sera au rendez-vous de la 15e édition du Festival Cinébanlieue, qui investira début novembre certaines salles du Grand Est Parisien, parmi lesquelles L’Ecran de Saint-Denis, Commune Image à Saint-Ouen et le Studio d’Aubervilliers, qui se rajoute cette année aux lieux de projection en Seine-Saint-Denis.
« On est vraiment heureux que cette édition puisse se tenir en chair et en os. Car on ne voulait pas faire de festival en ligne. Notre raison d’être, c’est de provoquer des rencontres, de créer du lien social. Choses impossibles à faire avec du virtuel. Donc on est satisfaits d’avoir pu maintenir l’édition physique, avec toutes les précautions bien entendu : spectateurs masqués durant toute la séance et autres gestes barrières », se félicitait Aurélie Cardin, la déléguée générale du festival.
Comme chaque année, cette manifestation née en réaction aux révoltes urbaines de 2005 fera donc la part belle aux productions issues des quartiers populaires et à ce qu’ils ont à dire et à apporter à la France d’aujourd’hui. Dès l’ouverture, il sera ainsi question d’un patrimoine métissé et pluriel, grâce aux « Indes Galantes ». Ce documentaire de Philippe Béziat aura suivi toutes les répétitions autour du célèbre ballet de Jean-Philippe Rameau revisité par la chorégraphe de hip-hop Bintou Dembélé et le réalisateur Clément Cogitore. Autres temps forts parmi les avant-premières : « Rouge », film social en même temps que de génération de Farid Bentoumi. Le réalisateur de « Good Luck Algeria » change ici complètement de registre pour montrer comment les luttes syndicales d’un temps ont glissé avec la nouvelle génération vers des luttes sanitaires et environnementales.
Et dans le documentaire « Décolonisations », dont la voix off est portée par Reda Kateb, parrain de longue date du festival, c’est un autre thème cher à Cinébanlieue qui sera abordé : la mémoire de la colonisation, du point de vue des colonisés.
Bébés Cinébanlieue
Autre raison pour laquelle cette 15e édition devait se tenir « en présentiel » : c’est enfin le moment où des « bébés Cinébanlieue » passent à leur premier long-métrage. Récompensée par le Grand Prix Cinébanlieue en 2015 pour Maman(s), Maimouna Doucouré transforme ainsi l’essai avec « Mignonnes », histoire plein de sensibilité d’une jeune fille se rêvant danseuse malgré les interdits familiaux. Et avec son « Gagarine », le duo Fanny Liatard/Jérémy Trouilh, repéré en 2016 par Cinébanlieue aura lancé le deuxième étage de la fusée. Développant les idées déjà contenues dans son court qui portait le même titre, ce long-métrage onirique et poétique nous raconte le quotidien de Youri, habitant de la célèbre barre Gagarine d’Ivry-sur-Seine et obsédé par son rêve : devenir astronaute.
« C’est une vraie joie de voir des talents en qui on a cru, faire leur premier long métrage. En plus de Maïmouna Doucouré et du duo Fanny Liatard/Jérémy Trouilh, il y a aussi Steve Achiepo, primé à Cinébanlieue en 2012, qui est en train de tourner son premier long à Aubervilliers, Le marchand de sable, sur des marchands de sommeil », complète Aurélie Cardin pour qui « ces aboutissements donnent tout son sens au festival ».
Et la relève ne s’annonce pas mal non plus : parmi les 10 courts en compétition figurent par exemple « Fatale orientale », comédie fantastique sur une star de la réalité déchue, mi-Loana mi-Zaïa qui se réconcilie avec son identité algérienne qu’elle cachait jusqu’ici soigneusement. Ou encore « Nos gènes », là encore une comédie sociale tournant en dérision les nombreux préjugés liés à l’identité arabe.
Des productions qui seront visionnées par un jury de choix, comprenant notamment Jamel Debbouze et présidé par l’actrice et réalisatrice Aïssa Maïga. « C’est un honneur de l’avoir comme présidente du jury. On se reconnaît à 100 % dans son combat pour une plus juste représentation de la diversité française au cinéma, derrière l’écran comme dans les instances de direction. », insistait Aurélie Cardin, présente avec l’actrice au sein du Comité 50/50 qui milite justement pour davantage de parité et de diversité dans les rôles mais aussi les métiers du cinéma.
Ne nous reste plus qu’à relayer la punchline de la brochure du festival : « venez comme vous voulez pour cette édition : en claquettes chaussettes ou en crop top, mais venez masqués ! »
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