L’archéologie funéraire s’invite au collège
Cinq classes de jeunes séquano-dionysien·ne·s ont découvert cette année les spécificités de l’archéologie funéraire en étudiant les objets issus des fouilles de la nécropole gauloise de Bobigny, dans le cadre d’un parcours Culture et Art au Collège. Les élèves du collège Jean-de-Beaumont à Villemomble ont ainsi pu manipuler courant mai les restes osseux d’un barde celte, en compagnie d’une archéologue. Vidéo et reportage.
« L’archéologie permet de reconstituer l’histoire des sociétés passées en analysant de la façon la plus rigoureuse possible les traces matérielles et immatérielles qu’elles ont laissées... » déclare Gwendoline Guillaume, doctorante en archéologie à une trentaine d’adolescent·e·s de cinquième. La jeune femme a déjà abordé pendant un parcours éducatif d’une quarantaine d’heures le contexte de la découverte de la nécropole de l’hôpital Avicenne en 2002 et les techniques de fouilles employées par les archéologues du Département. Assistée par une chargée de projets de l’association partenaire F93, elle va présenter pendant un des derniers ateliers, les bases de l’archéo-anthropologie (étude des squelettes), en dévoilant une trentaine d’ossements en très bon état de conservation.
Faire parler les os grâce aux techniques modernes
Le Bureau du patrimoine archéologique (BPA) a prêté pour l’occasion aux collégien·ne·s le contenu de la sépulture d’un musicien celte ayant vécu dans le village de Balb (ancien Bobigny) au 3ème siècle avant JC. Contenant un tambourin, une lance sonore, des pendeloques et une fibule (agrafe en métal destinée chez les gaulois à attacher les vêtements), la tombe dite « du barde » est une des plus riches et des plus fascinantes de la nécropole.
« Les archéologues se basent sur une position anatomique de référence debout avec les mains ouvertes le long du corps pour décrire les caractéristiques des squelettes trouvés sur les fouilles » explique l’intervenante en vidéo-projetant les vestiges humains du musicien excavé dans les années 2000. Après un rapide aperçu du rôle des biologistes paléontologues (spécialistes des maladies du passé), des généticiens et des avancées des nouvelles technologies comme les drones aériens, scanners et modélisations 3D, les collégien·ne·s apprennent que leur aïeul arthrosique consommait de la viande (porc, bœuf, chien...), des légumineuses et des céréales dont le blé ou l’orge.
L’étude de la denture et de l’irrigation des os révèle une bonne alimentation des Parisii (peuple qui vivait alors en Île-de-France) atteignant rarement les 35 ans du fait d’une exposition aux maladies. « Le barde qui chantait les exploits des personnes importantes et possédait le savoir était très respecté par cette communauté sans écriture » précise la doctorante.
Les élèves jouent aux apprenti·e·s archéologues
« Vous allez manipuler les vestiges d’un de vos très lointains ancêtres » rappelle le professeur d’histoire-géographie Eloi Doute associé au parcours Culture et art au collège (CAC). « Ne soyez pas hésitants et faîtes bien attention à les traiter de manière éthique sans les abîmer ». Les adolescent·e·s fasciné·e·s constituent des petits groupes autour du crâne, des côtes, vertèbres, humérus et autres métacarpes pour renseigner « comme des pros » leur fiche de conservation.
« C’est la première fois de ma vie que je touche un ossement humain » confie Amel, 13 ans, en coloriant le croquis du radius du barde. « Il est plutôt léger et j’hallucine en pensant qu’il est resté sous terre pendant plus de 23 siècles ! » Les collégien·ne·s ont aussi étudié les objets gaulois (bagues, colliers, sistres...) et rencontré une anthropologue. Les sorties prévues aux catacombes, Musée de l’Homme à Paris et au chantier de fouilles du Stade de la Motte ont toutefois été annulées du fait de la crise sanitaire.
« Ce parcours s’inscrit dans le décloisonnement des savoirs » ajoute la professeure de physique-chimie qui a renoncé à quelques heures de cours pour ce projet éducatif. « Les élèves ont vu que l’archéologie utilise une méthode scientifique très rigoureuse pour écrire l’histoire et pourront mobiliser ces connaissances dans d’autres disciplines ».
Les cinq classes des élèves séquano-dionysien·ne·s ayant participé aux parcours CAC ont effectué une restitution des ateliers vendredi 18 juin en journée. Une exposition sur ce projet fut aussi programmée samedi 19 et dimanche 20 juin de 13h30 à 17h30 à l’archéosite de Neuilly-sur-Marne lors des Journées européennes de l’archéologie. Le public a aussi pu en profiter pour rencontrer les archéologues du Département et assister le dimanche à 15h30 à un spectacle gratuit sur nos ancêtres néandertaliens. Avis aux amateurs de civilisations disparues !
Avenue Jean-Jaurès – RN 34
Neuilly-sur-Marne
L’archéosite est situé au cœur du parc. Pour arriver à l’heure aux ateliers, n’oubliez pas de prendre en compte la marche de 15 minutes pour accéder aux entrées principales (parking/camping).
Parking public de 30 places sur site – piste cyclable
Transports en commun
RER A, gare Neuilly-Plaisance puis Bus 113 en direction de Chelles, arrêt Pointe de Gournay-sur-Marne
ou RER E, gare de Chelles/Gournay puis Bus 113 en direction de Neuilly-Plaisance, arrêt Pointe de Gournay
Crédit-photo : Patricia Lecomte
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