L’accueil familial : un métier, un statut, un diplôme
Le 29 mars le diplôme d’État d’assistant·e familial·e a été remis à 28 personnes, en présence de Nadia Azoug, vice-présidente chargée de l’Enfance, de la Prévention et de la Parentalité et de Pierre Stecker directeur de l’Enfance et de la Famille du Département.
Accueillir un·e enfant protégé·e par l’Ase n’est pas seulement une vocation. C’est surtout un métier à part entière. S’il faut du cœur, de la patience et parfois de l’abnégation, il faut aussi avoir des solides connaissances, notamment en matière de psychologie de l’enfant et de l’adolescent·e. C’est pourquoi, tout·e assistant·e familial·e recruté·e par le Département doit suivre un stage préparatoire correspondant à 66 heures de formation avant le premier accueil ; puis 262 heures de cours dans les trois ans qui suivent cet accueil*.
Un rôle majeur
Cette formation est dispensée par le Centre formation départemental agréé créé en 1992. À la clé, un diplôme d’État, reconnaissance du rôle majeur que jouent les assistantes et assistants familiaux dans la politique de prévention et de protection de l’enfance.
En Seine-Saint-Denis, 515 de ces professionnel·le·s accompagnent plus de 22% des enfants confié·e·s à l’Ase. Au sein du service de l’Aide sociale à l’enfance (Def) bureau de l’Accueil familial les accompagne au quotidien, répond à leurs questions et les soutiennent lorsqu’elles rencontrent des difficultés… En 2021, l’assemblée départementale a adopté une série de mesures pour rendre plus attractif ce métier.
La bonne distance
Le 29 mars dernier, deux promotions se sont vues remettre leur diplôme des mains de Nadia Azzoug qui a, à cette occasion, témoigné de sa reconnaissance « pour le dévouement et le professionnalisme de ces fées du quotidien ».
Dans l’assemblée, Souhila, assistante familiale pendant trois ans pour une association de protection de l’enfance et recrutée par le Département en décembre dernier ne cache pas son enthousiasme. « Cette formation m’a apporté bien plus que ce que j’en attendais », dit-elle d’emblée. « J’ai appris à adopter la bonne posture vis-à-vis des enfants que j’accueille, des professionnel·le·s que je suis amenée à côtoyer et des parents. Elle m’a aussi permis de changer le regard que je porte sur les enfants ». Un avis partagé par Mohamed qui, à 50 ans, a opté pour une reconversion professionnelle. « On pourrait penser qu’il suffit de faire comme avec nos propres enfants et qu’on a des réponses à tout. Mais ça ne se passe pas du tout comme ça ! », explique ce papa de deux enfants, « même si retourner à l’école à mon âge et avoir des devoirs à faire à la maison, ça n’a pas été toujours évident, surtout quand nous avons été confinés ! », reconnaît-il.
Reconversions réussies
Une formation que Mohamed n’a pourtant à aucun moment envisagé d’abandonner. « Elle permet justement de comprendre pourquoi il ne faut pas se comporter juste comme un papa avec les enfants qui nous sont confié·e·s. Et puis, ce temps passé entre collègues nous a permis de créer de liens qui vont aussi nous aider à échanger sur nos pratiques », conclut celui qui ne regrette pas son ancien métier de chauffeur de taxi.
Myriam était au contraire très impatiente d’entreprendre la formation. « J’ai commencé ma vie professionnelle en tant qu’assistante administrative, bien loin de la protection de l’enfance donc ! Mais j’ai toujours eu, dans un coin de a tête, le rêve et le projet de me lancer dans l’aventure de la famille d’accueil », tout en en connaissant les difficultés. « J’ai grandi avec des frères et sœurs de cœur puisque ma mère était assistante familiale. Je sais que les enfants arrivent avec leurs problèmes et il n’est pas toujours évident de savoir prendre le recul nécessaire pour y répondre. Ça aussi ça s’apprend ! »
*La loi impose 60 heures de formation avant le premier accueil et 240 heures après. Le Conseil départemental a fait le choix de renforcer ce temps de formation pour les assistantes et assistants familiaux qu’il recrute.
Nadia Azoug, vice-présidente chargée de l’Enfance, de la Prévention et de la Parentalité félicitant ces nouveaux et nouvelles diplomé·e·s.
L’assistant·e familial·e accueille à son domicile, jour et nuit, des enfants et des jeunes de moins de 21 ans confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), dont les familles rencontrent des difficultés momentanées.
En Seine-Saint-Denis, 515 de ces professionnel·le·s accueillent environ 1 300 enfants.
Ce métier s’adresse autant aux femmes qu’aux hommes, aux personnes célibataires ou en couple, avec ou sans enfants.
Pour en savoir plus, c’est ici
Verbatims
Souhila
« J’ai appris à trouver la bonne distance vis-à-vis des enfants que j’accueille, à être parfois moins dans l’affectif aussi. Cette formation est indispensable. »
Mohamed
« Retourner sur les bancs de l’école à 50 ans, ce n’est pas évident. Mais je ne regrette pas mon choix. On n’accueille pas un enfant comme on élève les siens. C’est un vrai métier ! »
Myriam
« Je me sens aujourd’hui mieux armée pour accompagner les enfants qui me sont confiés. Ce diplôme est aussi une reconnaissance professionnelle importante. »
Oumou
« J’ai grandi grâce à cette formation. J’ai compris beaucoup de choses et eu des réponses à beaucoup de mes questions. Je me sens plus en confiance aujourd’hui, plus sûre de moi. »
Nora
« Suivre la formation n’a pas été facile car je ne maîtrise pas parfaitement le français à l’écrit. Mais grâce à l’équipe et à mes collègues, j’ai tenu bon… et obtenu le diplôme lors de mon deuxième essai. »
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