Jeffrey Lami est les yeux de son guépard !
Guide du sprinteur mal-voyant Timothée Adolphe surnommé « Le guépard blanc », le Bondynois participera à ses premiers Jeux paralympiques avec un réel espoir d’or sur 400 mètres. Licencié aussi à Saint-Denis Emotion, Jeffrey Lami (26 ans) vise aussi une double participation en 2024 : comme sprinteur aux Jeux olympiques et comme guide aux Paralympiques.
Il y a quatre ans, ces deux-là se sont trouvés. L’un, mal-voyant à la recherche d’un guide pouvant l’amener à dépasser ses limites sur 100, 200 et 400 mètres. L’autre, un sprinteur à la recherche d’un moteur pour relancer ses prometteurs chronos de champion de France cadets sur 200 mètres, vice-champion de France junior sur 60 et 100 mètres alors sous les couleurs de Bondy : « Sincèrement, au début, je me demandais bien comment nous allions y arriver ??! Je gardais mon réflexe de courir devant moi, sans faire vraiment attention à lui. Petit à petit, j’ai compris que je devais être moins centré sur moi, plus vigilant et attentif. Aujourd’hui, nous n’avons même plus besoin de nous parler pour nous comprendre… ».
Les bras en miroir…
Choisi pour sa technique de course, sa taille et son poids parfaits pour « courir nos bras en miroir » avec Timothée Adolphe (31 ans), Jeffrey Lami est devenu les yeux de ce guépard : « J’étais aussi attiré par travailler en équipe dans un sport individuel, montrer que sacrifier du temps pour accompagner une personne handicapée n’est pas perdre son temps, comme on le pense souvent, bien au contraire… ».
Chacun dans leur couloir, reliés par une cordelette de dix centimètres faisant une boucle dans trois doigts de la main droite de Tim et trois dans la gauche de Jeff, la paire appelée « binôme » dans le milieu accorde ses foulées : « Pour moi, elle n’est pas une vague cordelette mais, un lien, un vrai, entre nous », précise notre guide, éducateur sportif de formation.
Premier à ne pas doubler !
Sur la piste, le guide, recruté plus rapide et endurant, ne doit surtout pas doubler son sprinteur. A ce dernier revient l’unique privilège de passer la ligne d’arrivée en premier.
Au fil du temps, leurs foulées apprennent un tempo, se synchronisent dans une confiance mutuelle à toute épreuve : « Sans elle, rien ne serait possible », surlignent en chœur les champions d’Europe en titre.
D’un coup de bras, le guide le recentre s’il s’éloigne. D’un coup d’épaule, le ramène dans l’axe de son couloir. Seuls leurs coudes se touchent assurant alors une vraie communication « pour toujours être dans la bonne cadence… ».
Pour mieux cerner son « Guépard blanc », le Bondynois a été jusqu’à se glisser dans sa peau : « Un jour, yeux bandés, j’ai pris sa place avec un guide. Ce fut les mètres les plus effrayants de ma vie ! D’avoir à courir sans voir devant, c’est juste horriiiiiible ! Au bout de 15 mètres, j’ai tiré le frein à main. Pour réussir, il faut être dans un total lâcher prise dont je suis incapable ».
De saison en saison, ces deux ont fini par faire la paire jusqu’à fondre médailles européennes et mondiales en cascade. Au passage, Jeff l’Antillais a aussi gagné son nouveau surnom donné par son sprinteur. Du coup, unique aujourd’hui, dans les annales athlétiques et animalières, « l’Antilope » court derrière « le Guépard » !

Premier à doubler ?
A Paris en 2024, Jeffrey Lami aimerait, lui, entrer dans l’histoire en étant le premier athlète à doubler comme sprinteur aux Jeux olympiques et comme guide aux Jeux paralympiques : « Ce challenge sera possible à condition d’une bonne programmation commune dans les trois saisons à venir. Grâce à ma rencontre avec Tim, je ne prends plus l’athlétisme à la légère : j’ai appris à m’appliquer, à respecter le travail en équipe. Résultat ? Finis les fast-food, plusieurs fois par semaine ! Je fais aussi très attention à mon sommeil, à mes soins, ma récupération ». A cette heure, son record personnel est de 46s76.
En attendant cet horizon au Stade de France sur leurs terres à Saint-Denis, à quatre mains pour aller plus loin, les deux « comme un seul homme » auront l’or à leur portée sur 400 mètres à Tokyo…
Sur 100 m, Timothée Adolphe court avec le guide Bruno Naprix. Leur record de 10s99 les a fait entrer dans la cour restreinte des binômes non-voyants sous onze secondes. Avec son « Antilope », le « Guépard blanc » vise déchirer « au plus vite » la barre des cinquante-et-une secondes…
Leur entrée en piste sur 400 mètres (catégorie T11) : pour les séries et demi-finales, le samedi 28 août. La finale, le dimanche 29 août.
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