Face aux violences scolaires, le Département prône des mesures éducatives utiles
Suite aux différents faits de violences qui se sont produits récemment dans des établissements de Seine-Saint-Denis et face à un « plan violences » de l’État controversé, le Département réclame l’élargissement de dispositifs comme ACTE, qu’il a mis en place il y a une dizaine d’années pour accompagner et donner du sens aux exclusions temporaires.
Ce mardi matin, ils sont 5 élèves exclus à travailler sur la petite mezzanine d’Artis Multimedia, association nichée dans le quartier de Roger Sémat, à Saint-Denis. Arnaud* est par exemple là parce qu’il a « mal parlé à ses profs » et Cynthia* à la suite d’une bagarre entre élèves. Tous les deux sont en train de revenir par écrit avec Naema Terchoune, salariée de l’association, et Jeanne, une étudiante de Paris-8 en service civique, sur les raisons qui ont provoqué leur exclusion du collège, de trois jours pour Arnaud. « Le but est de provoquer une prise de responsabilité, de s’assurer que l’élève a bien compris ce qui avait déclenché son exclusion. Et ensuite, nous travaillons sur une autre façon de s’exprimer que la violence », explique Naema Terchoune, deux ans de présence à Artis Multimedia.
Cette association spécialisée dans l’inclusion sociale, fondée au début des années 2000 par Rachida Hamdan, fait partie du dispositif ACTE (Accompagnement de Collégien•nes Temporairement Exclu•es), lancé par le Département il y a une dizaine d’années. « Il s’agit au départ d’un outil proposé par une association de la ville de Stains, l’APCIS et que nous avons choisi d’élargir, précise Stéphane Troussel, le président du Département, en visite ce matin dans les locaux d’Artis Multimedia. Comme l’APCIS, nous faisions le constat que les violences scolaires émanaient souvent d’élèves en décrochage scolaire ou exclus. Des élèves qui pendant leur exclusion étaient juste livrés à eux-mêmes et pour lesquels cette exclusion n’avait donc que très peu de sens. Cela nous a amenés à mettre en place un dispositif d’accompagnement des élèves exclus, via un réseau de partenaires ».
Le principe : plutôt que d’ordonner une exclusion « sèche », l’établissement membre de ACTE envoie l’élève exclu pour une période 3 à 8 jours dans l’association partenaire où un bilan est fait quotidiennement avec la vie scolaire et les parents. 1931 élèves exclus ont ainsi été suivis pour l’année 2018, et ACTE, financé à hauteur de 2 millions d’euros par le Département, des villes et la Politique de la Ville, englobe entre temps 92 collèges, sur les 128 que compte la Seine-Saint-Denis. Pour des résultats certes difficiles à évaluer, mais bien tangibles. « On voit l’évolution des mentalités de certains de nos élèves après leur passage par ACTE. On a moins de récidive, même s’il y a malheureusement toujours des exceptions », abonde ainsi M. Mercier, principal de Pierre de Geyter. Ce collège est l’un des trois établissements, avec le collège Fabien et Elsa-Triolet, qui travaillent avec Artis Multimedia sur le thème des exclusions.
Non au tout-sécuritaire
« J’attends maintenant que l’Education Nationale s’engage dans un dispositif comme celui que l’on a créé ou transfère des moyens pour étoffer celui-ci », rebondissait Stéphane Troussel, peu convaincu par les « brigades régionales de sécurité » proposées par la région et ulcéré par les possibles baisses d’allocations aux familles d’élèves exclus évoquées dans le cadre du plan anti-violences du gouvernement.

« Nous, le tout-sécuritaire, on n’en veut pas, la solution ne passera pas par là », renchérit Rachida Hamdan, la directrice et fondatrice de l’association. « Il faut au contraire être dans l’accompagnement et dans la compréhension, car souvent les problèmes de violence ou d’indiscipline recouvrent d’autres problèmes. On met aussi en place des ateliers sur le cyberharcèlement et on crée du lien entre les quartiers pour prévenir les phénomènes de clans. Mais cela demande des moyens… »
La tâche est en effet importante : au cours des dernières années, le chiffre d’élèves exclus accueillis par Artis Multimedia n’a fait que croître - 80 en 2017, 106 en 2018 et déjà 85 depuis la rentrée de septembre dernier… « Mais la part de rechutes qu’on a, elle, est faible. Je ne dis pas qu’elle n’existe pas, mais on a vraiment l’impression que notre travail paie », poursuivait Rachida Hamdan, pour qui les liens de confiance que son association a tissés avec l’ensemble du quartier rejaillissent aussi sur l’efficacité contre les violences scolaires. « Ici nous faisons plein de choses : des cours d’informatique, de l’aide au permis de conduire, des sorties culturelles… Les gamins exclus voient tout cela, et ça génère de la confiance. Ils comprennent qu’ils ne sont pas juste ici dans une halte-garderie ».
A la fin de toutes ces explications, Arnaud, lui, relève la tête de sa feuille. « Ce qui est sûr, c’est que je me sens mieux ici que tout seul dehors. Et puis, ici, on travaille en petits groupes, ça fait du bien », conclut-il, avant de replonger dans son texte.
Christophe Lehousse
Photos : ©Richard Blanc- Artis Multimedia
*Les prénoms ont été changés
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