"Des jeunesses engagées", Portraits de la débrouille
« Des jeunesses engagées » sera diffusé le 10 décembre prochain sur France 3. Ce documentaire présente sans démagogie l’héroïsme ordinaire de quatre militants associatifs des quartiers populaires. Une manière de faire connaissance avec nos admirables voisins, et de s’en inspirer.
« A la fin de la projection de mon film, quelqu’un a pris la parole au fond de la salle et a dit : « je voudrais qu’on se lève tous et qu’on s’applaudisse ». Un frisson de fierté a parcouru l’auditoire. Il n’y avait dans la salle que des gens du monde associatif des quartiers. C’était très chouette. », rapporte Camille Clavel. Le réalisateur du documentaire « Des jeunesses engagées » présentait son film à la mairie de Saint-Denis le 29 novembre dernier, avant sa diffusion hertzienne, le 10 décembre prochain sur France 3 Ile-de-France à 23 h 40. Il mêle les portraits croisés de quatre trentenaires à l’initiative de projets associatifs et résidant en banlieue.

Au kärcher, Abdellah Boudour préfère le dictionnaire. Il a commencé sa « dictée des cités » en 2013, sur la fameuse dalle d’Argenteuil, et ne s’est plus arrêté de parcourir les estrades des « quartiers » en déclamant du Victor Hugo. « Bernard Pivot s’adressait aux cracks de l’orthographe. Mes dictées, elles sont pour tout le monde », explique le trentenaire qui, avec son complice dionysien Rachid Santaki, a organisé un nombre incalculable de "fêtes aux fautes", dont une dictée géante en mai dernier au Stade de France. Dans les quartiers, on est fort en orthographe... et surtout en punchlines.
Bakary Soukouna anime, à Saint-Denis, l’association Nuage. On le voit emmener une équipe de jeunes garçons au musée du quai Branly pour une exposition sur l’art africain. Moyen de locomotion pour relier Saint-Denis au pont de l’Alma ? Le vélo, saperlotte ! Sans oublier de petites « roues arrière », de temps en temps. Quand on est dionysien, le style n’est jamais loin. Pour le pilier du quartier Allende, la success story, ce n’est pas de quitter le quartier, mais d’y rester, et de l’améliorer.

Dans la vie, Khalissa Houicha distribue des patates. Triple-championne de France et entraîneuse de boxe thaï, elle mobilise aussi son réseau de voisins, à Viry-Châtillon, pour servir des repas chauds aux SDF parisiens. Elle doit son sens de la solidarité à sa grand-mère, qui achetait toujours en double pour un sans-abri du quartier, et son mental de guerrière à son maître de boxe thaï, le bien-nommé Nilar Win.
« Block-out »
Avec sa radio « Block-out », Aboubakar Sakanoko a inondé les ondes de Grigny. Son studio, aménagé dans le centre culturel, ouvre ses portes à tous ceux dont on n’entend pas la voix d’ordinaire. Dans le documentaire, on le voit mener l’interview deux mamans africaines investies dans l’associatif. Elles rappellent l’importance des femmes d’origine africaine dans l’économie française. « Imaginez la France si toutes les femmes africaines, les femmes de chambre, les femmes de ménage, se mettaient en grève... » On voit également le militant filmer l’interview de Djigui Diarra, réalisateur en herbe, sur le tournage d’un court-métrage sur les violences policières.
Dans le documentaire "Des jeunesses engagées", pas de voix off. On entend seulement les voix de quatre personnages, alternant action et réflexion sur l’engagement. Le réalisateur parvient à esquiver l’écueil du paternalisme. « Je me suis surpris moi-même à ne pas faire un film trop cucul alors que le risque était grand »., analyse Camille Clavel.
Révolté par la vision stigmatisante de la banlieue véhiculée par les médias, cet habitant d’Aubervilliers a voulu montrer le quotidien de ces quartiers, l’héroïsme ordinaire de ceux qui y vivent.
Do it yourself
« Pour trouver ces témoignages, je ne suis pas passé par des canaux institutionnels, mais plutôt par des amitiés militantes. En construisant mon sujet, je me suis rendu compte que je voulais vraiment mettre l’accent sur le côté « do-it-yourself », de la débrouille. On m’a reproché de ne pas parler des difficultés des associations. C’est un vrai sujet, mais ce n’est pas celui de mon film.. », poursuit le réalisateur.
Quelques minutes après sa longue interview, il laisse un message sur mon répondeur : « J’ai oublié de mentionner quelque chose : je voulais absolument faire des interviews posées, face caméra, de mes personnages sur les lieux où ils militaient. Parce que d’habitude, on les filme dans la rue, comme s’ils y étaient tout le temps. Moi je voulais les montrer comme des personnes pensantes ». A hauteur d’Homme, quoi.
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