Cinébanlieue fait scintiller les étoiles noires
Pour sa 12e édition, le FESTIVAL qui a pour épicentre Saint-Denis, a choisi de se pencher sur la représentation noire au cinéma. A partir de mercredi 8 et jusqu’au 17 novembre, plongez dans certaines des meilleures fictions et documentaires de l’année, avec notamment deux avant-premières.
« Y en a marre de ces rôles clichés pour les minorités. Il y a des médecins noirs ou des avocats asiatiques dans la société française, alors, pourquoi en voit-on si peu à l’écran ? » Ainsi parlait Maïmouna Doucouré lorsque nous l’avions rencontrée à l’occasion de la sortie de son court-métrage « Maman(s) », déjà à l’occasion du festival Cinébanlieue (en 2015). Entre temps, la jeune femme a connu un petit bouleversement dans sa vie, sous la forme d’un César du meilleur court-métrage reçu conjointement en février 2017 avec l’Aulnaysienne Alice Diop pour « Vers la tendresse ».
En dépit de cette reconnaissance récente, gageons que la jeune cinéaste, actuellement engagée dans la réalisation de son premier long, « Mignonnes », ne retirerait rien de ses propos. La fameuse diversité est encore trop peu présente sur les écrans français, aussi bien derrière que devant la caméra.
Face à cette lente évolution des équilibres, le festival Cinébanlieue qui débute mercredi s’est donc proposé de faire un état des lieux de la représentation noire au cinéma. « Cette question de l’invisibilité des acteurs et réalisateurs noirs ou d’origine maghrébine s’est posée dans le cinéma français, mais aussi aux Etats-Unis. Il y a quelques années, il y avait eu cette polémique justifiée des « Oscars so white » (en 2016), rappelle Aurélie Cardin, directrice et fondatrice du festival Cinébanlieue. Depuis, cette prise de conscience a aussi franchi l’Atlantique. Pour un festival comme le nôtre, qui veut mettre en avant une France plurielle, ce focus était donc assez logique. »
Deux temps forts – deux avant-premières – encadreront la manifestation : « Une saison en France » de Mahamat-Saleh Haroun nous parlera de la crise des migrants et de la frilosité manifestée globalement par la France dans l’accueil de ces réfugiés. Tandis que Lucien Jean-Baptiste passera sa « Deuxième étoile » après sa première, toujours sur le ton de la comédie, en clôture de la manifestation (le 17 novembre).

Entre ces deux bornes, il ne faudra pas non plus manquer « Les Mariannes Noires » de Mame Fatou Niang et Kaytie Nielsen, un documentaire donnant la parole à sept Françaises noires. Une galerie de portraits touchants et bien sentis, donnant à voir le visage de cette France « double vague » qui est celle d’aujourd’hui, pour reprendre le titre de l’enquête sur le cinéma menée récemment par la journaliste franco-burkinabè Claire Diao. « Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que Mame Fatou Niang ou Amandine Gay, auteure d’un documentaire semblable intitulé « Ouvrir la voix » vivent désormais à l’étranger, l’une à Pittsburgh, l’autre au Canada. Ça montre aussi que le cinéma français n’est pas toujours capable de retenir ses talents », note Aurélie Cardin.
Les amateurs de comédies cocheront aussi sur leur agenda « La vie de château », du Stanois Cédric Ido ou « L’Ascension », feel-good movie sur l’expédition jusqu’à l’Everest d’un jeune Courneuvien, épisode inspiré d’une histoire vraie vécue par le journaliste séquano-dionysien Nadir Dendoune.
Pour primer les 9 courts-métrages qui sont cette année en compétition, on retrouvera d’ailleurs la productrice de « L’Ascension », Laurence Lascary, comme présidente du jury. Et les candidats au Grand Prix s’annoncent nombreux, entre « Le jour de ton jour » de Steve Achiepo, monologue intérieur d’un petit garçon persuadé que sa mort est proche, « Africa », de Naïm Aït-Sidoum sur l’aventure chaotique d’un metteur en scène chargé de monter un spectacle sur l’Afrique avec des jeunes des quartiers. Ou encore « Little Jaffna », sur le conflit au Sri Lanka vu de France, avec la participation d’Antonythasan Jesuthasan, héros de « Dheepan », Palme d’or à Cannes en 2015. Avec à la clé pour le vainqueur, l’assurance d’être produit par DACP, la société de production de Laurence Lascary.
Pendant une semaine, penchez-vous donc à la fenêtre de la France et du monde avec le festival Cinébanlieue !
Retrouvez le programme complet sur le site du festival Cinébanlieue
Photos : Extraits des "Mariannes noires" de Mame Fatou Niang et Kaytie Nielsen
Et de "Une saison en France", de Mahamat-Saleh Haroun
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