Chad Chenouga, regard intime sur une jeunesse tourmentée
A l’occasion de l’ouverture de la 27e édition du festival Bande(s) à part à Bobigny, le réalisateur Chad Chenouga est venu présenter son nouveau film « De toutes mes forces ». Une œuvre intime et poignante qui parle de la jeunesse avec une grande justesse.
De toutes mes forces a pour point de départ votre histoire personnelle…
« Comme le personnage principal, j’ai perdu ma mère quand j’étais ado, J’étais parisien et je me suis retrouvé placé en banlieue dans un endroit où je n’avais pas envie d’être. La trajectoire du personnage qui au début refuse les autres et s’enferme lui-même du fait de sa solitude, de sa souffrance, et qui va vers une forme d’ouverture, c’est donc quelque chose qui me parle. Je suis resté ami avec mon ancien éducateur référent, c’est lui qui m’a permis de mettre en place des ateliers d’improvisation avec des jeunes dans un foyer près d’Orléans pour le film, puis ensuite j’en ai fait d’autres en région parisienne. Je parlais avec eux, non pas de leur histoire personnelle mais on échangeait sur tout et rien, je voyais leurs natures, leur énergie. Et puis à côté de ça j’en profitais pour observer comment ça se passait aujourd’hui au sein des structures, je parlais avec les éducateurs, les directeurs ou directrices, pour essayer de trouver une forme de justesse. »
Votre film parle du deuil, mais aussi des frontières entre deux milieux qui sont parfois mentales, intégrées et finalement qui peuvent se franchir…
« Complètement. Quand t’es jeune, t’as envie de ressembler aux autres, d’avoir une vie normale. C’est pour ça peut-être que le héros a encore plus envie d’être à Paris quand il en est exclu. Puis il découvre qu’il peut s’accepter, que finalement tout ça n’est pas si grave, et qu’il a une certaine forme de valeur malgré tout. Que lui, comme les autres qu’il apprend à connaître, ont le droit d’avoir leur place. »
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Comment s’est passé le casting ?
« J’ai absolument voulu faire un casting sauvage. Rencontrer plein de jeunes, en l’occurrence pas mal en banlieue mais aussi des Parisiens. Parmi les Parisiens, il y a deux jeunes acteurs professionnels, mais sinon Alexia [Quesnel] qui incarne Eva n’avait jamais joué, l’acteur principal Khaled [Alouach] non plus, et les jeunes du foyer pour la plupart sont du 93 : le danseur qui s’appelle Daouda [Keïta], Sabri [Nouiaoua] qui fait le personnage de Ryan et puis Aboudou [Sacko] qui fait Brahim et Myriam [Mansouri] qui incarne Mina aussi... Je leur ai fait passer des essais, j’ai fait des groupes, je les ai fait se rencontrer, on a organisé un atelier assez long où ils ont eu le temps de sympathiser, et ça pendant plusieurs mois. C’est ce qui fait que le groupe existe bien dans le film. »
Qu’est-ce qui est différent quand on tourne avec des jeunes, et des non-professionnels ?
« J’ai utilisé ce qu’ils étaient eux, en fonction d’un panel que j’imaginais et que j’ai un peu modifié au fil des rencontres. Avant, on a débroussaillé pendant les ateliers, il y avait une caméra pour qu’ils soient à l’aise, qu’ils soient libres dans le cadre. Ensuite ils répètent, tu les diriges, tu parles à tous, tu vois quand ça marche, quand il y a une alchimie de groupe. C’est un peu à l’instinct, mais parfois t’es obligé de faire de l’autorité. Mais je devais aller chercher dans le réel, notamment sur leur langage. Pendant l’atelier assez long avec eux, j’ai réécrit des dialogues, et il y avait des allers retours, je changeais des choses. »
Vous venez présenter le film à Bobigny dans le cadre du festival Bande(s) à part, pour vous c’est important que votre film soit vu par des jeunes ?
« Oui, souvent le jeune public est considéré comme secondaire. C’est intéressant de voir comment des jeunes qui verront le film notamment dans le 93, peuvent éventuellement se reconnaître dans ces personnages, ou en tout cas les sentir. Et il ne s’agit pas de véhiculer des clichés. Quand tu vas voir des adolescents, c’est juste des jeunes, entre eux, ils sont timides ou ils sont virulents mais ils sont comme ils sont, leur origine n’est pas forcément déterminante. »
– Le festival Bande(s)à part a lieu du 14 mars au 22 mars au Magic Cinéma de Bobigny
: http://www.magic-cinema.fr/wp-content/uploads/2013/11/BANDESaPART_programme_DEF_BD.pdf
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