IN Seine-Saint-Denis

Casa 93, un avenir cousu-main

Voilà un an que l’école de mode Casa 93, ambassadrice du In Seine-Saint-Denis, a ouvert gratuitement ses portes à des jeunes de Seine-Saint-Denis passionnés de mode, mais en mal de formation. Retour sur cette première expérience réussie.

Une troupe de mannequins de couture vous accueille, vêtus de jaune, de rouge, de noir... Dans leurs robes, leurs bustiers, leurs jupes, on reconnaît ce qui a été une veste Nike, un carré de soie, un pantalon Adidas, un jean… même les bandes réfléchissantes d’un gilet de chantier ! Tous ces modèles ont été conçus par les élèves de Casa 93 lors des cours d’upcycling, l’art de transformer d’anciens vêtements en nouvelles créations. « Nous cherchons avant tout à libérer leur créativité », explique Nadine Gonzalez, fondatrice de l’école Casa 93. « Les jeunes de Seine-Saint-Denis regorgent d’inventivité, mais bien souvent ils n’ont pas les clefs pour réaliser leur rêves. Ils manquent de confiance en eux, de contacts dans le milieu de la mode, de formation préalable, de moyens financiers… Mon but est de leur faire prendre conscience de leurs possibilités, et de leur ouvrir des portes vers les différents métiers de la mode. Je sais comment y parvenir, j’ai déjà monté ce type d’école au Brésil. Si ça fonctionne avec les jeunes des favelas, ça marchera avec ceux de Seine-Saint-Denis ! »

Casa 93 a ouvert en septembre 2017, gratuitement hébergé par le très tendance MobHôtel de Saint-Ouen. Gratuité, bénévolat, engagement, trois maîtres-mots pour cette école de mode nouveau genre. Les élèves ne paient pas les cours, sauf s’ils ne viennent pas… « Nous nous adressons à des jeunes qui sont sortis du système scolaire, sans bagage, et bien souvent sans les règles et repères indispensables dans le monde du travail. L’assiduité, le vivre-ensemble, le travail en équipe, ça s’apprend aussi ! » Les professeurs acceptent de dispenser leur savoir bénévolement, séduits par la démarche. Et tous ont un parcours professionnel remarquable, dans les grandes maisons (Yves Saint-Laurent, Chanel…). Nadine Gonzalez a également convaincu de grands partenaires de participer à son aventure : Institut français de la mode, Chambre syndicale de la couture parisienne, Le Monde… Mais aussi l’association d’insertion Mode Estime de l’Île-Saint-Denis, pour les cours pratiques de couture.

Bientôt le défilé

« Nous ne pouvons pas leur apprendre en un an ce qui s’enseigne en trois dans les grandes écoles de mode, reprend Nadine Gonzalez. Mais lors de leurs projets, de la collection commune, ils abordent tous les métiers de ce secteur d’activité. Pas seulement le stylisme, mais aussi l’organisation d’événements, la presse, les différentes spécialités de la couture… 80 % d’entre eux changent d’orientation durant l’année, s’ouvrent de nouvelles perspectives. »
En ce moment, les élèves préparent d’arrache-pied la présentation de leur collection commune, inspirée de leur vision rêvée de la ligne 13 du métro. Loin du terne métro-boulot-dodo, ils imaginent un wagon re-looking, un wagon séries tv… Il ne faut pas traîner, le défilé sera présenté à Paris le 9 juillet devant un parterre de professionnels. L’occasion de présenter son savoir-faire, pour un stage, une embauche, intégrer une grande école de mode, de s’ouvrir un avenir cousu-main !

Derniers jours pour vous inscrire !

Vous êtes passionné de mode ? Vous regorgez d’idées, d’envies, inscrivez-vous ! Avec ou sans diplôme, peu importe ! Et si vous avez du mal à remplir le dossier, téléphonez, passez ! Ce qui compte, c’est votre créativité, et votre envie de travailler !
http://www.casa93.fr/

Photos : @Eric Garault

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Olga Lothaire 19 ans, Les Lilas

« Grâce à cette formation, j’ai pu réaliser énormément de projets enrichissants, comme les costumes d’un court-métrage d’une élève de l’Ecole de la Cité du Cinéma à Saint-Denis, j’ai même pu être la déléguée d’un shooting, c’était super !
Nous avons travaillé avec le styliste Jérôme Dreyfuss. Ils nous a donné des sacs à customiser, sur le thème de la ligne 13, notre collection collective qui est notre projet de l’année.
Je ne pensais pas avoir autant d’opportunités en venant dans cette école, c’est incroyable, hyper intense, on fait tellement de choses.
Casa 93 m’a fait énormément grandir, elle m’a fait prendre beaucoup de maturité et de confiance en moi.
J’ai surtout appris à gérer mon stress, ce qui n’était pas évident au départ.
Je me suis rendu compte que je savais faire des choses dont jamais je me serais doutée avant. »

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Doris Traoré, 22 ans, Rosny-sous-Bois

« Ce qui m’a le plus plu, c’est la découverte de la mode, l’envers du décor, je me sentais extérieure à ce monde-là.
Le côté humain, travailler tous ensemble et valoriser les compétences de chacun sont les points forts de l’école, chacun est interdépendant de l’autre.
La Casa est très axée sur l’écologie, un point que j’affectionne particulièrement.
En entrant dans cette formation, je ne m’attendais pas du tout à cela, je m’attendais même à moins. Je n’ai jamais fait d’école où on rencontrait directement des professionnels, c’était au-dessus de mes attentes, j’ai été agréablement surprise. »

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Tio Gobin, 19 ans, Saint-Ouen

« Au commencement de la formation, ce n’était pas du tout ce que j’attendais de l’école. J’ai eu un moment de doute, je me suis posé pas mal de questions. Je passais au même moment un concours pour Samsung Campus, une école d’informatique où j’ai été retenu, donc je ne savais pas vraiment si je devais partir mais au final je suis resté et je ne regrette pas.
Je fais deux formations en parallèle et j’essaie de relier les deux en recherchant du développement dans l’univers de la mode.
Au fil des mois, nous avons pu organiser des événements pour faire parler de Casa 93, on a organisé les scénographies, les looks, les flashmobs, les events… On a tout fait par nous-mêmes, c’est ce qui m’a le plus attiré et donc donné l’envie de rester, surtout pour la collection collective.
Il y a une vraie cohérence au sein de l’école : malgré nos différences, on y ressent une bonne unité, j’ai toujours préféré les projets de groupe. »

Georges Makowski - Sonia Allali
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