A Pierrefitte-sur-Seine, une rentrée à l’école entre joie des retrouvailles et vigilance sanitaire
Jeudi 14 mai, le groupe scolaire Eugène-Varlin de Pierrefitte-sur-Seine a accueilli 76 élèves, au lieu des 504 habituels. Entre les consignes sanitaires à respecter et la joie de retrouver les copains sans pouvoir les approcher, les enfants ont repris le chemin de l’école dans une atmosphère particulière. Reportage.
Drôle d’ambiance, en ce jeudi 14 mai, jour de reprise de l’école au groupe scolaire Eugène-Varlin de Pierrefitte-sur-Seine. Dans ce bâtiment vaste et moderne (il a été livré il y a tout juste deux ans), un silence de cathédrale a remplacé la cacophonie habituelle. Pas étonnant, d’après Dominique Guyot-Langelfeld, directrice de l’école maternelle : « Cette rentrée se fait dans un contexte particulier. Dans un premier temps, nous avons décidé d’accueillir 76 élèves (60 en élémentaire, 16 en maternelle répartis en petits groupes de 5 à 9 élèves) contre 504 (403 en élémentaire, 101 en maternelle) d’habitude. Et puis, la coupure a été longue, les liens se sont un peu distendus et certains enfants ont peut-être du mal à réaliser que l’école, c’est reparti. »
Le protocole sanitaire mis en œuvre par l’Education nationale est visible dès les deux halls d’accueil. Sur le sol, des morceaux de scotch orange indiquent les distances à respecter. Un marquage que l’on retrouve partout, des marches d’escaliers aux salles de classes, en passant par les sanitaires et la cour de récréation. Dans celle-ci, un travail spécifique a été apporté. Les chefs d’établissements et les équipes pédagogiques ont divisé l’espace en trois parties, lesquelles sont réservées à des activités distinctes : craie, corde et tricycle. L’aire de jeu, avec son toboggan et ses balançoires à bascule, a elle été entourée de rubalise et rebaptisée pour l’occasion « Zone interdite ». « C’est le même principe que pour les squares en ville, il aurait fallu qu’on désinfecte après chaque passage d’enfant, impossible ! », raconte Dominique Guyot-Langelfeld. Désormais, et ce sera le cas tant que la crise sanitaire durera, huit tricycles seront, chaque jour, réservés à un groupe de huit élèves. Une fois n’est pas coutume, règles d’hygiène obligent, les échanges et les prêts sont formellement interdits. « Maîtresse, tu vas me mettre une amende ? Je n’ai pas pris mon attestation », questionne Nazim, élève de moyenne section, tout penaud au moment d’enfourcher sa monture. « Ce genre de réflexion prouve que les enfants ont été marqués par le confinement », constate la directrice de la maternelle.
Critères prioritaires
A l’étage, Amélie Dos Santos Cruz, professeure des écoles, fait classe à six élèves de CP. « C’est étrange, d’habitude, ils sont 15 », note l’enseignante. Pour le moment, les règles sanitaires priment sur l’enseignement pédagogique. « Je fais en sorte qu’ils respectent les distances, assimilent toutes les nouveautés. Ensuite, dans un second temps, j’évaluerai leur niveau. Car durant ces deux derniers mois, tous n’ont pas été logés à la même enseigne. » Bien sûr, chaque élève possède son propre matériel. Dans les barquettes en plastique mises à disposition par l’école sont rangés des crayons, des stylos et des craies.
Dans une salle voisine, celle des CM1, c’est la bonne humeur qui domine. Aurélie Desprez, l’enseignante, fait chanter ses élèves sur « Corona Minus », la chanson des gestes barrières pour les écoliers écrite par Aldebert, chanteur jeune public à succès. « Revenir à l’école a été pour moi un vrai soulagement, souligne Miguel. J’avais hâte de revoir ma maîtresse et mes copains. Par contre, je suis déçu qu’ils ne soient pas tous là aujourd’hui. » Amel, sa camarade, avoue s’être ennuyée durant le confinement. « L’école m’a manqué. Heureusement que tous les matins on a fait classe virtuelle sur une plateforme en ligne, cela a permis de garder le lien. »
En attendant que la cuisine centrale livre des repas froids, à partir du lundi 18 mai, les enfants rapportent un pique-nique. La pause méridienne et l’accueil du soir (l’accueil du matin reprendra au mieux le 2 juin) sont assurées par 9 animateurs (6 en élémentaire et 3 en maternelle). La plupart des 76 élèves « sont ceux dont on avait plus de nouvelles depuis deux mois », relate Patricia Martins-Luis, directrice de l’école élémentaire. « J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé, les unes après les autres, les familles ciblées comme prioritaires pour les convaincre de nous confier leur enfant, poursuit Dominique Guyot-Langelfeld. Quand j’ai ouvert l’école ce matin et retrouvé ces petits visages, mon stress s’est tout de suite dissipé. C’est le soulagement et la joie qui l’emportent. »
Grégoire Remund
Contactée par SSD Mag, la direction des services départementaux de l’Education nationale (DSDEN) de la Seine-Saint-Denis affirme que 21 communes du Département (sur 40) ont rouvert leurs écoles le 14 mai. Les 19 autres villes en feront autant à compter du lundi 18 mai pour certaines et du lundi 25 mai pour les autres, de manière progressive également.
N.B : Après notre visite, un cas de Covid a été signalé parmi le personnel d’encadrement de ce groupe scolaire. Mais l’ARS, la ville et l’académie ont fait le choix de laisser l’école ouverte, dans la mesure où il n’y a eu aucun contact direct entre cette personne et les élèves.
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