Des Rencontres chorégraphiques au rythme du féminisme
Du 12 mai au 17 juin, le festival international de danse contemporaine de Seine-Saint-Denis va accueillir 29 chorégraphes du monde entier sur de nombreuses scènes partenaires. Laissez-vous tenter par ces performances de haut vol !
Pour cette 14e édition, les Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis se sont placées sous le signe des droits des femmes. Du spectacle d’ouverture de la chorégraphe israélienne Keren Levi aux « soirées partagées » enchaînant plusieurs solos, ce festival exigeant et enthousiaste propose cette année d’explorer la condition féminine aux quatre coins de la planète.
Iran, Inde ou encore Royaume-Uni, on pourra ainsi se faire une idée des freins et des dominations que rencontrent les femmes.
@Bosie Vincent
A travers Keren Levi donc (spectacle d’ouverture le 12 mai au Nouveau théâtre de Montreuil) qui a choisi de travailler sur la représentation du nu féminin, parfois interdit, parfois surexposé. Une démarche qu’on retrouve quelque part dans « Virgin Territory », œuvre extrêmement grinçante du Vincent Dance Theatre qui s’interroge sur l’impact de la publicité et de la mode, avec son lot de vulgarité et de machisme, sur les enfants.
Deux des soirées spéciales proposées au théâtre du Colombier à Bagnolet se penchent aussi sur le sort des femmes dans le monde, cette fois-ci à travers des solos.
Lors de la première, la chorégraphe indienne Mallika Taneja s’attache à dénoncer le discours supposé protecteur d’une société patriarcale enjoignant la femme à « être prudente » comme le rappelle ironiquement le titre de son spectacle « Be Careful ».
Lors de la seconde, le collectif iranien MaHa célébrera quant à lui les danses perses traditionnelles, bannies en 79 à l’avènement de la Révolution iranienne.
Mais au-delà des entraves à la liberté féminine, cette édition se concentrera aussi sur la dénonciation d’autres oppressions ou héritages néfastes. Temps fort de cette manifestation, « Nos Féroces », adaptation de « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire, s’interroge ainsi sur la mémoire encore douloureuse de la colonisation aux Antilles.
De la même manière, « Black Belt », du chorégraphe Frank Micheletti vise à nous dégager des clichés sur l’Afrique, hérités de la colonisation, et à nous montrer toute la modernité de ce continent. La performance solo du danseur mozambicain Idio Chichava, alliant puissance et subtilités, est ouverte à plusieurs interprétations.
Fidèle à sa réputation de festival globe-trotter, la manifestation permettra aussi d’explorer d’autres régions du globe : l’Algarve au Portugal, avec les « Serenhos do Caldeirao » de Vera Mantero, le Brésil avec Tremor and more d’Herman Diephuis, les minorités indiennes du Canada avec Daina Ashbee.
Souvent grave cette année dans ses résonances, eu égard à l’actualité internationale, le festival saura toutefois ménager quelques temps de joie et de sourire, avec « I wish I could speak in Technicolor », spectacle absurde et décalé sur les paradis artificiels. La phrase qui donne son nom à la pièce avait en effet été prononcée dans les années 50 par une femme sous LSD, volontaire pour être étudiée par des scientifiques.
@Christian Berthelot
« Sweet Tyranny » de l’Espagnol Pere Faura proposera lui une réflexion sur la danse sous la forme d’une mise en abîme assez burlesque.
C’est donc officiellement parti pour un mois de spectacles dans 12 théâtres partenaires, tout en sachant que le festival n’est que la partie la plus visible des Rencontres chorégraphiques. Soutenue par le Conseil départemental, la structure travaille en effet toute l’année dans les établissements scolaires ou des associations de quartier pour rendre la danse contemporaine accessible à tous. Alors on danse ?
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