Stains entend profiter du rayonnement d’Engie
Mardi 22 septembre, le géant gazier Engie a inauguré le « Crigen », son nouveau centre de recherche à Stains. Spécialisé dans les énergies vertes, ce laboratoire, qui emploie quelque 200 chercheurs, est une promesse de redynamisation pour un site jusqu’à présent laissé à l’écart. Des partenariats avec des scolaires sont aussi à l’étude.
C’est un grand quadrilatère au coffrage en bois, posé le long du RER D à hauteur de la gare de Pierrefitte-Stains. Il répond à un nom un peu barbare, digne d’un film de science-fiction : le Crigen. Pour Centre de recherches du Groupe Engie. Depuis janvier 2020, ce géant du gaz français a transféré à Stains ses activités de recherche et développement, anciennement concentrées sur son site historique de la Plaine Saulnier, à Saint-Denis.
La construction, sur cet emplacement, de la nouvelle piscine pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 avait un temps laissé supposer qu’Engie choisirait de transférer ses activités dans un autre endroit que la Seine-Saint-Denis. Mais l’insistance des élus locaux – le maire de Stains en tête – a finalement amené le géant de l’énergie à rester dans le département. « C’était un pari qui n’était pas gagné, et le chemin a été long pour parvenir à un accord, mais au final, nous sommes ravis que ce soit le cas. C’est une très bonne nouvelle pour l’attractivité de la ville et du territoire, pour son image aussi. Cela va aussi permettre à des jeunes de découvrir certains métiers et pourquoi pas d’intégrer à terme ce centre de recherches. », se réjouissait Azzedine Taïbi, l’édile de la ville.
Certains métiers ? Globalement tous ceux liés à la fameuse transition écologique. Car Engie, encore grand consommateur d’énergies fossiles, compte fortement sur ses « labs » – au nombre de neuf – pour verdir sa production et contribuer ainsi à la diminution du réchauffement climatique. « Notre objectif premier est de passer de gaz fossiles à des gaz verts : du biogaz dans un premier temps puis demain de l’hydrogène. Et dans cet objectif, la recherche et développement est capitale. », soulignait ainsi Jean-Pierre Clamadieu, le président du conseil d’administration du géant gazier.
Scooter au biométhane
Et c’est donc en partie à Stains que se trouveront tous les outils nécessaires pour mener à bien cette révolution copernicienne. Jérôme Pouteau, technicien depuis 10 ans chez Engie, dont 4 au Crigen, nous fait faire le tour du propriétaire. Circulant dans de larges allées où passent de mystérieux tubes verts, jaunes et bleus, on déambule du « laboratoire hydrogène » au « laboratoire drônes », en passant par celui des « nanotechnologies », dont est également truffé le toit du bâtiment. « Globalement, ici, on travaille à la fois à tout ce qui peut faire baisser les consommations ou favoriser le verdissement des énergies dans le futur », explique le technicien devant un parterre composé notamment de Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, hôte du Crigen, et de Stéphane Troussel, président du Département.
On s’arrête, interloqué, devant un scooter qui trône dans la halle d’essai : ce véhicule roule au biométhane. « Il y a essentiellement deux grandes méthodes pour l’obtenir : soit par la fermentation de déchets organiques, qu’on voit se développer maintenant un peu partout. Mais ici, nous travaillons aussi sur la méthanisation par pyrogazéification : là, on n’est plus sur une réaction organique, mais sur une réaction thermochimique, et ce sont du plastique ou des ordures ménagères qui servent de matière première », indique Alessandra Barba. Seul problème, le coût de ces technologies, pour l’instant prohibitif à grande échelle... Et la cheffe du laboratoire « biogaz, biomasse et déchets » d’indiquer que l’objectif du groupe est d’atteindre 10 % de biométhane dans le mix énergétique français d’ici 2030...
Partenariats avec les scolaires
Cette chercheuse, l’une des quelque 200 employées du nouveau Crigen, se disait par ailleurs « très contente » de travailler depuis le début de l’année à Stains. « A Saint-Denis, les locaux étaient très éclatés, sur quelque 13 hectares. Là, nous sommes rassemblés dans un même et unique bâtiment, ce qui favorise énormément les interactions et les échanges », estimait-elle. Alors qu’elle vient tout juste de se poser, les liens de cette soucoupe du futur avec son environnement immédiat sont bien sûr balbutiants, et le Covid n’a rien arrangé. « Des partenariats sont en train de se tisser avec des associations locales, des établissements scolaires et des collectifs de jeunes chercheurs stanois », assurait toutefois Azzedine Taïbi. Le maire de Stains renvoyait aussi vers l’ouverture en novembre de l’Industreet, juste en contrebas du Crigen. Ce campus initié par la Fondation Total doit ainsi former chaque année 400 jeunes à des métiers de l’industrie, avec ou sans qualifications préalables. « Le but, c’est de dire à nos jeunes et à nos habitants qu’il faut y aller, que ces métiers en tension sont aussi faits pour eux. », insistait le maire de Stains.
Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard
Preuve de son intention de s’insérer dans le paysage local, l’inauguration du Crigen a aussi été l’occasion pour le groupe Engie d’offrir un chèque de 25000 euros à des établissements médicaux du territoire. Engie a ainsi remis cette somme à l’association de l’humoriste Anne Roumanoff « Solidarité avec les soignants ». Le but : équiper le personnel du centre médical de Stains et de 3 établissement du Groupement hospitalier de Montreuil de bouilloires, cafetières et autres fauteuils relax pour les pauses durant les longues phases d’activité liées au Covid. « Vous savez comme moi qu’il y a de fortes inégalités sociales entre territoires et que les hôpitaux de Seine-Saint-Denis sont sous-dotés par rapport aux besoins. Si par ce petit geste, on peut les aider, c’est la moindre des choses », a expliqué Anne Roumanoff.
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