Résidences médias : la greffe prend
Sur le modèle déjà bien rôdé des résidences d’artistes, le Département a choisi cette année de lancer dans quatre collèges des résidences axées autour des médias. Reportage au collège Fabien de Saint-Denis, avec la productrice de l’émission Karambolage, diffusée sur Arte. Reportage
« J’ai choisi un foulard malien qui appartient à ma mère. Quand mes parents ont divorcé, ma mère travaillait de nuit et je devais parfois rester tout seul à la maison. Quand j’avais peur, j’utilisais ce foulard comme un doudou et ça me rassurait. Parfois, je le prends encore. » Face caméra, Idriss, en 4e au collège Fabien, en dit beaucoup sur lui-même et sa famille à partir d’un simple foulard.
Prendre prétexte d’un objet pour élargir le champ et faire parler d’une culture, c’est le concept de l’émission Karambolage, lancée en 2004 par la productrice Claire Doutriaux pour la chaîne Arte et appliqué cette fois-ci à une classe du collège Fabien de Saint-Denis. À l’initiative du Conseil départemental, quatre collèges de Seine-Saint-Denis ont en effet ouvert leurs portes cette année à de nouvelles résidences de journalistes, pour tenter de combler ce fossé qui existe parfois entre élèves et médias (lire ci-dessous).
Dans cette 4e où presque tous les élèves possèdent une double culture, la journaliste et productrice Claire Doutriaux a ainsi proposé à chacun de raconter une facette de lui-même en partant d’un objet bien concret.
Là où Idriss a choisi le foulard de sa mère d’origine malienne, Walid décrit donc ses babouches achetées à Marrakech, la ville de son père. Et Serif nous donne à l’antenne la recette du burek à la kosovarde, délicieux chausson de pâte farci à la viande.
« J’aime bien ce projet parce que ça permet de mieux nous connaître les uns les autres. Certains évoquent des sujets assez intimes, dont on ne parle pas d’habitude », juge Walid. « Ça me plaît bien parce que je peux partager des choses qui sont dans mon cœur, renchérit Idriss. Le Mali, j’y vais tous les deux ans environ et, pour moi, c’est synonyme de vacances. On arrive en général à Bamako mais moi je préfère le village, parce que la vie y est plus tranquille, il y a des animaux, toute la famille s’en va aux champs... »
Canne à sucre et esclavage
À chaque fois, le prosaïque laisse très vite la place aux souvenirs, à l’intime ou à la poésie. À la connaissance aussi, car Claire Doutriaux n’hésite pas à demander à ses jeunes élèves des recherches complémentaires au texte qu’ils présenteront lors de l’enregistrement final. « J’aimerais bien que tu m’expliques un peu mieux le rapport qu’il y avait entre culture de la canne à sucre et esclavage », demande la journaliste à Audrey. La jeune fille, dont le père est originaire de Guadeloupe et la mère de Martinique, a choisi un tableau accroché chez elle, montrant des ouvriers dans les champs de canne.
« Le but de ce projet est de les valoriser, en mettant en avant leur deuxième culture. J’espère qu’ils comprennent qu’il faut la vivre comme une richesse », souligne Claire Doutriaux.
La journaliste télé, qui travaille sur ce projet en étroite collaboration avec quatre enseignants du collège, a en outre prévu d’initier sa classe au genre du documentaire et de les inviter au studio d’Arte pour que chacun fabrique un petit sujet en stop motion (dessin animé avec des objets). Le sujet Karambolage au collège Fabien sera quant à lui diffusé au sein de l’établissement en fin d’année, ainsi que sur le site de la chaîne. La vie des objets, c’est décidément un bon sujet !
De nouveaux parcours d’éducation aux médias
Développer un sens critique, s’interroger sur une source d’information, comprendre les grands genres du journalisme : c’est le sens des nouveaux parcours d’éducation aux médias lancés cette année par le Département. Sur le modèle des résidences d’artistes In situ, ils sont portés à chaque fois par un journaliste intervenant tout au long de l’année dans un collège. Pour cette 1ère édition, outre le collège Fabien, trois autres dispositifs ont été mis en place : le collège Romain-Rolland de Tremblay-en-France reçoit ainsi la journaliste de France Culture Sonia Kronlund ; le collège Jean-Jaurès de Montfermeil accueille un projet mené par le journaliste Ronan Boscher, du magazine So Foot, et le collège Travail-Langevin de Bagnolet ouvre ses portes au photoreporter Adrien Selbert de l’agence VU. Toutes ces résidences déboucheront en fin d’année scolaire sur la restitution d’un travail réalisé par les élèves.
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