Report de la privatisation d’ADP : une victoire de la mobilisation citoyenne
Le gouvernement a annoncé mercredi 11 mars qu’il renonçait à la privatisation totale d’Aéroports de Paris. Si le coronavirus et l’effondrement des bourses ont porté au projet un coup fatal, il s’agit avant tout de la victoire de la mobilisation populaire : la pétition pour l’organisation d’un référendum avait réuni 1,2 million de signatures.
« L’instabilité actuelle des marchés (financiers) montre que les conditions ne sont pas du tout favorables à une quelconque opération de privatisation et en particulier en ce qui concerne ADP », annonçait Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement, le 11 mars dernier à la sortie du conseil des ministres. S’agit-il d’un simple report, ou du dernier épisode d’un dossier bien mal emmanché ? Toujours est-il que la mise en vente d’un peu plus de 50% des actions d’Aéroports de Paris est reportée sine die.
Le coronavirus et l’effondrement des cours de la bourse ont porté le coup de grâce à ce projet controversé. Mais pour Stéphane Troussel, le président du Conseil Départemental, « sous couvert d’une situation boursière qui ne s’y prête pas, le renoncement à la privatisation d’ADP est d’abord et avant tout la victoire de la mobilisation citoyenne des Français.e.s ».
A la clôture de la pétition lancée en juin dernier, 1,2 million de signatures ont été récoltées, malgré la faible communication autour de son existence et la complexité du site internet qui permettait de la signer. En Seine-Saint-Denis aussi, on s’était mobilisé pour sauver ce bien public, à l’appel du Département notamment. Au final, les 4,7 millions de signatures requises pour organiser un référendum restaient hors de portée. Mais à l’issue du Grand Débat, Emmanuel Macron s’était engagé à abaisser ce seuil à 1 million. Pour l’instant, il n’a pas tenu sa promesse.
Absurdité et dangerosité
Un tel niveau de mobilisation populaire s’explique par l’absurdité et la dangerosité de cette vente. D’abord, ADP est un groupe dont la croissance n’a cessé depuis 1945, réalisant 4,47 milliards de chiffre d’affaires l’année dernière, et rapportant par là-même 173 millions d’euros à l’Etat. Quand bien même les bourses n’auraient pas dévissé, vendre ADP signifiait céder au privé la poule aux œufs d’or. Mais cela signifiait surtout que l’entreprise allait être totalement soumise à la rentabilité. Cela aurait induit une réduction de la masse salariale qui aurait fortement impacté le Département de la Seine-Saint-Denis : 14% des salariés d’ADP y résident, ce qui s’explique notamment par la proximité de Roissy Charles de Gaulle.
Cela signifiait l’abandon de la souveraineté des investisseurs institutionnels, pour l’instant actionnaires majoritaires, sur des milliers d’hectares de terrain et sur leur aménagement. Sans compter les nuisances environnementales causées par l’augmentation de la fréquence du nombre de vols liés à la recherche du profit à tout prix. En définitive, cela aurait pu déstabiliser une entreprise bien portante comme ADP, soit par la revente à la découpe de ses actifs, soit par un pillage en règle par des propriétaires comme ceux de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, dont la privatisation a finalement été annulée par la justice.
A l’heure où se révèle l’impérieuse nécessité d’un service public fort et en état de fonctionner, le gouvernement ne tire pas, pour l’instant, réellement un trait sur la privatisation d’ADP. « Nous espérons maintenant qu’il ne s’agit pas que d’un report. Ne pas organiser de référendum, ce serait, de la part du gouvernement, bafouer la parole de plus d’1,2 million de personnes », conclut Stéphane Troussel.
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