Paul Degouy, architecte de ses succès
A partir du 25 octobre, ce gymnaste du club de Noisy-le-Grand s’apprête à disputer avec son compère de club Antoine Borello les premiers Mondiaux de sa jeune carrière, à Doha. Une sélection que ce perfectionniste a longtemps pourchassée, faisant fi de toute une série de blessures.
« J’adore les challenges, ma vie est un challenge ». Voilà du Paul Degouy tout craché. A 21 ans, ce membre du Noisy-le-Grand gym est la devise des Jeux faite homme : « plus haut, plus loin, plus fort ». Un concentré d’exigence, doublé d’une personnalité attachante.
Si la participation olympique attendra encore - disputer les Jeux de Tokyo 2020 puis de Paris 2024 est son grand rêve - le jeune homme va déjà connaître l’immense joie de goûter à ses premiers championnats du monde, à Doha (Qatar) à partir du 25 octobre. Lui et son acolyte de club Antoine Borello ont en effet été retenus par l’encadrement des Bleus, au terme d’une sélection à suspense. Aux Mondiaux, Paul Degouy, gymnaste complet, présentera 5 agrès, avec l’ambition de marquer un maximum de points pour l’équipe de France et l’objectif personnel d’atteindre la finale à la barre fixe, un de ses points forts.
« Cette sélection, je la voulais tellement », se remémore un Paul Degouy aux anges. « La vivre avec Antoine est une satisfaction supplémentaire. On est presque arrivés au club ensemble (milieu des années 2000), on s’est entraînés ensemble pendant des années, jusqu’à ce que lui s’en aille au Pôle d’Antibes et moi à l’INSEP », rajoute ce bon camarade qui n’oublie jamais de jouer collectif.
Ce succès, c’est donc aussi celui de tout un club : exceptée la médaille de bronze décrochée à Pékin 2008 par Benoît Caranobe, le Noisy Gym n’avait en effet jamais été à pareille fête. Entre les deux gymnastes généralistes, Benoît Caranobe l’illustre prédécesseur et Paul Degouy le fils spirituel, existe d’ailleurs un lien assez fort. « Je l’ai eu récemment au téléphone, il m’a félicité pour ma sélection », confiait Paul Degouy. « Et comme Benoît commentera les finales à la télé si l’on se qualifie, je lui ai déjà donné rendez-vous. Ca voudra dire qu’on figure parmi les 8 meilleures nations mondiales », glisse l’intéressé.
La vie jusqu’à ce moment de « pur bonheur » n’aura pourtant pas été un long fleuve tranquille. A seulement 21 ans, Paul est déjà passé par deux opérations au poignet et une grosse blessure au genou. Et en juin dernier, alors qu’il était titulaire pour une toute première participation aux championnats d’Europe, c’est le biceps qui lâche. Bye bye Glasgow et la médaille de bronze au par équipes qu’iront chercher les Bleus. « Ce qui me fait surmonter ces blessures, c’est la passion que j’ai de mon sport. Je prends ça comme un défi, parce que j’ai la conviction que ma route ne s’arrête pas là. Et puis, même si c’est dur, ces obstacles-là m’ont aussi forgé un caractère », témoigne celui qui a déjà décroché le bronze par équipes aux derniers Jeux méditerranéens, à Tarragone.
Frédéric Jay, entraîneur qui l’a formé dès son arrivée à 11 ans au Noisy gym et aujourd’hui coach à l’INSEP, confirme : « Paul, c’est quelqu’un de déterminé. Quand il a un objectif, il s’en donne les moyens, en gym comme dans la vie. Il a toujours été comme ça. Déjà petit, il avait une capacité de travail impressionnante. Il venait au club pour s’entraîner dur, avant même de rentrer au sport-études au collège du Clos Saint-Vincent de Noisy-le-Grand. Et en dehors, c’était une crème. »
Pour faire simple : un esprit sain dans un corps sain. Mordu de son sport, le jeune homme n’en oublie pas en effet les études. Après un bac S, il a ainsi entamé un cursus en architecture. L’effet de proximité des espaces d’Abraxas, ces logements monumentaux de Ricardo Bofill construits au début des années 80 à Noisy-le-Grand ? Pas franchement. « Peut-être parce que j’ai vu des similitudes entre l’architecture et la gym : cette beauté du mouvement, des formes qu’on retrouve aussi dans la gym. Le rapport à l’espace aussi », explique ce tenant d’une architecture intégrée à l’environnement. Des notions qu’il compte creuser dans le cadre de sa 2e année d’archi, un double projet professionnel pour lequel il est aussi accompagné par le dispositif départemental « Génération 2024 ». Lancé en janvier 2018, cet outil accompagne en effet financièrement 30 espoirs sportifs du département qui pourraient être amenés à participer aux Jeux de 2024.
« Des Jeux à la maison, ce serait le rêve absolu, se laisse aller un instant Paul Degouy. Avant de se ressaisir : « Mais la route est tellement longue, il faut y aller par étapes. D’abord, c’est Doha. Il faut savourer ce moment ». Bien sûr : on ne va pas installer la charpente avant les fondations, foi d’architecte...
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