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Musée de l’Air et de l’Espace : ça plane pour le centenaire

Né en 1919, installé au Bourget depuis 1975, le musée de l’Air retrouve à partir du 14 décembre comme entrée principale l’aérogare historique du Bourget, qui abritera désormais les collections liées aux pionniers de l’aviation et à la Grande Guerre. Pour encore mieux nous plonger dans ce doux rêve que l’homme nourrit depuis Icare.

Devant le bureau de la directrice Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, le ballet des avions du Bourget, devenu premier aéroport d’affaires d’Europe depuis l’arrêt de ses vols réguliers en 1981, est incessant. « Et bientôt, le public lui-même pourra y assister depuis les terrasses, comme cela se faisait jadis. » Le 14 décembre, l’aérogare Art déco conçu en 1937 par Georges Labro va en effet rouvrir au public, entièrement restauré. Avec lui, la tour de contrôle historique se visitera aussi. De quoi renouer avec le passé prestigieux du site - et même de l’aviation tout entière - qui se raconte dans les salles du Musée. « Au cours de ces 100 ans, ce sont 400 avions, mais aussi des pièces inestimables - des estampes, des maquettes, des photos - qui ont été conservées », témoigne Anne-Catherine Robert-Hauglustaine. Avec Laurent Rabier, responsable des collections « avions », ils en ont choisi cinq, emblématiques.

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La Demoiselle et l’Antoinette, premiers « aéroplanes »

Attention, machines pour casse-cous. Ces deux avions que l’on découvre dans le magnifique aérogare d’époque, qui va désormais abriter l’histoire des « Pionniers de l’Air et de la Grande Guerre », nous parlent des temps incertains des débuts de l’aviation. « La Demoiselle, inventé en 1908 par l’ingénieur Santos-Dumont, se pilotait grâce à un veston relié aux deux ailes de l’appareil. Quant à l’Antoinette, fabriqué à la même époque, il fut le concurrent le plus sérieux de Blériot, pour la traversée de la Manche. Malheureusement pour lui, il dut se poser trois fois dans l’eau... », nous raconte Laurent Rabier.

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Le Point d’interrogation de Costes et Bellonte

Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Ce pourrait être ça, le Point d’interrogation. 1930, Le Bourget-New York, 6000 km à couvrir… 3 ans auparavant, Nungesser et Coli l’avaient déjà tenté : leur « Oiseau blanc » avait disparu en mer. « Alors oui, Lindbergh se pose ici même au Bourget en mai 1927, mais sans rien ôter à son exploit, New York-Paris était plus facile en raison des vents d’ouest. », explique Laurent Rabier. Et pourtant, le 31 août 1930, c’est chose faite : Costes et Bellonte se posent à New York dans leur beau Bréguet XIX, tout rouge. Au fait, le point d’interrogation, c’est celui de leur sponsor : le parfumeur Coty, également propriétaire du Figaro, qui ne souhaitait pas apparaître nommément.

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Le scaphandre du cosmonaute Jean-Loup Chrétien

Il est exposé dans la salle dédiée à l’Espace, ouverte en 1983. D’un blanc lunaire, souple, mais pesant quand même 10 kilos, cette combinaison est celle du premier Français à avoir effectué un vol dans l’espace. C’était le 25 juin 1982, à l’occasion de la première mission spatiale habitée franco-russe, à bord de la station Saliout 7. Le 26 juin 2012, le musée de l’Air et de l’Espace et l’ambassade de la Fédération de Russie ont célébré les trente ans de cet événement en présence de Jean-Loup Chrétien.

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Le Concorde et son prototype 001

Voler à Mach2, c’est-à-dire deux fois plus vite que la vitesse du son, c’est le pari complètement fou qui saisit ingénieurs français et britanniques en 1955. « Cette idée, il leur faudra 14 ans pour la réaliser, car elle posait plein de défis techniques. Par exemple, comment éviter que la carlingue ne chauffe affreusement, à une telle vitesse ? Les ingénieurs auront trouvé un système de refroidissement, grâce au carburant ». En 1969 aura lieu le premier vol d’essai, dont le musée a d’ailleurs fêté en mars les 50 ans. Bijou technologique, produit seulement à 8 exemplaires pour les Britanniques et 8 pour les Français, l’appareil sera un échec commercial. Ses vols, opérés de 1976 à 2003, auront notamment connu un coup d’arrêt avec l’accident fatal de Gonesse.

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Le prototype du Mirage 2000

Avec cet avion, on est à nouveau dans l’histoire militaire du Musée de l’Air. « Ce prototype, qui date de 1978, se distingue par son assistance par ordinateur. Tout dans ce chasseur a été pensé pour permettre au pilote de se concentrer sur ses objectifs de cible ». Petit à petit remplacé par le Rafale, le Mirage 2000 est toutefois encore utilisé par l’armée française. En revanche, confusion fréquente : les pilotes de la Patrouille de France ne volent pas en Mirage mais en Alphajet…

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Un musée qui turbine

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« Cette année du centenaire est très importante pour nous, mais on se projette déjà aussi dans les 100 ans à venir » Anne-Catherine Robert Hauglustaine la joue Retour vers le futur. Le musée dont elle est la directrice prépare en effet déjà l’avenir. L’arrivée du métro avec la ligne 17 du Grand Paris Express prévue pour 2024 devrait donner un joli coup de pouce aux affluences du musée, qui en années Salon se situent pour l’instant à 300 000 visiteurs, hors Salon à 200 000. Pour rendre le musée encore plus attractif, ses équipes travaillent donc sur plusieurs axes : des investissements déjà actés tels qu’un nouveau planétarium et un espace couvert avant 2024, pour restaurer plus d’avions. Mais aussi des idées originales, comme cette exposition itinérante sur Saint-Exupéry qui partira de Toulouse et rejoindra le Bourget en 2020… Au Musée, les idées fusent comme les avions.

Projection de documentaire, blind-test et quiz aériens ou encore un grand jeu de piste, le programme complet et gratuit des 14 et 15 décembre pour la réouverture de la Grande Galerie est à retrouver ici : https://www.museeairespace.fr/actualites/ouverture-de-la-grande-galerie/

Christophe Lehousse
Photos : ©Musée de l’Air et de l’Espace, ©Franck Rondot, ©Nicolas Moulard

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