Michel Mazeline - Un artiste bien singulier
Niché dans sa maison à Rosny-sous-Bois, Michel Mazeline continue, à 73 ans, à enrichir son univers créatif par l’assemblage et la métamorphose d’objets du quotidien. Portrait.
Reste-t-il encore des territoires de l’art à défricher, de nouvelles conquêtes à accomplir, des avancées créatives en terres inconnues ? Sûrement. Mais en attendant, Michel Mazeline, mécanicien de l’imaginaire, poursuit son petit bonhomme de chemin, en artiste singulier tel qu’il aime à se définir.
Cet ancien artisan-peintre reconverti comme magasinier à la suite d’un accident de santé, n’a jamais lâché prise. « Je dessinais beaucoup dans ma tendre enfance et je créais des petits objets en bois. » Il découpe à la scie des personnages, ses « mousquetaires » le soir au coin de la cheminée, éclairé par une lampe à pétrole. Il se fabrique un chariot avec des roulements à bille et le voici, monté dans son carrosse prêt à dévaler une pente. Cet enfant de la guerre, né en 1943, a grandi à deux coudées de Saint-Lô, en Normandie. « Après la Libération, raconte-t-il, on n’avait pas grand chose… Pas de jouets ni de télé en ce temps-là… » Il se réfugie dans ses imaginaires et s’invente des mondes qui ne le quitteront plus. Pour occuper ses soirées, il dessine et conçoit déjà des objets animés. Sa marque de fabrique jusqu’à aujourd’hui. À 18 ans, il quitte sa province, bien décidé à empoigner la vie… Le cœur léger et le bagage mince, il se fait embaucher comme peintre-artisan, avant de voler de ses propres ailes, en 1968. « J’en avais marre de travailler pour un patron… Le désir d’aller de l’avant m’a décidé à être indépendant. » Dans la journée, il officie comme peintre et manie le rouleau et la peinture blanche et le soir, fatigué mais plein d’entrain, il prend des cours de peinture… qu’il délaisse peu à peu pour se lancer dans la gravure. « J’ai appris toutes les techniques possibles dans une école d’art à Rosny-sous-Bois. Gravure sur bois, sur métal, zinc, cuivre, eaux fortes. Avec Marc Batifol, un ami qui était un grand sculpteur m’a toujours conseillé. »

Canal +, le déclic
Sa « fenêtre-fontaine », l’une de ses premières créations sera repérée par Jérôme Bonaldi sur Canal +, qui chronique alors tous les jours à Nulle part ailleurs, gadgets et inventions. Sa création passe à l’antenne. Le déclic pour lui. Philippe Vandel, toujours à l’affût, le fait connaître ensuite au public décalé de la revue Actuel. Il commence alors à arpenter de nouveaux territoires pour lui, ceux d’un art bien singulier. Il débute la série des Séraphins, des robots, constitué de phares de voiture et de pédales de vélo. Il enchaîne les créations, drague les encombrants, organise des réseaux pour lui trouver les objets délaissés et abandonnés à qui il va donner une seconde vie. Il se constitue un univers poétique, bien à lui, qu’on découvre dès l’abord, en pénétrant dans sa maison à Rosny-sous-Bois. Une boîte aux lettres décorée annonce la couleur et doit mettre en joie tous les matins son facteur. À deux pas de là, tel un gardien vigilant, se dresse un personnage affublé d’un masque à gaz de la dernière guerre, constitué de bric et de broc et qui affiche sur son poitrail sous forme d’alerte « Climat en danger ». « Mes personnages racontent des histoires et j’aime donner un nom à chacun. » La Reine Josépha, la cireuse Lucie, les Séraphins…
Et tout naturellement, on l’invite à exposer. La Villette, l’espace des Blancs-Manteaux à Paris, ses deux premières grandes expositions. Il se fait remarquer auprès de collectionneurs qui acquièrent des œuvres. Tranquille, Michel Mazeline poursuit sa route et continue son dialogue avec ses mécanismes horlogers, ses pédaliers, ses moteurs et ses lampes leds qui lui permettent de donner vie à toutes ses créatures.

L’animation créé la vie
« Il faut que ça bouge, que ça chante ou que ça éclaire, dit-il. Je veux combattre l’immobilisme. » À l’instar de Jean Tinguély dont il ne cache pas l’admiration qu’il a pour ses créations, il peaufine les mécanismes, récupère des moteurs et créé des vitrines à partir d’anciens postes de radio. Et comme si l’animation ne suffisait pas à redonner la vie, il injecte de la lumière. Ses Séraphins clignotent des yeux, ses couples de danseurs virevoltent au gré des lumières et de la boule à facettes, et pour finir, grâce à l’installation de modulateurs son, il enregistre sa voix ou des musiques qui tournent en boucle. Honoré à plusieurs reprise par Rosny-sous-Bois dans le cadre de son salon de peinture et de sculpture, des premiers et des seconds prix, il sera à nouveau invité en 2017. Art modeste, art singulier, art brut, art en marge, peu importe les étiquettes, Michel Mazeline a créé un monde bien à lui dans son garage transformé en atelier d’artiste, et continue à nous faire rêver mais aussi sourire.

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