Maylis de Kerangal, Haute fidélité
Le festival Hors Limites fête ses 10 ans cette année, du 29 mars au 13 avril. L’auteure Maylis de Kerangal, prix Médicis, y donnera une lecture à la médiathèque de Rosny-sous-Bois le 29 mars.
Pourquoi êtes-vous fidèle au festival Hors Limites ?
J’y suis venue au moins trois fois. J’ai fait partie de la première édition pour Corniche Kennedy. Je suis revenue pour Réparer les vivants puis avec les étudiants du master de création littéraire de Paris 8 avec lesquels j’ai travaillé pendant deux ans. Certains étudiants avaient fait de la médiation d’autres avaient écrit des textes pour le festival.
Qu’appréciez-vous dans ce festival ?
Hors Limites, c’est le festival des bibliothèques et des médiathèques de Seine-Saint-Denis. J’ai un attachement à ces lieux qui travaillent sur le long terme et mènent un travail de fond auprès des lecteurs. Ce qui est beau dans Hors Limites, c’est qu’il maille tout un territoire. J’ai trouvé d’emblée que ce festival était assez passionnant. Il est extrêmement exigeant sur le plan littéraire. Il s’intéresse à des textes qui ne sont pas forcément ceux des stars du marché littéraire et propose des écritures plus singulières, plus fragiles.
A quoi sert un festival littéraire ?
A créer du désir. Que ce désir puisse éclore pendant ce festival et durer ensuite. Un festival est un coup de projecteur, une intensification. Il s’agit de faire signe à des lecteurs qui ne se dirigent pas facilement vers ces lieux en souhaitant qu’ils y reviennent ensuite.
Et ça marche ?
J’ai le sentiment en tout cas que tout est bon à prendre. Il faut miser sur le fait que ça marche. Je trouve que c’est un des festivals les plus intéressants qui soit. Le but est aussi de créer quelque chose d’assez festif, d’injecter de l’énergie. C’est pour ça qu’il y a des performances, des lectures, des concerts. Hors Limites fait coexister, cohabiter, coïncider deux impulsions presque contraires : les lieux qui travaillent sur le long terme et un événement festif.
Qu’est-ce que la culture pour vous ?
Cela désigne pour moi ce qui ne change pas à chaque génération mais au contraire sédimente et relie les générations entre elles. Ce qui est singulier pour chacun sans être le même pour tous. La culture est à la fois à protéger et à répandre. C’est aussi l’idée qu’autre chose est possible. Qu’on peut penser autrement, que les choses pourraient être autres, vécues autrement. On part parfois dans la vie avec l’idée que les dés sont jetés, mais tout est beaucoup plus plastique, souple, ouvert, émouvant, vivant. Je ne pense pas qu’il faille lier la culture uniquement à l’idée d’outil, d’instrument d’intégration, de lien social, de vivre-ensemble, de démocratie... Pour moi, c’est beaucoup plus grand que cela.
Vous êtes souvent venue en Seine-Saint-Denis, que pensez-vous de ce qui y est fait pour le livre ? pour la lecture ?
Le nombre de dispositifs d’aide à l’écriture, les résidences d’écrivain, les festivals littéraires... un travail énorme est réalisé. Tout le monde en a conscience. Le nombre d’auteurs qui travaillent ou ont travaillé en Seine-Saint-Denis, est incroyable !
Propos recueillis par Isabelle Lopez
Vend. 29 mars à 19h30, à la Médiathèque Louis-Aragon de Rosny-sous-Bois
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Un monde à portée de main - Lecture par Maylis de Kerangal
Retrouvez le programme complet sur le site du festival : https://www.hors-limites.fr/
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