"Liberté, Egalité, Cahiers" au collège Saint-Exupéry de Rosny
A l’initiative d’une professeure d’histoire-géographie, des élèves du collège Saint-Exupéry à Rosny-sous-Bois ont publié des « Cahiers républicains », où ils et elles s’approprient les grandes dates de la République française en poèmes, BD ou roman-photo. Une initiative originale, mêlant jeu et sens civique.
Une BD sur la création de l’école publique et laïque par Jules Ferry, un roman-photo sur la Révolution de 1792 ou encore l’imitation d’un journal de l’époque intitulé « La Parisienne », sur l’instauration du droit de vote des femmes en 1944… Voilà ce qu’on peut trouver dans les Cahiers républicains, publiés en cette fin d’année par deux classes de 6e et une classe de 5e du collège Saint-Exupéry de Rosny.
Derrière la couverture, magnifiquement illustrée d’une rose tricolore, se cachent beaucoup de travail et une certaine dose de plaisir. « Au départ, c’est un projet inter-établissements, que j’avais lancé avec deux autres professeurs d’autres académies en Île-de-France, explique Line Bondetti, enseignante d’histoire-géographie. Après l’assassinat de Samuel Paty (professeur d’histoire-géographie assassiné par un extrémiste islamiste en octobre dans un collège de Conflans Saint-Honorine) et les minutes de silence qui s’étaient tenues dans les établissements, on s’était mis en quête d’un moyen de parler des fameuses valeurs républicaines aux élèves, sans que cela soit trop moralisateur. On voulait surtout que les élèves s’approprient les dates de cette République, sur un mode vivant, voire ludique, pas trop abstrait. D’où l’idée de ces Cahiers républicains. »
Après avoir pioché dans une liste de dates prédéfinies, les élèves ont donc pu laisser parler leur libre-arbitre et leur créativité. « On leur a proposé différents formats, mais très vite les élèves sont arrivés avec leurs propres idées. Comme ce pop-up du Serment de Jeu de Paume à découper soi-même, qui est une belle initiative ! », commentent les documentalistes Christelle Arculéo et Julie Crusot, qui ont accompagné les élèves dans cette aventure, qui a finalement eu raison du contexte Covid.
Achevé jeudi 24 juin par une belle cérémonie de remise des Cahiers républicains aux élèves, ce projet aura donc à la fois permis aux élèves d’approfondir leurs connaissances historiques et d’être sensibilisés à la notion de sources et d’archives. « On a fait nos recherches dans des livres du CDI et sur Internet, en veillant à vérifier nos infos », confirment ainsi Mina et Farah, deux sixièmes autrices d’une BD originale sur la fuite du roi Louis XVI à Varennes.
En ressort un cahier remarquable, où le sérieux – un travail notamment très fouillé sur l’abolition de l’esclavage – le dispute à la fraîcheur, avec par exemple cette remarque sur le droit de vote des femmes : « Les femmes en ont eu marre, car elles ne pouvaient pas voter. Du coup elles ont commencé à manifester. Et ont gagné le droit de vote. Malgré cela, les hommes ont encore le droit de vote. » Chapeau, citoyennes et citoyens !

Sept élèves de 5e nous racontent leurs Cahiers républicains :

- David, Ethan et Jules, 1792, la proclamation de la 1ère République
« Elle est proclamée le 22 septembre 1792 et fait suite à la bataille de Valmy, qui est la première grande victoire des troupes révolutionnaires face aux Autrichiens. On s’est bien amusés à faire cette revue et une vidéo qui va avec, sur les grandes figures de la Révolution : Danton, Marat et Robespierre. Grâce à ce projet, la Révolution, c’est désormais plus concret pour nous. On a aussi compris qu’il fallait vérifier ses sources, comme nous l’ont redit deux personnes des Archives départementales qui sont venues nous présenter leur métier. »

- Sujiksha et Chloé, 1848, l’abolition de l’esclavage
« On a choisi ce thème parce que c’est une avancée majeure de la République. En même temps, il y a encore des pays dans le monde où l’esclavage existe encore. Nous-mêmes, on a appris beaucoup de choses comme le fait que l’abolition de l’esclavage s’était fait par étapes : il a été supprimé une première fois en 1794, puis Napoléon l’a réinstauré en 1802 avant qu’il ne soit définitivement aboli en 1848. En rédigeant ces textes, on voulait que nos camarades en apprennent aussi davantage, par exemple le nom de Victor Schoelcher, qui a obtenu avec d’autres l’abolition en 1848. »

- Salomé (avec Oriane et Lola), 1944, le droit de vote des femmes
« J’ai choisi ce thème parce que je suis féministe et que c’est une date importante dans l’histoire de la conquête des droits des femmes. En France, le droit de vote pour les femmes est arrivé relativement tard par rapport à d’autres pays comme la Grande-Bretagne ou la Turquie. Je n’oublie pas que dans d’autres pays, les femmes n’ont toujours pas le droit de vote. Mais en France, le combat féministe n’est pas terminé : il y a beaucoup d’autres sujets comme la mobilisation pour protéger le droit à l’avortement, la PMA pour toutes les femmes, et de manière générale, le combat contre toutes les formes de discriminations. »

- Nour (avec Sonia et Kellyane), 1981, l’abolition de la peine de mort
« J’avais un intérêt personnel pour ce sujet parce que j’ai un avis partagé. J’aurais tendance à être pour la peine de mort car je trouve que pour certains crimes, la prison n’est pas suffisante. On est parties d’un sondage au sein de la classe, qui a révélé que 84 % des élèves étaient contre la peine de mort et 16 % pour. J’ai bien aimé chercher des informations sur le sujet, et au moment de rédiger le texte parlant de l’abolition de la peine de mort en France, j’ai aussi compris ce que ça voulait dire être neutre dans un article, se limiter aux faits et ne pas donner son avis. »
Christophe Lehousse
Photos : ©Patricia Lecomte
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