La Maison Basque de Paris : Bandas, pintxos et rugby
Arrivée à Saint-Ouen en 2002, la Maison Basque de Paris offre un concentré de basquitude à tous ses visiteurs. Plongée au coeur d’une culture à l’identité forte et festive à l’occasion du dernier France-Ecosse du Tournoi des VI Nations.
Les airs de banda qui nous parviennent depuis la cour nous disent que nous sommes sur la bonne voie. Dimanche 12 février, jour de France-Ecosse en Tournoi des VI Nations. Quel jour plus indiqué pour se rendre à la Maison basque de Paris ? Les grandes heures du Biarritz Olympique ou de l’Aviron Bayonnais, jadis grands pourvoyeurs de Bleus, sont peut-être passées, l’amour pour l’Ovalie restera toujours dans le coeur des hommes au béret.
Mais avant de suivre le match du renouveau ou de la déchéance confirmée des hommes de Novès, il faut prendre des forces. Derrière le bar, Maryse Lartigue nous donne un cours de pintxos en accéléré. « Le pintxo, c’est une tapas mais en mode basque. Ca veut dire « bâton » en référence à la pique qui maintient les différents aliments ensemble », explique cette cordon bleu passionnée, qui organise régulièrement des ateliers cuisine à destination de petits et grands.
Et cette native d’Ustaritz de renchérir : « Le pintxo, c’est le plaisir des papilles, mais aussi celui des yeux. » Et de fait, une armada de gourmandises s’étale devant nous. Concombre avec son mélange de surimi-mayonnaise ; assemblage de « guindilla », un petit piment vert, avec anchois mariné et une olive – « un classique celui-là, au Pays basque, on l’appelle la banderille » - ou encore chorizo piqué sur un cracker…. Les 2 pintxos à trois euros, un demi d’Akerbeltz, bière blonde ou ambrée d’Ascain à trois euros itou : en un clin d’oeil, nous voilà transporté à Bayonne ou à San Sebastian.
La Maison basque de Paris, c’est ça : une bulle de cidre d’Astigarraga dans le paysage de Saint-Ouen. Fondée en 1956 par des Basques qui se languissaient de leur province natale, elle était originellement située dans le XVIe arrondissement. Mais le prix de l’immobilier, la nécessité de se mettre aux normes sécurité et une volonté de s’agrandir lui ont fait passer le périphérique en 2002 pour venir se fixer à Saint-Ouen. A cette époque, l’association a donc jeté son dévolu sur une ancienne usine du groupe Arnould (aujourd’hui Legrand), qui produisait de l’appareillage électrique. Et les bobines de cuivre ont fait place aux sons flûtés des txistus.
« Je ne saurais pas vous dire si l’immigration basque à Saint-Ouen a été particulièrement forte. Notre venue avenue Gabriel-Péri s’explique d’abord par un immobilier qui était ici plus accessible et le fait qu’on voulait augmenter notre capacité d’accueil », explique à son tour Sébastien Daguerre, président de la Pariseko Eskual Etxea- le nom basque du lieu.
Fédération de 6 associations, la PEE s’adresse aussi bien aux Basques qu’aux curieux qui voudraient avoir un aperçu de cette culture haute en couleur. Chant, danse, cours de langue en immersion durant tout un week-end, les ateliers sont multiples. Depuis 2010, la Maison abrite aussi sa propre équipe de rugby, le PEER, qui évolue en championnat d’entreprises. Des activités dont rend régulièrement compte « Elgar » (Ensemble), le bimestriel de la Maison, dont la rédactrice en chef est... Maryse, la pro des pintxos. « Quand je suis arrivée sur Paris il y a 35 ans, j’ai découvert l’existence de ce journal, fondé avant même l’existence de la Maison, en 1932. Et je me suis dit qu’il fallait absolument continuer à le faire vivre », raconte celle qui travaille comme responsable RH d’un grand groupe.
De pintxo en gazette, on en oublierait presque le rugby. Camille Lopez- formé à Mauléon, tiens tiens – inscrit les premiers points du match pour les Bleus. Installées au premier rang face à l’écran géant, Carole, Dominique et Maureen ne perdent pas une miette de la rencontre. « On vient ici pour l’ambiance et pour le lien avec le Sud-Ouest. Le rugby, moi j’ai baigné dedans avec un père joueur à Arcachon », témoigne Carole, la soixantaine, dont 30 passés à Saint-Ouen. Sur le match, aucun chauvinisme de la part des trois copines. Même Maureen, Anglaise native de Liverpool mais arrivée en France « avec le triomphe de Mitterrand », aimerait bien voir ces Bleus rivaliser avec le Quinze de la Rose pour la victoire finale. « Mais j’ai bien peur que les All-Whites gagnent le tournoi cette année... »
Christian, lui aussi amateur de rugby et régulier de la Maison basque depuis le Mondial de 2007, n’est pas non plus convaincu par la prestation de l’équipe de France. « C’est assez laborieux aujourd’hui. Enfin, ce tournoi sert surtout à préparer l’avenir et la prochaine Coupe du Monde où là, on se doit d’être au rendez-vous... »
Au final, les Bleus finiront tout de même par manger les Chardons, mais en s’étranglant un peu (22-16). La victoire a beau être poussive, la Marseillaise jouée par la banda Festayre lui donne du lustre. « On a monté cette fanfare il y a dix ans parce qu’on aime tout simplement la fête. La Maison basque, on y joue assez souvent et on répète même dans cette salle », expliquent Germain et Pierre-Thomas entre deux roulements de grosse caisse. « Et ce qu’il y a de bien, c’est que c’est ouvert à tout le monde : gens du Sud-Ouest ou pas, musiciens confirmés ou pas, l’essentiel est de vouloir jouer ensemble et de passer un bon moment », renchérit Béatrice, sax ténor, avant de rejoindre la banda pour « Arrantxaleak », un air traditionnel. A la Maison basque, c’est comme chez Beaumarchais, tout finit toujours en chansons…
– Repas du Salon de l’Agriculture, samedi 25 février à 20h (non adhérent : 25 € / Adhérent : 22 €)
– Participation au Carnaval de Paris 2017, dimanche 26 février, avec la confection d’un géant
– Soirée cidrerie, le samedi 11 Mars à 20h
– Korrika de Paris- course à pied partant du Sacré Cœur jusqu’à la Maison basque de Paris- le dimanche 19 mars
Retrouvez l’ensemble des rendez-vous sur le site : http://www.eskualetxea.com/fr
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