L’Aulnaysien Jean-Michel Lucenay, une fine lame en or !
A 38 ans, le Martiniquais arriva à Rio comme le plus âgé des escrimeurs français et, surtout, comme remplaçant à l’épée. Au final, son heure se transforme en or jusqu’à effacer l’injustice de ne pas avoir reçu de médaille, il y a huit ans, aux Jeux de Pékin…
Il y a huit ans, Jean-Michel Lucenay était remplaçant aux Jeux de Pékin. Non-retenu pour la finale après avoir tiré au fil de la journée, il avait été cruellement privé de l’or partagé par les frères Jeannet et Ulrich Robeiri. Au pied de leur podium, nos souvenirs se rappellent l’avoir vu pleurer, à chaudes larmes : « A l’époque, les médailles allaient à ceux tirant la finale, pas les autres. Ce fut une terrible injustice. Mais, une fois la colère retombée, elle mue en moteur pour retourner au combat sans relâche… ».
Huit ans après, l’Aulnaysien revenait sur une piste olympique, encore, une fois, comme remplaçant. A 38 ans, ses heures olympiques semblaient même comptées. Et sur un coup de poker de son entraîneur Hugues Obry, ancien multiple médaillé français surtout dans la compétition infernale sans pareille du par équipes, le gaucher a pris la place du gaucher Gauthier Grumier, pourtant le fer de lance de l’épée française depuis un lustre (médaillé de bronze en individuel).
Comme d’habitude, Jean-Michel Lucenay n’a pas laissé passer sa chance. Lui, le pilier de quatre titres mondiaux et quatre européens par équipes connait la partition de ce relais à rebondissements : « Comme disent souvent les athlètes, donner moins une place en finale et je ferai le reste ! »
Cette médaille est l’ode de la persévérance. Quand je la regarde, je réalise tout le chemin parcouru depuis mes débuts à l’âge de six ans, depuis les sacrifices de mon père pour m’accompagner à l’entraînement, à une heure de chez moi, à Fort-de-France. Depuis, je rêvais d’une médaille olympique en individuelle. Peut-être trop ? Peut-être me suis-je mis trop de pression au point d’en être, souvent, stressé donc, moins performant.
Dans la compétition par équipe, j’ai toujours su donner le meilleur de moi-même, pratiquer une escrime qui m’aurait fait, tellement de bien, si j’avais pu la dégainer, dans les grands moments de mes grands rendez-vous. Magique, la compétition par équipes, sublime, transcende ».
Aujourd’hui, le papa de deux enfants, travaillant pour « Pôle Emploi », ne veut plus se retourner sur ses médailles manquées. Mais, savourer, siroter, déguster cet inespéré or olympique « d’autant qu’il est, aussi, synonyme, au-delà, de la persévérance, de l’amitié et de la performance, de l’amitié malgré la performance, de l’amitié grâce à la performance. Enfin, aujourd’hui, le summum du summum, de la performance grâce à l’amitié notamment celle avec Hugues Obry, ancien coéquipier devenu mon entraîneur, ayant toujours cru en moi… ».
Après la médaille d’argent de la judokate villemonbloise Audrey Tcheuméo, l’Aulnaysien est le second Séquano-Dyonisien auréolé à Rio, juste avant, hier soir, le super bronze du boxeur Bagnoletais Souleymane Cissoko (-69 kg).
De notre correspondance spéciale à Rio, Sophie Greuil
Source photo : https://www.facebook.com/JMLucenay
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