Des psychologues à l’écoute de soignant·e·s au bout du rouleau après l’épidémie de coronavirus
L’association SPS, qui vient en aide aux personnels soignants en souffrance au travail, a reçu énormément d’appels lors de la crise de coronavirus, dont un certain nombre en provenance de Seine-Saint-Denis. Nathalie Cupic, psychologue à Sevran, nous fait partager son retour d’expérience sur ce dispositif auquel elle prend part toute l’année.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Durant les deux mois de confinement, et alors que la crise sanitaire battait son plein, l’association SPS (Soins aux professionnels en santé) a reçu plus de 3200 appels. En temps normal, il faut au moins deux ans pour que cette structure, reconnue d’intérêt général et qui vient en aide aux professionnels de santé en souffrance au travail, atteigne ce chiffre. D’après SPS, le nombre d’appels en provenance de Seine-Saint-Denis, l’un des départements de France les plus touchés par le Covid-19, s’élève à 84, soit 2,6 % des communications téléphoniques à l’échelle nationale. Alors que l’épidémie de coronavirus continue de reculer, selon les derniers bilans, « le mal-être des professionnels en santé semble quant à lui ancré durablement dans leur quotidien et proportionnellement aussi important qu’au moment du pic épidémique », analyse l’association.
L’épidémie, révélatrice d’une fatigue pré-existante
Pour Nathalie Cupic, psychologue qui travaille en téléconsultation à Sevran et qui fait partie des 100 professionnels mobilisés 24h/24 et 7 jours sur 7 par SPS depuis le début de la crise, les personnels soignants accusent « une grande fatigue nerveuse ».
« L’apparition du Covid-19 n’a pas créé de nouvelles peurs mais renforcé des problématiques psychiques existantes, poursuit la spécialiste. Les personnes anxieuses, par exemple, se sont mises à faire des crises de panique ou à souffrir de troubles du sommeil. L’épidémie a été un véritable catalyseur. » Et de citer l’exemple d’une interne en psychiatrie qui, du jour au lendemain, a dû s’occuper de patients infectés avec, pour seule protection, les masques en tissu qu’elle avait elle-même confectionnés. « Non seulement elle avait peur de tomber malade mais aussi peur de contaminer toute sa famille le soir après sa journée de travail. Elle était très angoissée. Mais on connaît le dévouement, l’altruisme du personnel soignant. Pour le bien commun, cette jeune fille a continué de se rendre tous les jours sur son lieu de travail. » Autre cas, celui d’un dentiste très inquiet sur la façon de gérer le déconfinement et qui se posait 1000 questions : faut-il reprendre à plein temps ? Accepter autant de clients que d’habitude ? Quelles sont les précautions à prendre ?
Le téléphone libère la parole
A en croire la psychologue, le stress engendré par le virus a permis d’aborder des thèmes plus personnels comme le couple, la famille, la vie professionnelle. « Cette plateforme d’écoute téléphonique sert aussi à soulever des sujets qu’on ne peut pas exprimer à sa hiérarchie, dont la priorité est de maintenir l’activité et le bon déroulement d’un établissement hospitalier, souligne Nathalie Cupic. Nous répondons à des besoins d’écoute, de prise en compte des peurs… Le téléphone possède la vertu de libérer la parole. Nous sommes des interlocuteurs extérieurs et anonymes, l’idéal pour aller creuser dans des situations personnelles complexes. » Si ces deux mois de lutte éreintante vont laisser des traces à court terme, il est difficile, estime la psy, de mesurer l’impact de la crise sur le moyen et long terme. « Ce qui fera la différence est l’environnement dans lequel se trouve l’individu. Une personne isolée est particulièrement fragilisée, une personne qui dispose de ressources familiales et personnelles fortes s’en sortira bien mieux. L’entourage constitue un facteur-clé. »
Grégoire Remund
D’après une enquête menée par l’association SPS entre le 29 avril et le 13 mai auprès des professionnels en santé, près de 85 % des participants ont déclaré ne pas s’être sentis soutenus pendant la crise. Selon SPS, la détresse au travail est profondément présente - y compris chez les soignants les plus expérimentés - et se concentre principalement sur les questions managériales. Alors que la famille, les proches et les collègues semblent avoir été des aides indispensables, la hiérarchie n’a pas exercé ce rôle pour près de 68% des personnes interrogées. Ce sont le manque de protection et de soins ainsi que les questions d’organisation et de management qui ont contribué à ce mal-être chez 7 personnes sur 10.
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