Coder pour s’émanciper
Ambassadrice de la marque de territoire In Seine-Saint-Denis, l’entrepreneuse Souad Boutegrabet a fondé en 2020 l’association les Descodeuses. L’objectif : former gratuitement au code informatique les femmes issues des quartiers populaires. Coup de projecteur sur ce projet féministe subventionné par le Département et sur sa charismatique présidente.
Les enseignantes des Descodeuses ont rencontré en mars une dizaine de candidates séquano-dionysiennes et leur ont présenté le cursus mis en place dans la nouvelle antenne audonienne de cette « école du web ». « Le secteur du web, qui recrute à tour de bras, offre une insertion ultrarapide et un salaire attractif. Il y a un enjeu énorme à ce que les femmes maîtrisent la programmation informatique... » explique Sabrine, ingénieure en intelligence artificielle. Les allocataires du RSA présentes à la Maison de l’emploi de Pantin sont d’anciennes vendeuses, agentes d’accueil, gestionnaires de commandes... Sans connaissance du codage mais ultra-motivées par les perspectives de recrutement dans les métiers de concepteur web ou d’analyste en cybersécurité. La présentation de la formation des Descodeuses réalisée par trois intervenantes a fait germer en elles l’espoir de retrouver un emploi stable à côté de chez elles après une période de chômage.
Chasse aux talents
« L’ordinateur obéit aux instructions qu’on lui donne par écrit. Pour ce faire, il faut parler son langage comme html, CSS, Javascript... et ne pas se tromper en rédigeant les lignes de code... » détaille Sabrine. « Au début, c’est un peu compliqué mais après, vous serez très fières de créer vos propres pages web ». Fatima, Kamal, Christelle... ont réalisé leur premier tableau sous langage Python dans une ambiance d’effervescence intellectuelle. Une façon pour la professeure de démystifier la programmation en valorisant l’esprit d’initiative et de logique.
De son côté, Selma, consultante en cybersécurité, a présenté de façon exhaustive les spécificités de son travail et la « chasse aux talents » opérée actuellement par des entreprises de plus en plus « obsédées par la sécurisation de leurs datas » dans le cadre du Règlement Général sur la Protection des Données.
Tiphanie, inscrite à la Mission locale du Pré-Saint-Gervais après quelques CDD de fleuriste, espère de tout coeur être retenue lors de la seconde rencontre avec l’association les Descodeuses. « J’aimerais tant être capable de créer un beau site internet et devenir graphiste web » confie-t-elle. « La formation, composée de six mois d’apprentissage et d’un stage de six mois rémunéré me permettrait d’obtenir une certification équivalente à un Master, ce qui pourrait être la chance de ma vie... ».
Briser le plafond de verre
Originaire de banlieue parisienne, Souad Boutegrabet, la fondatrice de l’association a dû elle-même « casser les codes » avant de s’imposer. Conseillère bancaire pendant dix ans, elle décide de tout lâcher pour voyager. Aux Etats-Unis, elle découvre la programmation et la solidarité de la communauté geek. « J’ai vu que l’informatique permettait de trouver un travail bien payé très rapidement partout dans le monde et j’ai voulu agir pour les filles à qui on ne parle pas des métiers du web à l’école ou à l’université ».
Féministe dans l’âme, la trentenaire lance il y a deux ans les Descodeuses pour contribuer à aider les femmes des quartiers peu qualifiées que les recruteur·euse·s rechignent trop souvent à embaucher. « Nous proposons à nos participantes n’ayant généralement pas de réseau, des stages dans des entreprises comme AXA, Capgemini ou Le Bon Coin, qui cherchent justement à diversifier leur équipe » explique-t-elle en souriant.
Les compétences développées par les formateurs de l’association permettent à 90% des stagiaires de trouver un poste dans les six mois après leur certification. Les 1000 participantes en France, incitées à briser le plafond de verre, continuent ensuite à s’entraider dans un « esprit de sororité » afin de faire valoir leurs compétences dans un secteur plutôt élitiste et masculin.
« L’écart de salaire est de 40% entre leur rémunération d’avant et celle en tant que codeuse » s’enthousiasme Souad, qui souligne aussi l’image de « rôles modèles » acquises dans leur quartier par les « Descodeuses » initiées. L’entrepreneuse sociale multiprimée va bientôt présenter son ONG à la Maison des femmes de Saint-Denis dans l’optique d’inciter les femmes victimes de violences à s’émanciper grâce à la Tech. Et qui sait, lancer les « leadeuses » de demain ?

Crédit-photo : Franck Rondot
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