Musique La Courneuve

Banlieues bleues : ça gaze et ça jazz ! (2)

Du 3 au 31 mars, le festival Banlieues bleues, soutenu par le Conseil départemental, fête sa 34e édition avec une très riche programmation. Aujourd’hui, focus sur le rappeur et beat-boxer américain Napoleon Maddox.

Napoleon Maddox : « Le jazz et le hip-hop, c’est la même énergie »

Le 17 mars prochain, le rappeur et beat-boxer américain investira la Courneuve à l’occasion du festival Banlieues Bleues pour une création qui promet d’être aussi intime que fascinante.

Son éternelle casquette en feutre vissée sur le crâne et un franc sourire aux lèvres : Napoleon Maddox parle de son amour pour la musique sans que la passion n’ait pris une ride. Pendant le festival Banlieues Bleues, ce quadra mélomane viendra présenter son dernier projet "Twice the first time", qui raconte l‘incroyable histoire de ses ancêtres Millie-Christine McKoy. Ces sœurs siamoises nées esclaves au milieu du XIXe siècle en Caroline du Nord deviennent, après avoir été des phénomènes de cirque, célèbres et fortunées. « Ma mère m’a raconté cette histoire quand j’étais enfant. Elle m’a dit qu’elles étaient poètes, artistes, ça m’a beaucoup inspiré », confie le MC de Cincinnati. « J’ai voulu montrer comment elles ont accepté et géré leur différence. Je m’identifie à elles car je ne rentre pas moi-même dans une catégorie : jazz, hip-hop, américain, africain… c’est mon désir de revendiquer ma propre place dans le monde. »

Si son amour de la musique est né dès l’enfance dans l’église que l’obligeaient à fréquenter ses parents, il s’est développé grâce à des tubes pop qu’il enregistrait secrètement à la radio sur des cassettes, puis affirmé au contact du hip-hop et du jazz. « J’ai grandi en même temps que le hip-hop. Dès qu’il y avait un rassemblement dans la rue, j’y allais pour faire du beat-box, ça a duré des années, se souvient Napoleon Maddox. Puis un jour, je me suis dit que j’avais le potentiel pour être un leader, organiser des choses, des projets. Pour moi, c’est une communauté. C’est le lien le plus évident entre le jazz et le hip-hop : la connexion entre les gens, c’est la même énergie. »

Le musicien revendique ainsi une multiplicité, une dualité : il cherche à célébrer l’individu mais également le groupe. Pour « Twice the first time », il a donc réuni le beatmaker français Sorg avec lequel il collabore depuis quelques années, mais aussi certains membres de son groupe de hip-hop experimental ISWHAT ?!, créé en 1996. Ainsi, il propose une performance hybride qui mélange rap, poésie, installations vidéo et improvisation, mais aussi le résultat d’ateliers qu’il mène autour de son projet avec des enfants aux États-Unis, et prochainement à La Courneuve : « Je leur demande d’imaginer ce qu’il se passe dans la tête de Mille-Christine. Puis de leur inventer une nouvelle vie, si elles avaient par exemple décidé de s’enfuir pour sortir de l’esclavage, avec toutes les difficultés que ça implique. » Des ateliers qui viennent nourrir la création, mais également l’artiste en tant qu’être humain : « C’est important pour moi de partager des choses avec les plus jeunes, car ce partage est à double sens, il me permet de garder l’esprit ouvert ». Car malgré la carrière bien remplie de Napoleon Maddox, l’artiste cherche à perpétuellement découvrir de nouveaux horizons, même si parfois, pour les découvrir, il faut remonter le fil de sa propre histoire.

 Le 17 mars, au centre Jean-Houdremont de La Courneuve, 20h30

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