1924-2024 - Lucien l’Olympien
LUCIEN MICHARD, natif d’Epinay et membre du Club vélocipédique dionysien a tout remporté jusqu’à une médaille d’or aux Jeux olympiques de 1924 à Paris. Une méga-star à l’époque.
« On le vit un beau jour arriver au Parc des Princes en compagnie de son papa, s’aligner dans la course de la Médaille et la gagner. » En 1921, le jeune Michard n’a pas 17 ans. Et déjà le journal Le Sporting titre « Et surtout qu’on n’y touche pas ». Lucien s’annonce comme « l’un des plus beaux représentants du muscle français » aux Olympiades prochaines de 1924. Il est cycliste amateur et il faut qu’il le reste pour pouvoir y participer. Le journaliste loue « son style qui se défend et qui va s’améliorant chaque jour, ses belles aptitudes, son démarrage qui n’est pas à dédaigner, la facilité avec laquelle il soutient un effort et le poursuit jusqu’au poteau avec une énergie farouche ».
Quand les Jeux olympiques de Paris ont lieu, Lucien a 21 ans. Ce sont les huitièmes olympiades de l’ère moderne et les dernières pour Pierre de Coubertin. Le baron veut prouver au monde entier que Paris et la France sont capables d’accueillir les athlètes dans des compétitions confraternelles. 700 journalistes couvrent les compétitions. Au plus près de l’évènement, certains vont même jusqu’à prendre place dans la nacelle d’un ballon pour suivre les sportifs. Et pour la première fois, la TSF retransmet des épreuves olympiques en direct.
Lorsque Lucien Michard se présente sur la piste de la Cipale (1) aux cotés du Hollandais Meyer et du Français Cugnot, il est déjà une star : champion de France de vitesse amateur à 19 ans et champion du monde amateur à 20 ans. Le « môme » comme on le surnomme est un fin tacticien et il est très véloce.
Le sprinter le plus rapide du monde
Il va triompher aux Jeux olympiques de Paris (voir encadré). Ses amis cyclistes comme le dionysien Lucien Faucheux en prennent leur parti : « Le « môme » me battait presque toujours. » Dans un portrait croisé pour Match (l’ancêtre de Paris-Match) il décrit l’homme : « Michard parle peu, il est froid d’aspect. Mais quand on a son estime et sa confiance c’est pour toujours (…) Michard est un adversaire pas commode mais c’est un ami agréable. »
Enfant, Lucien habitait Villa des Glycines à Epinay, une belle maison bourgeoise. Presque toujours premier de sa classe, il jouait du piano. C’était un enfant très entouré par sa famille. Sa mère et sa sœur sont ses premières fans. Elles découpaient tous les articles qu’elles trouvaient pour les coller dans des livres de caisse. Sa maman raconte dans Match comment à 13 ans il tomba gravement malade. « Une méningite cérébro-spinale le retint plusieurs jours entre la vie et la mort. Par miracle alors qu’on désespérait de le sauver, son tempérament triompha et il fut sauvé. Il lui fallut de nombreux mois pour se remettre. » Les docteurs l’encouragèrent à faire du sport.
Du haut de son 1,70 m pour 63 kilos, Michard glanera tout au long de sa carrière 13 titres de champion de France, 6 titres de champion de monde de vitesse et cinq records mondiaux sur piste. Il décède à l’âge de 82 ans dans le sud de la France après avoir réalisé ce qu’il avait toujours rêvé de faire : « une ferme avec de nombreuses bêtes et tout cela loin de l’animation des grandes villes ».
Au départ Cugnot est à la corde et Michard à l’extérieur. Cugnot mène lentement le premier tour et activant progressivement est en pleine action aux 200 mètres. A ce moment Michard donne à fond, passe Cugnot et file vers la ligne d’arrivée pendant que Meijer finit sur sa roue après avoir rencontré une belle résistance de Cugnot pour la deuxième place. C’est alors la classique cérémonie protocolaire. Le drapeau français est hissé au faîte du mât pendant que Michard fait un tour d’honneur très applaudi, aux sons d’une Marseillaise non moins classique.
Scratch olympique 1 000 m
1er Lucien Michard (France) sur cycles Baggi-Samyn
2e Jacob Meijer (Hollande) à une longueur
3e Jean Cugnot (France) à une roue
Extrait du Cyclo-sport du 31 juillet 1924
Par Isabelle Lopez
Photographies Presse Sports, Gallica.bnf
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