Lutte contre l’isolement

Une appli relie les étudiants à nos aînés pour rompre avec l’isolement

Créée en début d’année dans 76 département en France, dont la Seine-Saint-Denis, la plateforme en ligne Granny & Charly met en relation des étudiants avec des personnes âgées pour faire leurs courses, le ménage, les aider dans leurs démarches administratives ou tout simplement leur tenir compagnie. Une initiative qui a pris un nouveau relief en cette période de crise sanitaire.

« J’ai toujours voulu faire du bénévolat, c’est la crise sanitaire qui m’a décidé à franchir le pas. Je tenais à m’engager auprès des personnes âgées car c’est un public vulnérable, surtout en ce moment, et parce qu’on apprend beaucoup de choses à leur contact. » Fouleye Camara, 18 ans, élève de 1ère ES à Pantin, fait partie du quelque millier d’étudiants (répartis du 76 départements métropolitains) à avoir rejoint la plateforme Granny & Charly depuis que celle-ci, spécialisée dans l’intervention d’étudiants au domicile de personnes âgées isolées ou se déplaçant difficilement, a vu le jour en janvier dernier. « L’objectif de cette association est de permettre à nos aînés de rompre avec l’isolement et de créer du lien social », explique Amélie Frély, qui a fondé cette appli en s’inspirant de l’expérience de sa grand-mère, « une dame qui a encore toute sa tête et qui, comme 85 % des personnes âgées en France préfèrent vieillir chez elles [un chiffre qui émane du rapport de la concertation Grand âge et autonomie remis l’an passé au ministère de la Santé, ndlr] », ajoute la jeune fille.

200 inscriptions en quelques jours pendant le confinement

Granny et Charly, dont les services portent sur l’aide au ménage, aux courses, à de petits travaux, aux tâches administratives ou, tout simplement, l’accompagnement, a vu son nombre d’adhérents augmenter de manière exponentielle depuis le début du confinement. « Nous avons enregistré récemment 200 nouvelles inscriptions en l’espace de quelques jours, note Amélie Frély. Il y a un formidable élan de solidarité ces temps-ci. » D’autant plus formidable que les étudiants font le choix de s’engager à titre bénévole durant la crise sanitaire. Quand celle-ci sera terminée, ils seront payés entre 10 et 25 euros de l’heure, assure l’entrepreneuse. Depuis le 17 mars, coup d’envoi du confinement en France, le téléphone occupe une place grandissante. Pour autant les déplacements chez les personnes – à partir du moment où toutes les préconisations (gestes barrières, règles de distanciation, port du masque) sont respectées, restent à l’ordre du jour. (Dans la même veine, il convient de rappeler que le 6 avril, le Département a lancé une campagne téléphonique solidaire qui invite les agents volontaires à appeler jusqu’à 50 000 personnes âgées ou vulnérables du territoire afin de recenser leurs besoins.)

Partenariat avec les CCAS du Département

L’épidémie de coronavirus a également convaincu la start-up d’étendre ses missions et de se rapprocher des collectivités territoriales pour se rendre encore plus utile. Ainsi, par exemple, a-t-elle noué un partenariat avec l’Union départementale des CCAS (Centre communal d’action sociale) de la Seine-Saint-Denis. Pour ce territoire « particulièrement touché par la pandémie, une aide extérieure n’était pas de trop », souligne Silvestre d’Almeida, chargé de mission Union départementale des CCAS du 93. Et de préciser : « Les agents du CCAS des 40 communes du département vont sur le terrain et font remonter des points de vigilance (évolution des besoins alimentaires, prise en charge des personnes de retour de l’hôpital, matériel de protection) aux étudiants de Granny & Charly. Sur la base des données collectées, ces derniers réalisent une synthèse qu’ils transmettent ensuite à l’Union départementale. Leur rôle est très précieux car, en l’absence de bénévoles, qui sont pour la plupart des personnes âgées, de nombreuses associations caritatives ont été contraint de fermer leurs portes. C’est une vraie mission de coordination. » L’autre difficulté à laquelle est confrontée l’Union départementale en ces temps confinés est la réduction des effectifs au sein des CCAS, entre les agents qui sont malades et ceux qui doivent garder leurs enfants, notamment. « Du coup, pour soulager les CCAS, nous allons renforcer cette collaboration en participant à la distribution des repas », détaille Amélie Frély.

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