Edwige Ceide Sylvestre sonde la rupture amoureuse
Dans « Ça commence bien en général », son premier roman, Edwige Seide Sylvestre nous raconte une histoire d’amour à distance entre New York et Saint-Denis.
« En fin de compte, ce qu’il reste c’est le souvenir du doute. » C’est par cet incipit qu’Edwige Ceide Sylvestre nous prend par la main pour nous emmener à la découverte de son premier roman, "Ça commence bien en général". On pressent dès ces premiers mots l’atmosphère dans laquelle va baigner le roman, car « il s’agit bien d’un roman », précise l’auteure. Et pour compléter le titre du livre, on ne peut s’empêcher de penser aux Rita Mitsouko et à leurs Histoires d’A qui finissent mal… en général. Vous l’avez compris, il s’agit d’un roman d’amour. Edwige Ceide, c’est une écriture bien à elle, dans laquelle se faufile une petite musique d’aujourd’hui, tendre et mélancolique, teintée de désenchantement, mais c’est aussi une voix calme et posée s’exprimant au bout du fil, pour se raconter en cette fin de période de confinement.
Née il y a 39 ans à Port-au-Prince, à Haïti, elle foule le sol de France avec ses parents à l’âge d’un an et demi. « Au départ, je n’écrivais pas pour être publiée, raconte la Dionysienne. Je partageais mes textes en cercle fermé avec des proches. » Dans la foulée, elle crée une association « Passerelles extra muros » au sein de laquelle elle anime des ateliers d’écriture, à Saint-Denis et en région parisienne. « Lire des textes à haute voix, c’est leur donner une autre portée et les faire vivre autrement. Des spectacles ont même été montés à partir de ces textes. C’est dire si l’édition et la publication n’étaient pas une fin en soi pour moi. »
Ressassement
Chez Edwige Ceide, cette envie d’écrire, autant qu’elle s’en souvienne, vient de loin. Habiter au-dessus d’une bibliothèque municipale, cela peut aider… Ce fut le cas à Villetaneuse où elle résida. Elle raconte : « A partir du moment où j’ai appris à lire, j’ai dévoré les livres ! Un jour d’été, la bibliothèque étant fermée pour cause de travaux, mon stock de lecture épuisé, je me suis mise à écrire des histoires. » Au fil du temps, elle garde la plume, et exerce ses talents d’écriture en classe. « J’étais championne en rédaction ! » Son roman, rédigé à la première personne, impose le point de vue de la narratrice dans cette histoire relatant une rupture. Le « je » qui organise, voile et dévoile, nous plonge dans une sorte de journal intime. Travail d’introspection qui nous amène à l’accompagner dans cette migration intérieure, ressassant sans cesse les raisons qui ont pu provoquer cette rupture.
La narratrice, comme l’auteure, habite à Saint-Denis et Stan, son ex-compagnon, à New York. « Est-ce que je peux te poser une question ? » ou « Est-ce que je peux te dire quelque chose ? » faisaient partie de l’arsenal langagier du jeune homme et agaçaient profondément la jeune femme. Ah ! S’il lui avait parlé le soir où elle lui annonça à contre cœur, au Denny’s, à Manhattan, son retour en France... Cette scène capitale pour le couple, qui scelle leur relation, elle va la faire revivre à quatre reprises dans le roman. « Le ressassement ne commence jamais au même moment. C’est une manière de raconter la même histoire, en faisant un pas de côté ou en observant la scène du haut. »
De temps à autre, histoire de nous faire comprendre que la narratrice bien qu’embourbée dans ses peines de cœur, n’en a pas pour autant perdu pied avec la réalité, elle évoque Haïti, la ligne 13 bondée de voyageurs ou les migrants, sans pourtant s’appesantir.
Nourrie de musique et de littérature
Les sources de ce livre remontent à 2015 alors qu’Edwige planchait sur la thématique de la migration des femmes. Elle interroge alors une dizaine de femmes, arrivées en France, ayant suivi par amour un homme. « Dans ce qu’elles racontaient, je me suis beaucoup reconnue, parce que moi aussi j’ai vécu plusieurs histoires d’amour à distance. C’est dans ces circonstances, que mon roman a pris corps. » Nourrie de littérature, elle apprécie plus particulièrement Annie Ernaux, Patrick Modiano, Lydie Salvayre, Fabienne Kanor, Yannick Lahens, Lyonel Trouillot… Excusez du peu. Tout au long de son travail d’écriture, Edwige Ceide s’est accompagnée d’une bande-son qui l’immerge dans cette histoire et dont on retrouve les titres tout au long du livre. Cyndi Lauper, Sade, en passant par les Platters, Gainsbourg, Barbara ou les Pink Floyd. Son prochain ouvrage qui devrait voir le jour est un récit-documentaire. Quant au travail de mémoire familiale, engagé depuis longtemps, qu’elle qualifie elle-même de « colossal », il poursuit son petit bonhomme de chemin. « C’est quelque chose que j’ai construit depuis 2008 avec ma famille sur l’histoire de sa migration. »
Claude Bardavid
Photo : ©Stéphane Ouradou
– « Ça commence bien en général » de Edwige Ceide Sylvestre
Editions La Tête ailleurs.
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