L’œuvre d’art ne délivre pas un sens à la manière des messages que l’on échange en communiquant par le langage. Elle n’a pas prioritairement une fonction de communication car cela supposerait qu’il faudrait comprendre une œuvre pour la recevoir et l’apprécier. Ce n’est pas le cas.

Le titre de cette exposition Le Silence est d’or n’est bien entendu pas littéral, mais déjà donne sens par l’aridité ronde de sa forme poétique : une ligne japonaise, un haïku (inachevé).

Il ne s’agit pas d’évaluer la présence du silence dans les œuvres des trois artistes exposées, mais peut-être plutôt l’amplitude de leur rigueur toute voluptueuse qui les sous tend et en affecte l’évidence de la représentation qu’elles proposent.

Et en effet que représentent-elles ? De l’espace ? Du temps ? Des corps ? De l’organique ? De l’animal ? Du végétal ? Du minéral ? De l’objet ? En fait, des agencements possibles de ces univers différents et qui les rendent intimement liés. Elles sont surtout des matières de la pensée en mouvement. Elles créent des espaces d’expériences sensibles multiples qui nous désorientent et nous ravissent dans leur duplicité de sens.

Les œuvres de Virginie Descamps, d’Irina Rotaru et de Gabrielle Wambaugh flirtent avec les limites de la représentation, elles sont ambivalentes. Si elles ne sont pas bavardes, c’est qu’elles donnent à voir des interstices : lieux de ce qui reste sous-jacent, mezzovoce, de ce qui va surgir, on ne sait pas quand, ni par quels détours. C’est cette tension qu’elles mettent en œuvre, chacune dans leur singularité, c’est ce fil tendu qui les mettent dans une résonance vibrante tout en étant charnelle avec le monde. Ces œuvres ne délivrent pas de message mais elles augurent, présagent, tracent, révèlent peut-être mais dans l’infime, le creux, le hiatus, le pore, sans jamais informer, dénoncer et encore moins prouver. Elles se renouvellent librement et à fleur de peau dans la réception dont elles sont l’objet.

Si elles ont des univers chacune très singuliers, ces artistes partagent toutes les trois une intelligence de l’assemblage des formes et-ou des matériaux. Il me semble qu’elles travaillent avec la question de l’agencement dans un espace, de l’écriture d’un territoire qui pourrait être habité par un montage de forme entre elles. De fait, devant les œuvres de ces femmes, nous sommes devant notre propre altérité. Nous sommes invités à la possibilité d’une rencontre. Leur sensualité nous accueillant toujours.

Commissaire d’exposition : Juliette Fontaine

Exposition collective organisée par le CAPA - Centre d’Arts Plastiques d’Aubervilliers, La Maladrerie - Aubervilliers, avec le soutien de l’OPH et la ville d’Auberviliers

 Quand : Du 11 mars au 2 avril 2017 de 15h à 20h
  : 3 allée Gustave Courbet 93 000 Aubervilliers
 Tél  : 01 48 34 41 66
 www.capa-aubervilliers.org
 contact@capa-aubervilliers.org