La ? Une ? La langue russe ne contient ni article défini ni article indéfini. Ce qui importe pour Isabelle Lafon, c’est de livrer une Mouette qui soit à la fois intime, familière et insaisissable. Aussi, en choisissant le texte d’Anton Tchekhov, didascalies comprises, en prenant à elles seules tous les rôles, les cinq comédiennes savent qu’il y a aura des manques. Mais le manque est justement le fil qui noue les amours et les aspirations artistiques nombreuses dans cette pièce où acteurs, écrivains, metteurs en scène désespèrent d’exprimer ce qui brûle en eux-mêmes. Et c’est bien le manque qui oblige à inventer, à motiver et à imaginer…

La pièce s’ouvre sur ces mots : « Coin de parc dans la propriété de Sorine. Une large allée, partant du public et traversant le parc jusqu’à un lac, est barrée par une estrade hâtivement dressée pour un spectacle d’amateurs, si bien que le lac est entièrement invisible. » Dans ce début, Isabelle Lafon reconnaît les prémisses nécessaires au théâtre ; la possibilité, rien qu’en le disant, d’entrer ensemble, spectateurs et actrices, dans un texte. Cette adaptation opère une réduction mais, comme Nina amaigrie au quatrième acte, « ses yeux sont plus grands ». Visant toujours le point ténu, aigu où surgit le théâtre, Isabelle Lafon tente avec Une mouette, comme elle le fait souvent avec d’autres textes qui ne sont pas dédiés au départ à la scène, de rendre à la parole son pouvoir plein : donner naissance aux images dès lors que la parole entre « en jeu ».

 Quand : Du 18 Avril au 6 Mai 2017 ( du lundi au vendredi à 20h30 ; dimanche à 16h ; relâche les jeudis 20 et 27 avril, vendredi 28 avril, lundi 1er et mardi 2 mai ; samedi 29 avril, horaire spécial « Un après-midi en famille » : 18h )
  : Théâtre Gérard Philipe : 59, boulevard Jules-Guesde
93 200 Saint-Denis
 Tél : 01 48 13 70 00
 www.theatregerardphilipe.com