Le retour en grâce des bacs pro du textile
Ce matin, Achlye pose consciencieusement des enformes sur la salopette en wax (tissu africain à motif) qu’elle est en train de confectionner.
À 16 ans Achlye, sort tout juste d’un stage dans un atelier de confection de vêtements de danse, et espère pouvoir aller dans un autre de « robes de princesses », à Strasbourg Saint-Denis., Achlye pose consciencieusement des enformes sur la salopette en wax (tissu africain à motif) qu’elle est en train de confectionner. A 16 ans, elle sort tout juste d’un stage dans un atelier de confection de vêtements de danse, et espère bien pouvoir aller dans un autre de « robes de princesses », à Strasbourg Saint-Denis.
« Plus tard, je veux créer ma marque de vêtement pour enfants », avoue la jeune fille concentrée sur son ouvrage. Au premier rang de la classe de métier du vêtement et de la mode, Lina, fan de manga, veut créer son entreprise de « cosplay », les costumes des personnages de fiction. L’un d’eux trône d’ailleurs déjà sur un mannequin au fond de la classe. Son alter-ego, Jonah, qui porte haut son T-shirt ACDC, veut faire, après son bac pro, une mise à niveau en arts appliqués pour pouvoir être « character designer », inventer des univers de personnages de jeu vidéos... vêtements compris, bien-sûr.
Elles triment sous le regard bienveillant de Pauline Mbachahane, leur professeure de génie textile et cuir. L’ancienne salariée de sous-traitants de Balmain et Courrèges leur apprend d’abord à se familiariser à la machine à coudre, puis leur fait faire de petits objets, des jupes, pantalons, chemisiers...jusqu’au « must » : la veste. Elles apprennent également à modéliser des patrons grâce à des logiciels spécialisés.
La salle de classe voisine accueille les 1ères bac pro en maroquinerie, les seuls du département. Lolita, piercing et dreadlocks teintes en vert, apprend le travail du cuir, mais elle sait aussi tricoter, travailler le verre, et bien d’autres choses. Son rêve ? Vivre dans une communauté autogérée et vendre les objets qu’elle fabrique. Son comparse Guillaume, a appris la couture avec sa grand-mère. Il a déjà fait un stage chez le plumassier Eric-Charles Donatien, et il est le seul à avoir décroché un stage chez Hermès... et il aimerait y travailler si possible un bout de temps avant de lancer sa petite boutique dans Paris, dans laquelle il vendrait des chapeaux et des sacs. Lifan hésite de son côté à poursuivre en BTS, ou à reprendre le restaurant de son père.
Dans ces deux classes du lycée professionnel de la Seine-Saint-Denis, deux catégories d’élèves se côtoient. Il y a « les motivées », qui ont choisi la filière, ou qui ont été convaincues sur le tard. Et celles qui le vivent comme une orientation forcée, qui passent leur bac pour avoir un diplôme mais souhaitent se réorienter ensuite. Et les professeurs doivent pousser les premières le plus loin possible sans laisser les secondes sur le bord du chemin. « Nous avons mis en place des mini stages avant l’intégration de la classe, car beaucoup pensent qu’elles vont étudier le stylisme, alors que nous apprenons ici les techniques de la couture industrielle... Nous préparons les élèves à travailler dans des bureaux d’études, pour mettre au point des prototypes », explique l’ancienne employée dans des ateliers sous-traitants de Balmain et Courrèges. Car pour accéder aux écoles de mode qui les font rêver, le chemin est long et sélectif.
« Seules les meilleures élèves pourront prétendre au BTS des métiers de la mode et du vêtement du lycée Madeleine Vionnet à Bondy », explique Mme Mbachahane.
Avec le retour en grâce des savoir-faire, l’image de voie de garage que pouvait auparavant avoir cette filière n’est plus d’actualité. Les candidatures sont si nombreuses, que les professeurs songent à ouvrir une nouvelle classe...
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