Herman Diephuis : portraits chorégraphiques
Au cœur du parc forestier de La Poudrerie, le chorégraphe Herman Diephuis compte bien réchauffer l’hiver grâce à ses ateliers de danse destinés aux amateurs. Le projet, mené avec le théâtre Louis-Aragon de Tremblay-en-France, ambassadeur du IN Seine-Saint-Denis, s’étend sur 8 séances de travail autour du portrait. Reportage.
Elles s’appellent Christine, Cathy, Delphine, Dominique, Vandijk ou encore Elisabeth. Dans le joli pavillon Maurouard, situé au milieu des arbres du parc forestier de La Poudrerie, toutes attendent avec impatience le début de l’atelier. « C’est la première fois que je viens, j’ai raté le premier », confie Vandijk avec une pointe d’anxiété.
Comme Herman Diephuis, cette habitante de Sevran tombée amoureuse de la France il y a 10 ans, est née aux Pays-Bas. C’est grâce à son amie Christine qu’elle a entendu parler des ateliers mis en place entre novembre 2017 et mars 2018 par le théâtre Louis-Aragon de Tremblay-en-France. « Ce qui est bien, c’est qu’on peut participer sans vraiment savoir danser. On voit comment travaille un chorégraphe. Herman a l’habitude des amateurs, il est très ouvert, très à l’écoute, il y a un bel échange », nous raconte Christine enthousiaste.
Rapidement, ce deuxième atelier débute. Le petit noyau de femmes, qui se tenait serré près des larges fenêtres, s’éclate dans la salle aux murs jaune poussin du pavillon. Les onze participantes et le chorégraphe marchent à la découverte de l’espace, ils se saluent en se regardant dans les yeux, puis avec les pieds, les hanches, le front, les épaules… Les rapports deviennent plus intimes, et la gêne des premiers instants se dissipe rapidement. La bonne humeur est palpable mais il est déjà temps de passer au vif du sujet. Le chorégraphe explique aux quelques nouvelles qu’il souhaite travailler autour du portrait et de la représentation de soi. Pour cela, il dispose sur l’estrade des dizaines d’images, mêlant peintures flamandes du 17e siècle à des icônes pop plus actuelles. Ainsi Justin Bieber, Barack Obama, David Bowie ou encore Beyoncé côtoient des portraits de Rubens. Chaque participante doit choisir 8 portraits pour adopter leurs postures dans un enchaînement de mouvements. « Vous êtes libres d’interpréter les images. Le support est là, mais sentez vous libres d’en faire ce que vous voulez », explique le chorégraphe. « Si la position vous évoque quelque chose, exprimez-le. »
Appliquées, elles mémorisent les mouvements alors que la musique qui va les accompagner résonne dans la salle : une reprise de « Teen Spirit » de Nirvana par Patti Smith. « J’ai choisi la musique pour le tempo et pour son humeur. Il y a quelque chose de profondément mélancolique qui me fait penser à ce groupe », explique Herman Diephuis. « Chaque corps bouge à sa façon, le choix des postures, ça veut dire quelque chose sur les gens. On rentre dans les tableaux, on ne se contente pas de les regarder comme dans un musée ! C’est une excuse pour faire des mouvements que sans l’image on ne ferait pas. »
Les répétitions terminées, les femmes se lèvent une à une pour effectuer leur enchaînement chorégraphique sous l’œil attentif du chorégraphe. Elles finissent toutes debout au fond de la salle dans un portrait de famille étrangement harmonieux. Au fil des passages, Herman Diephuis les encourage, tout en leur prodiguant des conseils très personnalisés. Rien ne semble échapper à son regard aiguisé – et bienveillant. Pour clore cet atelier, le chorégraphe leur demande d’interpréter collectivement des compositions de tableaux de Rubens ou encore du Caravage. Elles s’exécutent dans une bonne humeur enfantine : en deux heures, des liens se sont tissés et la confiance s’est installée. Le prochain atelier aura lieu le 9 décembre, et les participantes ont déjà toutes hâte d’y être.
Constance Bloch
Photos : @Nicolas Moulard
Gratuit sur inscription
Renseignements : Estelle au Théâtre Louis-Aragon : 06 13 74 44 92 / e.ducruit@tremblayenfrance.fr
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