Les inconfinables Saint-Denis

Zine Mobarek, facteur : "Il y a la vie d’avant, et la vie d’après"

Il est facteur, elle pharmacienne, il est chauffeur routier, elle infirmière. Tou·te·s opèrent en Seine-Saint-Denis. Et tou·te·s, malgré les mesures de confinement prises contre la pandémie de coronavirus, se rendent chaque jour sur leur lieu de travail pour maintenir le fonctionnement du pays. Pour Le Mag de Seine-Saint-Denis, ils racontent leur quotidien d’"inconfinables".

Zine Mobarek est responsable d’une équipe de facteurs à Saint-Denis :

« Je suis facteur depuis 2003 et, depuis un an et demi, je manage une équipe de sept facteur·trice·s. Quand le confinement a été décidé, ils·elles se posaient des questions sur la poursuite du travail mais des adaptations ont été mises en place et tout le monde l’a bien pris.
Nous ne travaillons plus que trois jours par semaine et restons confiné·e·s quatre jours. La semaine prochaine, cela va s’inverser : quatre jours de travail et trois jours de confinement. Chaque facteur·trice a deux masques par jour, du gel hydro-alcoolique, des lingettes désinfectantes. Les gestes barrières sont aussi scrupuleusement respectés. Nous avons arrêté de nous serrer la main. Au tout début, on se saluait encore avec les coudes, les pieds, mais il y a eu très vite une prise de conscience. Pour les recommandés, nous ne demandons plus non plus la signature du client mais avons un échange SMS.

Je m’occupe aussi d’une personne dans le cadre du dispositif « Veiller sur mes parents » [un service proposé par le groupe La Poste de visites à domicile pour les personnes âgées isolées et dont elle a annoncé le 26 mars la gratuité pour toute la durée du confinement, cf. ci-dessous]. À la demande de ses proches, je lui rends visite toutes les semaines pour maintenir le lien social. Pendant 10-15 min, nous discutons un peu de tout. C’est un petit moment de dialogue qu’elle attend tous les mercredis. Cela lui fait du bien.
Depuis le confinement, je monte jusqu’à son palier mais je le fais à distance. On peut entrer dans le domicile si la personne le demande mais ce n’est pas son cas. Pour le moment, elle vit plutôt bien le confinement. Je lui pose beaucoup de questions : comment elle va, si elle a vu tel film ou, comme elle aime bien faire la cuisine, ce qu’elle a cuisiné. Cela permet de savoir si elle mange bien. Je lui demande aussi quel jour nous sommes, pour vérifier que tout va bien de ce côté-là. Après chaque visite, un compte-rendu est envoyé à ses proches.

Je dirais qu’il y a la vie d’avant, et la vie d’après. Il y a tellement de mesures prises que nous ne sommes plus naturels dans nos gestes. Nous avons peur bien sûr d’avoir le virus, de le transmettre à nos familles. On se dit : « tiens, j’ai touché ceci », mais nous respectons les mesures et ce n’est pas une peur qui nous paralyse ni ne nous empêche de faire notre travail.
Certaines personnes sont étonnées de nous voir et nous remercient. D’autres sont mécontentes parce qu’elles attendent un colis qui n’arrive pas, mais elles sont très minoritaires et la majorité nous dit bravo. Cela fait plaisir. »

La Poste rend gratuit son service « Veiller sur les parents »
Pour participer à la lutte contre l’isolement des personnes âgées durant le confinement, le Groupe La Poste a rendu gratuit son service « Veiller sur mes parents », de visites hebdomadaires par le·la facteur·trice.
Vous pouvez inscrire un·e de vos proches sur le site de La Poste ou par téléphone au 0800 000 011 (prix d’un appel local).

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