Younès Ghabaoui, gamin de Saint-Ouen
Joueur du Red Star depuis l’âge de 9 ans, Younès Ghabaoui s’est imposé comme titulaire dans son club de toujours, pour sa première année chez les pros. Après avoir connu une belle épopée en Coupe de France, cet arrière gauche de 23 ans rêve maintenant d’une montée en Ligue 2, dans un stade Bauer rénové.
« Pour notre équipe et son honneur/ à Bauer comme à l’extérieur/ toute la tribune reprend en chœur / Allez Red Star allez ! » Ce chant de supporter, Younès le connaît par cœur. Et ça ne date pas de cette saison, à l’heure où les tribunes ont été vidées par le Covid. Non, ce gamin made in Saint-Ouen l’a chanté bien avant, en tant que supporter. Quand, joueur des catégories jeunes, il restait pour le « match des grands » ou faisait même certains déplacements.
« Ado, j’étais très souvent en tribune, à supporter le club dès que je le pouvais. J’ai connu la montée en Ligue 2, en 2015, les matches à Jean-Bouin, des derbies contre le PFC à Charléty… Je me souviens aussi d’un long déplacement à Nancy, en Ligue 2 (défaite 2-0), quand le Red jouait la montée en Ligue 1… », énumère-t-il.
C’est que, depuis l’âge de 9 ans - et mis à part des débuts à Montmartre - Younès ne connaît qu’une seule couleur : le vert du Red Star FC. Des U9 jusqu’à la réserve, cet arrière gauche est passé par toutes les étapes du club audonien. Imaginez donc un peu le bonheur ressenti par ce titi de Saint-Ouen quand, à la 2e journée de National (3e division française), il a cette saison été convoqué par Vincent Bordot dans le groupe pro. « C’était un rêve qui devenait réalité. C’était à Boulogne-sur-mer, j’étais trop content, se rappelle Younès Ghabaoui. La première titularisation en janvier, à Bastia-Borgo, même chose ! J’ai toujours rêvé de devenir footballeur pro, mais j’avais décidé d’y aller par étapes. Et là, ça paye. », dit celui qui est d’autant plus méritant qu’il mène parallèlement des études de STAPS à Nanterre, « pour l’après ».
Et pour sa première saison chez les pros, cet arrière gauche, petit format (1m66) mais bon défenseur et bon contre-attaquant, n’est pas au bout de ses émotions. On sait déjà qu’il lui restera de tout ça le magnifique parcours du Red Star en Coupe de France – qualification face à Lens en 16e, élimination en 8e aux tirs au but contre le Lyon de Memphis Depay, face à qui Younès n’a pas fait de complexes...
Se recentrer sur le 93
Mais l’essentiel se joue maintenant : après deux saisons en National, le Red Star aimerait vite revoir la Ligue 2, à l’heure où le stade Bauer va enfin être rénové et où le club ne sera plus tenu de jouer tous ses matches « à l’extérieur », comme ce fut le cas lors des dernières années. « La montée est encore jouable, bien sûr, même si en ce moment les résultats sont décevants, estime Younès au lendemain d’un nul frustrant à Concarneau (1-1). (A 5 journées de la fin, le Red Star est 5e, à 1 point de la place de barragiste). Mais on reste mobilisés. On peut encore accéder à cette 3e place », veut croire celui qui a fait son trou comme titulaire sur le côté gauche.
« Avec le nouveau Bauer et notre centre d’entraînement qui sera à Marville, à Saint-Denis, l’idée, c’est de se recentrer sur le 93, expose Younès. Il y a du talent ici. Là, on est dans la dernière ligne droite, donc c’est un peu plus compliqué pour moi de suivre les jeunes, mais d’habitude je m’intéresse à leurs résultats et je peux vous dire qu’il y a de la qualité. »
Sans doute se revoit-il lui-même quand, collégien à Joséphine-Baker puis lycéen à Blanqui, deux établissements de Saint-Ouen, il se dépêchait de quitter les cours pour venir s’entraîner. Avec les jumeaux Calvin et Matias Ferreira, ils faisaient alors les beaux jours des U13 puis de la réserve du club. « Matias, c’est mon pote et en même temps un modèle pour moi. On a fait toutes nos catégories jeunes ensemble avant qu’il ne parte à l’INF Clairefontaine (prestigieux lieu de préformation de la fédération). Ensuite, il est revenu en réserve où on a rejoué ensemble, lui latéral droit, moi à gauche, son frère dans l’axe », souffle Younès.
Une montée puis un maintien en Ligue 2 permettraient au Red Star d’ouvrir un centre de formation, bonne nouvelle pour le club qui ne verrait ainsi plus ses talents se disséminer aux quatre coins de la France, mais aussi pour les jeunes, qui pourraient ainsi rester plus longtemps près de leurs attaches familiales tout en connaissant le très haut niveau. Mais voilà, pour ça, il faut monter… En attendant de placer des centres chirurgicaux face à Cholet, samedi, Younès a déjà un chant tout prêt pour ça : « On marche encore/ nous sommes de plus en plus forts/ et nous remontons une à une toutes les divisions... »
Christophe Lehousse
Photos : ©Jérémy Melloul et Baptiste Autissier
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