Une ferme urbaine et ouverte à Saint-Denis
Après 18 mois de travaux, elle est là et ouverte aux visites, voici la ferme ouverte de Saint-Denis, rattachée aux fermes de Gally. Petit tour de l’exploitation, ambassadrice du IN Seine-Saint-Denis et emblématique des efforts de ce label pour dynamiser l’agriculture urbaine.
Imaginez une ferme maraîchère, à deux pas d’une université, entourée de cités et où on peut s’y rendre en métro… Non, vous ne rêvez pas, c’est bien en Seine-Saint-Denis, et plus précisément à Saint-Denis. Cette ferme urbaine qui a choisi de porter le nom de « ferme ouverte » a ouvert officiellement ses portes en ce mois de mai, après 18 mois de travaux. Jusqu’en 2017, son activité était connue pour ses productions légumières et plus particulièrement, ces dernières années, ses salades. Chaque année, c’est quelque 500 000 salades qui étaient produites sur les terres exploitées par René Kersanté pour être distribuées dans les grandes surfaces du secteur. Celui-ci, figure locale et dernier maraîcher de la ville ne voulait pas laisser dépérir cette activité sans qu’un projet sérieux se présente.

Les fermes de Gally
Suite à un appel à projets lancé par la municipalité de Saint-Denis, propriétaire du site depuis les années 1980, qui souhaitait pérenniser à tout prix cette activité maraîchère, les « fermes de Gally » associé au parti poétique animé par Olivier Darné, ont répondu ensemble et remporté cet appel à projets. Xavier Laureau, co-dirigeant des fermes de Gally en signant un bail rural de 25 ans, s’engage à maintenir l’activité de production maraîchère du site. « Il s’agit de pérenniser ce lieu d’exception en en faisant une ferme pédagogique et productive ouverte sur le quartier », explique-t-il.
La ferme urbaine de Saint-Denis compte bien produire des variétés locales anciennes comme les choux de Saint-Denis, les oignons blancs de Paris, les laitues d’Aubervilliers mais aussi s’ouvrir à de nouvelles productions comme celle du maïs réclamée par les habitants des cités avoisinantes. La monoculture privilégiée par René Kersanté va donc faire place à une production diversifiée, à la fois en plein champ et en hydroponie dans une nouvelle serre construite à cet effet.

Un ensemble d’outils remarquable
Outre des films tournés sur l’exploitation par René Kersanté qu’on peut visionner sur grand écran et des photos documentant de manière très précise l’activité de maraîchage, la ferme ouverte, à la suite d’un accord partenarial avec la ville de La Courneuve, bénéficie d’une collection remarquable d’outils provenant de l’éco-musée, et exposés dans plusieurs salles.
A l’extérieur, un circuit de visite est organisé autour de toutes les techniques anciennes depuis le Moyen Age jusqu’aux années 1960. Jachères mélangées, chenillettes en plastique, couches chaudes et froides, châssis chauds et froids, rails de Coville avec ses wagonnets… Un véritable musée en plein d’air de toutes les techniques d’exploitation.
Claude Bardavid
Trois questions à Jeanne Crombez
Responsable de la ferme, ingénieure-paysagiste de formation, diplômée d’Agrocampus Ouest
Quels publics souhaitez-vous accueillir ?
La ferme ouverte de Saint-Denis accueillera les enfants des écoles de Saint-Denis, du département et plus largement les enfants des écoles parisiennes. Le site sera également ouvert aux familles qui habitent tout près, notamment les week-ends, les mercredis et pendant les vacances scolaires.
Enfin la ferme ouverte de Saint-Denis pourra accueillir les entreprises installées à Saint-Denis pour des séminaires ou des réunions de travail.

Quelles découvertes proposez-vous aux enfants ?
Comme dans les autres fermes de Gally, les enfants pourront participer à des ateliers pédagogiques autour des productions agricoles et de leurs transformations en fabricant du pain et du beurre, ou en extrayant du jus de pommes. Les thématiques autour du goût, des 5 sens et du maraîchage seront à l’honneur. Enfin, ils pourront se familiariser avec les animaux présents en les approchant.
C’est aussi un lieu de production…
Bien sûr, sur plus de 2,5 hectares, nous produisons des espèces traditionnellement cultivées dans la Plaine des Vertus (choux, oignons, radis, navets…) qui seront complétées par une offre de salades, cucurbitacées et d’aromatiques.
René Kersanté : « C’est ma grand-mère qui a fondé l’exploitation
C’est un jeune homme de 77 ans, cheveux au vent, et lunettes teintées, qui nous accueille pour nous faire découvrir le lieu en compagnie de Xavier Laureau et Jeanne Crombez.
« Il y a 63 ans cette année que nous aurions dû être expropriés, raconte en souriant, René Kersanté. Alors mes parents et moi-même avons trouvé des terrains dans l’Oise et le Val d’Oise, sans abandonner celui de Saint-Denis. Notre chance est d’avoir été racheté par la ville de Saint-Denis et inscrit au Plan local d’urbanisme comme terre agricole. On dit souvent qu’il ne faut pas rêver ! Mais si, il faut rêver, la preuve ! »

C’est la grand-mère de René Kersanté qui, arrivée de Bretagne en 1920, a fondé l’exploitation. « Comme beaucoup d’immigrés bretons, elle est montée à Paris pour gagner sa vie. Elle a d’abord travaillé chez des maraîchers et à 22 ans, le 1er juillet 1922, elle a acquis la « prisaie », c’est-à-dire le droit de travailler et de vendre ses productions, bien qu’elle ne soit pas propriétaire. Mon grand-père, gazé pendant la Première Guerre mondiale n’avait pas la force de conduire ce projet. C’est donc elle qui a mené ce projet toute seule. »

La grand-mère de René Kersanté, est née à Broons, dans les côtes d’Armor, connue pour être également la ville natale du chevalier Bertrand du Guesclin. « Le piment de l’histoire, ajoute malicieux le maraîcher à la retraite, c’est que Du Guesclin est enterré à Saint-Denis dans la basilique au milieu des rois de France. Quant à moi, je ne finirai peut-être pas à la basilique ! »
Propos recueillis par Claude Bardavid
La Ferme ouverte
112 avenue de Stalingrad
Saint-Denis
fermeouvertedesaintdenis.com
Métro : Saint-Denis université
Bus : 253 : arrêt Henri-Barbusse ; 255 : arrêt Clos Hanot
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