Art Saint-Denis Archéologie

Une exposition dévoile les similitudes entre l’art et l’archéologie

Présentée au musée d’art et d’histoire de Saint-Denis jusqu’au 18 février prochain, l’exposition « Art et Archéologies, ConVersatoire » propose de faire dialoguer l’archéologie, l’art contemporain et les habitants. Où l’on découvre que d’une époque à l’autre, les points de convergence sont nombreux entre ces disciplines.

L’art contemporain et l’archéologie, deux disciplines que tout sépare ? En apparence seulement. Alors certes, l’une, volontiers transgressive, est l’expression de la subjectivité de l’artiste, et l’autre repose sur des principes scientifiques censés bouleverser nos connaissances sur l’histoire de l’humanité. Mais la distinction s’arrête là nous assure l’exposition « Art et Archéologies, ConVersatoire » réalisée, en autres, par le département de la Seine-Saint-Denis et visible au musée d’art et d’histoire de Saint-Denis jusqu’au 18 février.

Dans ce deuxième volet du projet « Quand l’art et l’archéologie se regardent » (le premier intitulé « Ça va laisser des traces » s’est tenu à Neuilly-sur-Marne d’avril à juin derniers), des œuvres contemporaines, des objets archéologiques et des récits de vie des habitants entrent en conversation, provoquant des rapprochements d’époques inattendus. « Les artistes et les archéologues partagent un certain nombre d’outils et de techniques comme la photographie, le moulage, le dessin et mettent tous deux la question de l’interprétation au centre de leur démarche, fait justement remarquer Nathalie Lafforgue, commissaire de l’exposition. Les confronter peut engendrer des réflexions et faire émerger des sensations chez le visiteur. »

Archéologie contemporaine

Les artistes sélectionnés, une vingtaine, portent tous une interrogation commune sur l’archéologie. L’une des œuvres les plus emblématiques de ce syncrétisme est sans nul doute "The Three Humors" de l’artiste libanais Ali Cherri, qui associe des ossements d’animaux et des poteries précolombiennes. « Les os ici exposés proviennent d’animaux mangés par les habitants de Saint-Denis au 10e siècle, explique Nathalie Lafforgue. Ils ont été excavés par les archéologues et étudiés pour informer les humains du 20e siècle de la vie de leurs ancêtres. Ali Cherri les réhabilite à son tour mais à sa façon, avec son œil d’artiste. »

« Fait », la série de photographies signée Sophie Ristelhueber marque aussi les esprits. Cette succession de prises de vue aériennes et prises de vue au sol font perdre tout repère d’échelle et donne à voir les stigmates de la guerre du Golfe dans le désert koweitien en 1992, un an après. Un travail qui relève de « l’archéologie contemporaine », pourrait-on oser. Ici, l’artiste s’intéresse à l’impact, à la trace que l’homme laisse sur la planète de manière quasi-instantanée. L’Histoire attendra. Julia Lopez, quant à elle, collecte depuis 2017 auprès des habitants de Saint-Denis des tissus et des vêtements accompagnés d’un récit. A chaque étoffe son souvenir, son anecdote. Ainsi, dans 400 ans, apprendra-t-on peut-être que le jean Diesel élimé que l’on peut voir dans cette collection a été porté par un jeune Dionysien dénommé Jonathan le jour où il s’est fait mordre à la cuisse par un chien.

Photos : @Nicolas Moulard

<quizvue12695>

Dans l'actualité