IN Seine-Saint-Denis

Un territoire en pleine mutation

Ils et elles connaissent bien la Seine-Saint-Denis et la trouvent incroyable, bosseuse, solidaire, créative, innovante, joyeuse, exemplaire, accueillante… Et vous, qu’en dites-vous ?

Savez-vous que la Seine-Saint-Denis possède le taux de création d’entreprises le plus élevé de France ? Que ces créateurs d’entreprise sont plus jeunes et plus diplômés qu’ailleurs ? « La Seine-Saint-Denis, c’est ça : des gens qui bossent. Les centres d’affaires qui ont ouvert dans les quartiers sont pleins de gens qui travaillent de 8 heures à 22 heures. Et ils bossent, c’est une réalité », explique Majid El Jarroudi, qui a reçu le Prix de l’entrepreneur de l’année fin 2015*.

Savez-vous qu’on compare déjà la Seine-Saint-Denis à Brooklyn et Shoreditch (des quartiers new-yorkais et londonien particulièrement dynamiques) ? Que les artistes de demain s’y sentent bien et qu’on les y accueille à bras ouverts ? Pôle emploi a répertorié 1 930 postes à pourvoir dans le milieu artistique – en musique, danse, spectacles, professeurs d’art – rien que pour cette année. Il s’agit du profil le plus recherché, toutes catégories confondues.

Une terre d’accueil

La Seine-Saint-Denis regorge de talents et d’énergie. Les marques de luxe commencent à y recruter leurs égéries : le Stanois Rod Paradot, le Balbynien Jean-Marc Mormeck. Et la Banque de France va s’installer en 2018 à La Courneuve : tout un symbole… Le blogueur aulnaysien et globe-trotter Wael Sghaier se demande si « l’image de la Seine-Saint-Denis n’est pas en train de changer. C’est un peu ce que je ressens quand je parle de mon projet. Des gens qui ne seraient pas venus il y a dix ans viennent désormais ici. La barrière psychologique est en train de s’effriter. » Avec son blog Mon incroyable 93 – voyage en Seine-Saint-Denis, ce jeune homme de 28 ans a souvent été taxé d’angélisme : « Je réponds que je parle de la réalité, ou plutôt d’une réalité : du patrimoine et des initiatives positives. » Et Wael n’invente rien…

JPEG - 90.1 kio

D’ailleurs, cet été il est reparti dormir chez les habitants de Seine-Saint-Denis avec une caméra, pour en faire la preuve par l’image. « Si le métissage était une valeur, ce serait celle de la Seine-Saint-Denis. Métissage et diversité humaine, culturelle. Son humanité. Ce n’est pas pour rien que la Seine-Saint-Denis est une terre d’accueil. À chaque fois, j’y suis très bien reçu. »

« Des gens qui ne seraient pas venus il y a dix ans viennent désormais ici. La barrière psychologique s’effrite… »

Des initiatives collectives et individuelles pour montrer la Seine-Saint-Denis telle qu’elle est sont de plus en plus nombreuses. L’une d’elles est à l’initiative du Département : « In Seine-Saint-Denis ». Elle s’appuie sur un constat : la Seine-Saint-Denis a changé mais, pour la majorité des Français, elle reste celle qui porte une casquette vissée à l’envers, avec tous les clichés qui en découlent.

JPEG - 82.5 kio

L’un des ambassadeurs de cette marque n’est autre que le réalisateur Olivier Babinet. Dans le dossier de presse de Swagger, il parlait des collégiens qu’il avait rencontrés en ces termes : « J’ai envie de casser les clichés. Je veux montrer leur très grande ambition, leurs valeurs, leur droiture, leur romantisme, leur douceur, leur imagination. Leur recul sur le monde et la société de consommation, sur la bêtise caricaturale et sexiste des clips et de la télé-réalité. Leur recul sur eux-mêmes, leur condition. Je veux montrer leurs contradictions, leur naïveté, leurs paradoxes, leur solidarité, leur gentillesse et leur empathie. Je veux rendre hommage à leur bonne humeur, leur humour, leurs mots d’esprit, leur lucidité, leur timidité, leur pudeur, leur ouverture d’esprit. »

Dans les collèges, les changements sont notables, tant du point de vue de la qualité du bâti que de l’accueil des élèves, comme le reconnaît Wael : « Ma petite sœur a de la chance, elle est collégienne en Seine-Saint-Denis dans un établissement de haute technologie. Elle fait de la musique, joue au tennis. Et tout ça, elle l’a découvert au sein du collège, qui propose des parcours culturels. »

Comme en Californie

Contrairement à d’autres départements, ici on n’a ni station thermale, ni cimes enneigées mais des trésors qu’on souhaite partager : un patrimoine, des talents, un territoire soudé par des valeurs communes. Majid El Jarroudi compare même la Seine-Saint-Denis à la Silicon Valley : « Comme en Californie, nous avons deux universités, deux aéroports, des autoroutes. » Et un réseau de transports qui ne cesse de s’améliorer. Les prolongements de certaines lignes et la création de lignes nouvelles sont d’ailleurs attendus par un million et demi d’habitants : « Le taux de création d’entreprises le plus élevé de France, la population la plus jeune de France. C’est le département le plus connecté en termes informatique, tous les data centers sont en Seine-Saint-Denis. C’est le département du futur ! Il faut le faire savoir… »

(*) L’agence MUSE D.Territoires et l’Adive proposent
les 20 et 21 septembre au Stade de France un événement autour de « l’empowerment » entrepreneurial :
empowermentenaction.com/

Crédits : P. Lecomte, D. Ruhl, F. Rondot, B. Lévy.

Dans l'actualité