Montreuil Handicap

Un accueil, comme à la maison

En Seine-Saint-Denis, quinze familles ont choisi de partager leur domicile comme leur vie avec des personnes handicapées ou âgées. Une solution alternative au placement en institution, que le Plan Défi Handicap entend développer pour offrir 50 places d’ici à 2021. Parmi ces familles : Djamila, qui accueille depuis bientôt quatre ans Priscilla chez elle à Montreuil. RENCONTRE.

Priscilla est une belle jeune femme de 23 ans, souriante et timide, qui aime faire les boutiques, s’apprêter, danser. Une jeune femme comme tant d’autres, si ce n’est qu’elle souffre d’un trouble psychique sévère qui entraîne une perte de contact avec la réalité et altère le fonctionnement de sa pensée.

Sa mère étant aussi dans ce cas de figure, Priscilla a été placée à l’âge de 8 ans. À 20 ans cependant, désormais considérée comme adulte, elle a dû quitter sa famille d’accueil. Incapable de vivre seule, elle en a retrouvé une autre, chez Djamila Daoudi à Montreuil.

Une alternative à l’institution

Depuis 2010, le Département de la Seine-Saint-Denis s’est en effet engagé dans la mise en œuvre du dispositif d’accueillants familiaux. Ce système s’adresse à toutes les personnes atteintes d’un handicap (physique ou psychique) ou âgées qui ne veulent ou ne peuvent vivre seules mais pour qui le placement en institution n’est pas forcément la solution.

Elles sont accueillies par des familles volontaires et rémunérées, qu’elles choisissent et qui les choisissent, pour en devenir un membre presque à part entière. Avec elles, elles partagent le domicile mais aussi le quotidien, les repas, les loisirs. Tout ceci fait l’objet d’un contrôle strict des services départementaux, qui se rendent au domicile en amont de l’accueil, puis régulièrement pour assurer un suivi. Des formations initiales et continues sont par ailleurs organisées pour les accueillants.

Djamila a fait ce choix il y a cinq ans et, depuis, s’épanouit dans ce métier particulier. Il faut dire que, auparavant, elle a travaillé durant 22 ans comme auxiliaire de vie, dans diverses structures ou à domicile. « J’ai essayé de faire autre chose, dit-elle en riant, mais c’est mon domaine. Je suis bien là-dedans, parce que j’aime aller vers les gens. Je suis croyante aussi et c’est une façon de faire du bien. »

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Une vie de famille sécurisante et stimulante

Chez elle, Priscilla dispose de sa propre chambre, redécorée selon ses goûts. Les objets personnels y sont peu nombreux : quelques photos d’elle et de sa famille, soigneusement conservées dans un tiroir, et des produits de beauté, beaucoup, méticuleusement alignés sur les étagères. « Je suis un peu coquette et me maquille des fois », avoue la jeune femme avec un sourire timide.

Au quotidien, Djamila sollicite Priscilla pour l’aider en cuisine, faire le ménage. « Je lui apprends les choses de la vie quotidienne, comment on tient une maison. Je lui parle des impôts, de la Caisse d’allocation familiale, etc. Car peut-être qu’à un moment elle vivra seule », explique Djamila. Elle l’a aussi inscrite à des cours de natation et d’informatique. Ensemble, elles se rendent parfois à la salle de sport, au restaurant, dans la famille de Djamila, dans des mariages. Cet été, elles sont même parties en vacances en Algérie.

« Elle a complètement changé »

Mais sa plus belle récompense est l’évolution de Priscilla. « Quand elle est arrivée, elle s’enfermait dans sa chambre et tout son argent de poche passait dans le grignotage, se remémore l’accueillante. Aujourd’hui, elle a complètement changé. Elle est devenue plus adulte et a appris plein de choses. » La jeune fille, elle, pense en avoir encore beaucoup à apprendre. «  J’aimerais bien vivre seule, mais pas maintenant. Je ne me sens pas encore prête  », assure-t-elle. Puis d’ajouter : « Je suis bien ici  ».

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