Théo Pourchaire, de l’ASK Rosny 93 à la F1...
Les images de son accident du 5 décembre lors du Grand Prix F2 d’Arabie saoudite ont fait craindre pour sa santé et sa carrière. Déjà en 2012, après avoir failli être à 9 ans le plus jeune champion de France de karting, il avait presque raccroché le casque. Abattu après une sortie de piste qui l’a privé du titre, Théo Pourchaire avait croisé, ce jour-là, Jean-Pierre Deschamps, président de l’ASK Rosny 93 décédé en avril dernier : « Lui parler m’a sauvé, remonté le moral pour repartir de plus belle. » Nous lui souhaitons de reprendre très vite le volant !
Aujourd’hui, à 18 ans Théo Pourchaire est aux portes de son rêve, en Formule 2, « l’antichambre de la F1 », au sein de l’écurie Sauber Team Junior. Un court temps licencié à l’ASK Rosny 93, il s’était arrêté entre deux courses avant son accident pour prendre le temps de nous répondre.
« Je me souviens très bien de ce jour où Monsieur Deschamps est venu me remonter le moral. Nous étions à Salon-de-Provence et pour la première fois, moi le garçon du Sud, je devais courir sous la pluie, raconte Théo Pourchaire.
J’avais neuf ans et je roulais pour être le plus jeune champion de France de karting de l’histoire. A deux doigts du titre, après avoir quasiment tout gagné dans ma jeune carrière, je fais une erreur de pilote suivie, bien sûr, d’une sortie de piste. De son côté, ma sœur aînée Pauline qui pilotait, alors, aussi, est déclassée alors qu’elle avait gagné une coupe de France. Et, nous nous sommes retrouvés tous les deux très déçus. Alors, arrive Monsieur Deschamps pour nous remonter le moral et nous proposer de l’aide en nous licenciant à Rosny. De là, ma carrière est repartie ascendante pour ne jamais s’arrêter… ».
"Présent à chaque course"
De 2013 à 2017, le pilote, originaire de Grasse (Alpes maritimes), court sous les couleurs de Rosny. Dès la première année, il est champion de France minimes puis, cadets et juniors avant une troisième place aux championnats du monde juniors ! Mais, contrairement à Esteban Ocon et Pierre Gasly, il n’a « jamais roulé une seule fois » sur le circuit aulnaysien. Lui s’est façonné sur le circuit de la Sarrée, niché sur un plateau au-dessus de Cannes, où un certain Fabio Quartararo (22 ans), champion du monde de moto GP en 2021, fit aussi ses premiers tours.
De ses années à Rosny, l’actuel pilote de Formule 2 n’oublie pas « les encouragements de Monsieur Deschamps, très protecteur, très gentil. Il ne se permettait pas vraiment de donner des conseils mais, surtout, d’être en soutien, d’être avec moi si mon père ne le pouvait pas, d’être présent à chaque course pour nous inviter à ne rien lâcher. C’était vraiment le passionné par excellence ».
« Je veux devenir champion du monde de F1, pas juste rouler en F1… »
Pendant que Pauline arrête pour se consacrer à ses études, Théo passe, lui, les vitesses pour rester le premier, avec toujours Rosny dans le rétro : « Oh oui, on pense souvent avec mon père, à Monsieur Deschamps… ».
Plus jeune pilote en Formule 3, plus jeune en Formule 2 à gagner (17 ans et 9 mois, c’était à Monaco !), plus jeune pilote à faire un essai en Formule 1, le prodige est en orbite.
Cet été, à la veille de ses 18 ans à Budapest en Hongrie (là où Esteban Ocon gagne, cette saison, son premier Grand Prix !), le Grassois a signé son premier essai en Formule 1, au volant d’une Alfa Roméo, avec une équipe de 35 personnes derrière lui : « Alors là, j’ai basculé dans un monde à part, un truc de fous, un monde vraiment au-dessus où il faut accélérer plus tôt et freiner plus tard. Pour le cerveau, tout arrive plus vite. Pour le cou et le cardio, tout est plus puissant : c’est très fatiguant… »
Inspiré et aspiré par Quartararo
Comme Fabio Quartararo avec qui il échange via les réseaux sociaux, Théo Pourchaire aimerait arriver vite « faire deux années en Formule 1 avant de gagner le titre. Moi, je veux devenir champion du monde, pas juste rouler en F1 ! »
Déjà en Formule 1, Esteban Ocon (25 ans) le devine dans son propre rétro : « Ah, il est bien plus rapide que moi au même âge ! Il va arriver très très vite et va être très très vite… »
En attendant, l’ancien protégé de Jean-Pierre Deschamps poursuit ses armes en Formule 2 avec l’écurie ART, se remet d’une récente fracture au poignet l’handicapant encore pour rattraper ses glissades, court de circuits en simulateurs en Suisse jusqu’à y boucler 250 tours par jour pour fignoler ses chevaux : « Grâce à la direction assistée, la F1 sollicite moins les bras que la F2. Mais alors, le cou en prend vraiment en gros coup quand j’arrive fort pour freiner tard. »
Depuis l’interview son accident sur la ligne de départ du Grand prix d’Arabie saoudite a mis un frein à ses ambitions de titre mondial Formule 2 (n’ayant pas pu démarrer, il a été heurté de plein fouet par l’arrière ndlr). Mais il est toujours question d’un volant en Formule 1, peut-être pas encore l’an prochain … En attendant Théo Pourchaire va consacrer sa fin d’année à se refaire une santé, décrocher son code puis, son permis de conduire !
Photos : Formula Motorsport Limited et Franck Rondot
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