Sous les scellés, la culture !
Jusqu’au 20 septembre, l’association Mur 93 organise à Mains d’œuvres à Saint-Ouen, "Destin scellé", une exposition-vente d’artistes urbains qui ont laissé libre cours à leur imagination sur les panneaux de métal qui avaient l’espace de 99 jours interdit l’accès à ce lieu de culture et de rencontres. De l’art engagé pour continuer le combat de Mains d’œuvres plus que jamais en quête de liberté de créer et d’oser...
Si vous voulez voir une expo qui n’est pas à côté de la plaque, mais bien dessus, alors courez, marchez ou roulez jusqu’à Mains d’œuvres à Saint-Ouen. Jusqu’au 20 septembre, l’association Mur 93 organise dans ce lieu de culture(s) de la Seine-Saint-Denis, une exposition-vente d’œuvres d’artistes urbains qui ont laissé libre cours à leur art sur les plaques en métal qui avaient scellé et emmuré l’ancien Centre social et sportif des Usines Valeo. Près de 4000 m² à deux pas du Marché aux Puces de Saint-Ouen où bouillonnent et rayonnent la création depuis 2001. Le hic et on fait court sur ce chapitre, c’est qu’en octobre 2019, l’ex-maire de Saint-Ouen a mis dehors la main d’œuvre de Mains d’œuvres en commandant une expulsion musclée et scellée par l’apposition de plaques de métal sur les façades du bâtiment artistique.
Ensuite, le temps que la justice fasse son œuvre, 99 jours se passent avant que le Tribunal de Grande Instance de Bobigny n’annule l’expulsion ordonnée par l’ex-municipalité. Là-dessus, vous rajoutez un confinement-déconfinement et un après-COVID-19 et revoilà Mains d’œuvres qui revient en scène, ce mois de septembre, pour une exposition qui doit lui redonner de la vie et un peu de finances.
« Le coup du Mur de Berlin »

La graffeuse de Saint-Ouen Miaoutoo
Histoire également de voir loin. Un peu comme MiaouToo, graffeuse audonienne, dont la grand-mère Paulette, autre Audonienne de souche s’apprête à fêter ses 100 ans. « Me mobiliser pour Mains d’œuvres en leur donnant une création originale, c’est naturel pour moi, confie-t-elle, parce que j’étais de toute la mobilisation populaire qui a permis de sauver, pour le moment, ce lieu qui fait vivre la culture. Et des lieux comme ça, il n’y en a pas 50 à Saint-Ouen et même à l’échelle du Grand Paris. C’est avec Mains d’œuvres qu’on peut créer des projets qui amènent la culture un peu partout dans les quartiers populaires. Donc, oui, pas touche à Mains d’œuvres ! »
Autre "petite main" croisée lors du « vernis pas sage » de l’expo ? Marion Chombart de Lauwe avait le sourire après avoir vendu (900 euros partagés au profit de Mains D’œuvres et Mur 93) son pochoir grand format gratté avec des tessons de vitres brisées, vestiges de l’expulsion policière de Mains d’œuvres : « Pour moi qui travaille beaucoup sur la disparition de lieux publics en milieu urbain, c’était presque symbolique de créer au service d’un lieu dont la pérennité n’est pas encore actée », glisse l’artiste installée à Paris.
Pratiquement, ce sont en effet près de 100 000 euros de travaux qui sont à la charge de l’association Mains d’œuvres pour sécuriser son site et réparer les dégâts de l’expulsion de l’automne 2019 : de nombreuses fenêtres brisées en façade, de la serrurerie endommagée... Rien qui fasse peur cependant à Juliette Bompoint, la directrice de Mains d’œuvres : « Destin scellé, c’est une expo qui clôture le monde d’avant et nous projette vers l’après en y mettant un peu de poésie. Et puis, les plaques de scellés qui deviennent des œuvres d’art, c’est un peu le coup du Mur de Berlin. On crée des objets d’arts chargés de symboles en invitant des artistes à s’exprimer sur ce matériau qui voulait les enfermer. D’un coup, on dit bye-bye les plaques et on envoie de l’art chez les gens. Autant dire qu’on n’est pas mécontents de notre coup ! »
Mains d’œuvres en prépare d’ailleurs d’autres avec une saison culturelle dont les trois coups seront frappés le vendredi 18 septembre. En trois temps forts et trois trimestres. Primo « Respire », deuxio « Rêve » et tertio « Parle ».
De l’implacable !

Les Sœurs Chevalme, Lek, Sifat, Joachim Romain, BerthetOne, ce sont quelques-uns des 40 artistes urbains réunis à Mains d’œuvres par le collectif Mur 93 qui depuis 2016 valorise le graff et promeut l’art urbain et les jeunes talents de Seine-Saint-Denis. Lesquels sont largement présents sur les murs de Mains d’Oeuvres pour l’expo-vente Destin Scellé. « Pour nous, c’était naturel de convier en priorité des artistes locaux ainsi que celles et ceux qui ont déjà créé sur notre mur-vitrine de Saint-Denis, explique Nicolas Obadia, le président du Mur 93. Et puis, c’était tout aussi naturel de venir en aide à Mains d’œuvres. Comme nous, ils et elles sont des militants de l’art urbain et d’une culture populaire qui est un levier de citoyenneté. Surtout et enfin, en cette période de Covid, il faut plus que jamais soutenir les artistes. Eux aussi ont besoin de soutien parce que l’art ne peut pas être confiné ou mis sous scellés. Surtout pas ! »
Photos : ©Franck Rondot
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