Samy d’Auber
En 2009, Samy Seghir fait rire plus de deux millions de spectateur·rice·s en interprétant un jeune de cité accueilli par une famille huppée dans "Neuilly sa mère". Douze ans plus tard, le comédien d’Aubervilliers, cantonné un temps aux rôles de banlieusard, a étoffé son jeu et enchaîne les films avec les plus grands acteurs français.
Lorsqu’en 2006 sa mère répond à une annonce du journal municipal Aubermensuel, elle n’imagine pas que l’audition de son fils pour "Michou d’Auber" serait le point de départ d’une fulgurante carrière de comédien. À tout juste 12 ans, le jeune garçon, sélectionné parmi une centaine d’enfants, est propulsé sur les plateaux de cinéma avec pour partenaires Gérard Depardieu et Nathalie Baye. Remarqué par Luc Besson, il n’aura alors de cesse de jouer pour le cinéma et la télévision.
Meilleur espoir masculin aux Prix Lumière
L’acteur séquano-dionysien, qui a une filmographie impressionnante, zigzague avec fluidité entre comédies légères et rôles dramatiques. Après un premier tournage bon enfant à Nevers, il enchaîne avec "Harkis", un téléfilm poignant avec Smaïn et Leïla Bekhti. Il apparaît ensuite dans le western familial "Big city" puis dans un court-métrage de quinze minutes sur les ravages psychologiques du racisme. « J’ai eu une scolarité interrompue au collège Gabriel-Péri puis au lycée Le Corbusier à Aubervilliers mais je suis heureux que les liens avec mes copains de la cité (NDLR : quartier Émile-Dubois) n’aient pas bougé » souligne-t-il. « C’est peut-être lié à la mentalité de la Seine-Saint-Denis, les gens sont proches et vous remettent tout de suite les pieds sur terre. »
En 2009, il décroche le rôle culte de Sami Ben Boudaoud dans le long métrage "Neuilly sa mère !" qui lui vaudra une pré-nomination aux César 2010 et plus tard une nomination au meilleur espoir masculin du Prix Lumière. « Personne ne s’attendait à un succès aussi colossal. Après le tournage, j’ai même eu des admiratrices qui envoyaient des lettres à mon lycée et je me faisais remonter les bretelles par le CPE... » confie-t-il en rigolant.
Un an plus tard, il tourne sous la direction d’Alain Tasma le téléfilm coup de poing "Fracture" sur la misère sociale dans les banlieues et partage la vedette avec l’actrice Anaïs Demoustier. « La plupart des scènes étaient jouées avec de vrais élèves dans un collège d’Aulnay-sous-Bois », souffle-t-il d’un air jovial. « J’en garde d’excellents souvenirs et j’ai été bluffé par le niveau des jeunes qui passaient pour la première fois devant la caméra ».
Samy passe son bac et diversifie ses rôles au cinéma
Entre deux tournages, le jeune comédien suit les cours du CNED par correspondance et profite de professeur·e·s mis·e·s à sa disposition par les équipes. « Mes parents m’ont incité à ne pas lâcher les études et garder la tête sur les épaules car le métier d’acteur est assez précaire. Ils craignaient les exemples des enfants stars américains qui tombent dans la drogue une fois leur succès envolé ». En 2011, il se frotte au polar en jouant un ado rebelle enlevé par des truands dans "Nuit blanche". « J’ai pu réaliser ma première cascade en voiture et participer à des scènes d’action chorégraphiées à la seconde près avec des stars comme Tomer Sisley, Joey Starr et Julien Boisselier », s’enthousiasme-t-il.
Samy, catapulté au rang d’acteur d’envergure nationale, apparaît désormais à la télévision (série policière Caïn ou le Bureau des légendes sur Canal +) et croise des célébrités au cinéma. Il met à profit ses entraînements au Football Club d’Aubervilliers dans "Les petits princes" tourné au camp des Loges et tape le ballon avec Eddy Mitchell ou Reda Kateb. L’attachant comédien sympathisera plus tard aussi avec les chanteurs Marc Lavoine et La Fouine dans le film potache "À toute épreuve" réalisé dans son ancien lycée.
En 2013, il passe trois mois sur un catamaran de compétition au large des Sables d’Olonne et partage avec François Cluzet l’affiche du film "En solitaire". « Je jouais le rôle d’un migrant qui embarque dans un voilier du Vendée Globe pour rejoindre l’Europe. François, le skipper et moi incarnons deux mondes totalement différents mais qui vont finir par mieux se comprendre... » . Quelques années plus tard, Samy retrouve ses confrères Denis Podalydès et Jérémy Denisty dans la suite Neuilly sa mère, sa mère.
Après quinze films avec la crème des acteurs français, le jeune homme cherche à percer à l’international en enchaînant depuis 2018 un blockbuster américain et un thriller belge diffusé en VOD sur Netflix.
Confiné à Montreuil depuis quelques semaines, il espère reprendre début 2021 une pièce de théâtre qui lui est chère, jouée auparavant avec Michel Jonasz. "Les fantômes de la rue papillon" relatent la rencontre dans un no mand’s land imaginaire, entre un jeune de cité et un déporté juif victimes tous deux de la police française. Un conte humaniste plus que jamais d’actualité pour appeler le public à la vigilance contre toute forme d’exclusion, de racisme et d’antisémitisme.
Crédit-photo : Visioscène
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