Saint-Denis se rêve en capitale européenne de la Culture 2028

Saint-Denis se rêve en capitale européenne de la Culture 2028
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Saint-Denis, candidate au statut de Capitale européenne de la Culture 2028, a dépose officiellement son dossier. À travers ce projet, la ville et le Département, qui est aussi partenaire, entendent donner aux banlieues toute la place qui leur revient dans la société française. Verdict fin 2023.

« Saint-Denis ville sans égale, Saint-Denis ma capitale », slamait déjà Grand Corps Malade en 2006. Capitale, la ville de Paul Eluard et du Suprême NTM, de la Basilique et du Stade de France entend l’être en 2028, elle qui postule au statut de Capitale européenne de la Culture.

Décerné par l’Union européenne, ce label permet de décliner un programme culturel durant toute une année et d’accroître le rayonnement d’une ville. Lille en 2004 ou Marseille en 2013 en avaient déjà grandement profité.

Cette fois, Saint-Denis, et avec elle toute la Seine-Saint-Denis puisque le Département est partenaire du projet, auront à rivaliser avec Nice, Rouen ou encore Montpellier, la France étant seulement assurée que ce soit une ville de l’Hexagone.

Remettre les périphéries au centre

Pour faire la différence face à ses concurrents, Périféeries 2028 – le nom du projet dionysien – a choisi de faire de son statut de ville-banlieue un atout. « Remettre les périphéries au centre », tel est l’objectif numéro un de son dossier, qui a été remis officiellement ce vendredi 16 décembre au Ministère de la Culture par deux classes d’écoles primaires de La Courneuve et de Saint-Denis.

« Nous voulons replacer nos banlieues au cœur des grandes métropoles, réinterroger la manière qu’on a de faire la ville. Nos banlieues, avec leurs histoires et leur créativité, doivent aider à construire l’Europe de demain », insistait ainsi Mathieu Hanotin, le maire de Saint-Denis, lors de la conférence de presse préalable au dépôt du dossier, tenue dans le bâtiment Niemeyer.

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Cet édifice, actuellement vide et ancien siège du journal L’Humanité, offrait aussi une vue imprenable sur la Basilique de Saint-Denis, dont le remontage de la fameuse flèche est présenté par l’édile dionysien comme un « totem de la candidature ». Imaginée au moins à 6 reprises depuis sa déconstruction par l’architecte Viollet-Leduc en 1847, sa reconstruction est désormais actée et devrait débuter en janvier 2024.

« A l’offensive »

« A l’heure où les banlieues sont sans cesse pointées du doigt par les tenants d’une identité française figée, nous devons aussi être à l’offensive, en montrant le visage d’une France métissée, plurielle, qui a envie de faire ensemble. », expliquait de son côté le président du Département Stéphane Troussel, qui voyait dans les réactions de la fachosphère suscitées récemment par la candidature de Saint-Denis « une raison de plus pour postuler ». Autre émergence d’un nouveau lieu culturel : au printemps prochain ouvrira la Villa Dionysos, rue de la République, pensé pour exposer notamment la collection d’art contemporain du Département.

Jamel Debbouze et Alain Ducasse, ambassadeurs

Lancé officiellement en septembre 2022, le dossier dionysien aura recueilli en peu de temps l’adhésion d’un grand nombre de soutiens, connus ou anonymes. « Symboliquement, ce serait très fort qu’une grande ville de banlieue comme Saint-Denis ait droit à ce statut de capitale », estimait ainsi le chorégraphe Philippe Decouflé, notamment connu pour sa cérémonie d’ouverture des Jeux d’Albertville 1992 et installé dans la Cité des Rois depuis 1995.

« Devenir capitale européenne de la culture permettrait aussi de donner une visibilité internationale à toute cette richesse de création, sociale, culturelle, intergénérationnelle qu’on observe ici », renchérissait Zahia Ziouani, cheffe d’orchestre à l’origine de Divertimento, un ensemble symphonique basé à Stains. De Grand Corps Malade à Jamel Debbouze en passant par Alain Ducasse, lui aussi conquis, nombreuses sont ainsi les personnalités à s’être ralliées au panache bleu et jaune de Saint-Denis.

Mais le dossier de candidature se veut aussi éminemment participatif. « Habitants, artistes, monde de l’entreprise, on a veillé à construire un processus qui donne une place à chacun dans les politiques culturelles », insistait Juliette Bompoint, directrice de Périféeries 2028. Désireuse de mettre tout le monde à contribution et de ne surtout pas confisquer la culture, l’association a ainsi créé 8 « collèges » aux noms parfois poétiques (Imaginaire, enfants…) chargés d’alimenter en visions et en envies le dossier de candidature.

Grand oral à venir

« On défend aussi une acception très large du mot culture avec la cuisine, les langues, car on veut que chacun puisse se sentir légitime », précisait encore Juliette Bompoint. Et maintenant ? Un grand oral – en anglais s’il vous plaît- attend les différents candidats en février 2023. Mais d’ici là, pour prendre une métaphore que ne renierait pas Olivier Darné, le fondateur du Parti poétique de Saint-Denis et grand cuisinier devant l’éternel, rien n’empêchera la pâte de lever.

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