Roxane Fournier, capitaine de route

Roxane Fournier, capitaine de route
Cyclisme

Passée une première fois par St-Michel Mavic Auber 93 en 2012-2013, la Francilienne revient avec plaisir dans une équipe qui fut parmi les premières à lui donner sa chance. La sprinteuse, qui vise notamment une belle place sur Paris-Roubaix le samedi 8 avril, compte bien le rendre aux Madeleines.

« Ce que j’aime le plus, ce sont les classiques. Et parmi elles, Paris-Roubaix occupe forcément une place à part. » Roxane Fournier a hâte d’être au samedi 8 avril. Ce jour-là, la sprinteuse-puncheuse courra le deuxième Roubaix de sa carrière. « L’année dernière, j’avais chuté trois fois, la chance ne m’avait pas trop souri. Mais même dans la souffrance j’avais adoré. L’arrivée au vélodrome, c’est vraiment spécial. J’espère bien figurer cette fois-ci… »


Mais cette année, ce sera sous les couleurs de St-Michel Auber 93. Après une carrière passée à rouler pour certaines des meilleures équipes mondiales – l’année dernière, c’était la SD Worx de la championne de Belgique Lotte Kopecky – Roxane Fournier est revenue en terrain connu : chez les Madeleines d’Auber, qui l’avaient lancée en 2012-2013.


« Je m’étais engagée avec l’équipe B&B qui n’a finalement pas vu le jour. On n’a été prévenu qu’en décembre et il a donc fallu rebondir rapidement. J’ai eu cette opportunité de revenir à St-Michel Aubervilliers et je savais où je mettais les pieds : dans une équipe familiale, très pro mais qui ne se prend pas pour une autre. Je n’ai pas hésité », raconte-t-elle.

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A 31 ans, la Francilienne de naissance et Bretonne d’adoption puisqu’elle vit désormais dans le Finistère est arrivée dans un double rôle chez les Orange : capitaine de route et leader sur certaines courses. Ce qui n’a pas tardé à payer : en mars, celle qui n’avait plus connu de podium depuis le Madrid Challenge 2019 est allée cueillir une bien jolie 3e place sur l’étape finale du Tour de Normandie et une superbe 7e place au général, entre autres.


Sprinteuse puissante et tactique, elle ne s’avoue toutefois « pas tête brûlée » au moment de l’emballage final : « c’est sans doute mon point faible. A l’heure du sprint, je suis un peu moins fofolle que d’autres. On va dire que je prends des risques calculés. », explique cette force tranquille.


Cette sagesse, elle la diffuse aussi autour d’elle, aux Margot Pompanon, Alison Avoine ou Camille Fahy qui profitent de son expertise. « Ca peut être des conseils tactiques sur certaines courses ou tout autre type de questions. Je considère que maintenant, mon rôle, c’est aussi de transmettre aux jeunes coureuses. »

« Pouvoir dire : j’ai fait le Tour »

Du Grand Prix de Samyn au Tour Down Under, il n’y a en effet pas beaucoup de courses que Roxane ne connaît pas. Le Tour de France en revanche, échappe encore à sa collection, elle qui n’avait pas été retenue dans la sélection de SD Worx quand la Grande Boucle avait été relancée l’année dernière. Paradoxalement, c’est donc avec les petites Madeleines que la coureuse chevronnée pourrait connaître son premier Tour. « Des années de vélo, il ne m’en reste plus tellement. J’aimerais bien pouvoir dire après ma carrière : j’ai fait le Tour de France », rêve celle qui a débuté le vélo à 9 ans.


« C’était au Parisis Athletic Club 95, dans le Val d’Oise. J’ai tout de suite adoré. Mais je ne me suis jamais dit que j’allais en faire mon métier, tout simplement parce qu’à l’époque, il était impossible d’en vivre ! De ce point de vue, le cyclisme féminin, c’est le jour et la nuit comparé à quand j’ai commencé. En l’espace de seulement 5 ans, c’est dingue comment le nombre de courses au calendrier, les salaires, les structures ont évolué… », se souvient la Francilienne qui a aussi vu les Madeleines se transformer radicalement.


En 10 ans, la formation amateur dans laquelle elle avait commencé, encore étudiante en Staps activité physique adaptée, est en effet devenue une structure pro, évoluant au deuxième meilleur échelon mondial (Continental). Les Tangos peuvent désormais postuler aux plus grandes courses internationales (après le Tour l’année dernière, elles vont connaître une autre grande première avec la participation à la Vuelta cette saison). Qui plus est avec une femme directrice sportive à sa tête, Charlotte Bravard, ancienne coéquipière de Roxane Fournier d’ailleurs. « Je trouve ça bien qu’il y ait de plus en plus de femmes qui viennent à ce poste, y compris dans des équipes masculines. Il y a encore 5 ans de ça, c’était inimaginable. Je trouve ça bien qu’on arrive à faire notre place dans un milieu somme toute encore masculin », souligne-t-elle.

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C’est donc avec Charlotte Bravard et 5 autres vaillantes Madeleines que Roxane Fournier s’apprête à braver les pavés de Denain. En arrivant au Vélodrome hors d’haleine, le visage maculé de boue, Roxane Fournier pensera peut-être à tout le chemin parcouru depuis son premier passage chez les Orange : le chemin de celles qui s’accrochent et ne renoncent jamais.

Christophe Lehousse
Photos : ©Auguste Devaire et ©Bastien Gason

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