Compétition sportive Dugny

Rencontres sportives tamoules : Comme un parfum de Jeux…

Le temps de la « Grande Rencontre Sportive Tamoule », l’aire des vents du Parc départemental Georges-Valbon a pris, dimanche 8 juillet, des couleurs sportives qui préfiguraient un peu les JO de 2024. L’occasion de découvrir une culture, des jeux traditionnels et des sports dépaysants...

Encore quelques ballons orange et jaune à gonfler, et Philip et Mithulan auront fini d’achever la décoration de la tente de leur club, le United World Karate Tamil. Ensuite, ce sera le moment de passer aux démonstrations de karaté traditionnel, l’un des rendez-vous du jour de la « Grande Rencontre Sportive Tamoule » qui avait lieu dimanche 8 juillet sur l’Aire des Vents du Parc de la Courneuve. L’évènement, organisé depuis 1996 par la branche française de l’Organisation de Réhabilitation Tamoule (ORT), permet aux expatriés de cette communauté très nombreuse en Seine-Saint-Denis –environ 60 % des 250 000 Tamouls établis en France vivraient dans le 93- de pratiquer des sports traditionnels du Sri Lanka, leur pays d’origine fui pendant la guerre civile qui a duré entre 1983 et 2009 (lire notre encadré).
« La guerre a fait beaucoup de dégâts humains, on avait besoin de convivialité, de se retrouver, explique Muthiah Karunaijan, vice-président de l’ORT. Organiser cette rencontre sportive a été un moyen de penser à autre chose. D’oublier les mauvaises nouvelles venues du pays. »

Une cérémonie façon JO

Un peu une autre époque pour les jeunes générations. Tout frais bachelier et futur étudiant en éducation physique et sportive, Philip, venu en voisin du Blanc-Mesnil, apprécie en tout cas ce grand retour aux sources annuel : « C’est bien de ne pas oublier la culture de mon pays d’origine, dit le jeune homme arrivé en France à l’âge d’un an, parce que c’est une part de mon identité même si je vis complètement à l’européenne. » 

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Justement, nous voilà presque entièrement débarqués sur cette île située au sud-est de l’Inde quand sonne l’heure de la danse traditionnelle de bienvenue qui va lancer la 21e rencontre sportive. L’allumage de la « lampe culturelle » mais aussi une cérémonie de lever des drapeaux font ensuite flotter comme un parfum de Jeux sur cette journée qui se tient à l’endroit où pour les JO de 2024 sera construit le village des médias transformé après les Jeux en quartier d’habitations. « Finalement, vous avez été des précurseurs en organisant des activités sportives ici bien avant les JO », fait remarquer en souriant Stéphane Troussel, le président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, au moment des discours d’ouverture. Saluant ensuite « un beau moment sous le signe de la fête et du sport qui est également l’occasion de faire reconnaître et respecter votre culture ici en France mais aussi dans votre pays. »

Le premier qui tombe a perdu...

Un Sri Lanka que Thulasi, 18 ans, lycéenne à Noisy-le-Grand, qui sillonne l’aire de vents juchée sur son skate ne connaît pas : « En venant ici, c’est un peu comme si je vivais une journée dans le pays de mes parents, c’est important de savoir d’où on vient et ce genre de rassemblement aide à ça. »
On se réveille donc un peu sur l’ex-île de Ceylan quand vient à l’heure de la sieste le moment attendu de la « bataille de polochons. » Une épreuve façon Intervilles où deux combattants perchés sur une barre de fer, une main dans le dos, s’assènent des coups à l’aide d’un polochon. Le premier qui tombe a évidemment perdu. 

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Plus calme et surtout plus à l’ombre en ce dimanche de canicule, le carrom, un jeu de table avec des pions « est le passe-temps favori des Sri-Lankais mais aussi des Indiens, explique l’un des joueurs qui arbore le maillot de l’équipe de France de foot. Il y a même depuis quelques années une Fédération Française de Carrom. » Mais pas encore de Fédération Française des Chaises Musicales, l’autre moment attendu de la Grande rencontre sportive tamoule.

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Frédéric Haxo
Photos : @Sylvain Hitau

Un conflit meurtrier

Entre 70 000 et 100 000 morts en vingt-six ans de guerre civile, c’est selon l’ONU, le bilan humain du conflit qui opposa de 1983 à 2009 le gouvernement du Sri Lanka dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste aux Tigres de libération de l’Îlam tamoul, organisation luttant pour la création du Tamil Eelam, un État indépendant dans l’Est et le Nord du pays, majoritairement peuplé de Tamouls de religion hindoue. L’Organisation de Réhabilitation Tamoule -aussi active en Allemagne, Australie ou au Canada- s’est donné pour mission d’aider les victimes de la guerre au Sri Lanka mais aussi de « sensibiliser les Français à la souffrance des Tamouls. »

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