Préserver à la fois l’environnement et le portefeuille des ménages précaires
Le 4 février, à Sevran, dans les locaux de la Croix-Rouge, le Département réunissait les partenaires de l’Alliance départementale de lutte contre la précarité énergétique. L’objectif : présenter les premières actions engagées, dont 80 000 kits économiseurs d’eau, pour tenter d’enrayer une crise autant sociale qu’écologique.
Qu’ils soient responsables associatifs, élus locaux, agents des collectivités en contact avec les publics précaires, entreprises, toutes et tous font le même constat : la crise climatique frappe davantage les habitantes et les habitants de Seine-Saint-Denis.
Pour Stéphane Troussel, le président du Département, les inégalités environnementales sont une question essentielle, presque vitale en Seine-Saint-Denis. Pour illustrer son propos il cite tour à tour les centaines de friches industrielles laissées en héritage sans aucune compensation. Les nombreux axes routiers polluant le quotidien des habitants. Et les transports en commun encore trop rares.
A cela s’ajoute une précarité qui touche aux deux bouts de la pyramide des âges. Un tiers des moins de 30 ans y vit sous le seuil de pauvreté. Les personnes âgées y sont aussi deux fois plus touchées par la pauvreté que dans le reste de la France.
Avec un parc de logements vieillissant, les populations les plus précaires de Seine-Saint-Denis sont exposées à l’augmentation des coûts de l’énergie. 66% des logements ont été construits avant 1975 et sont autant de passoires énergétiques. Comme le rappelle la mission de transition écologique, au Département : « En 2018, on recensait 8% de la population française en précarité énergétique. Et 15% a dû se passer de chauffage pendant 24h en 2018. » Pour Stéphane Troussel : « Il n’est plus acceptable que des habitants doivent faire le choix entre payer son logement, son eau, son chauffage et manger. »
Brigitte Corinthios, directrice de l’Agence locale de l’énergie et climat de l’Est parisien, Maitrisez votre énergie (MVE) confirme : « Depuis deux ans, on assiste à une augmentation des ménages qui nous sollicitent. Sur ces 300 ménages, 80 sont en précarité énergétique. Nous allons dédier d’ailleurs un créneau spécifique pour les factures énergétiques. » A Epinay, même constat. « Nous avons vu augmenter les grosses factures, explique Salima Abdellatif, responsable de la circonscription de service social d’Epinay-sur-Seine. Un tiers sont comprises entre 800 et 3000 euros. Soit de très gros impayés d’énergie. Ils émanent de famille monoparentale, de salariés au smic, qui ne peuvent pas payer, suite à une séparation, à une perte d’emploi. On les trouve dans les parcs sociaux et privés. Nous négocions aussi des délais pour éviter des coupures d’électricité. »
Une assistance sociale présente dans l’assistance prend alors la parole : « Les personnes que je suis habitent dans des logements construits avant 1976 qui sont de véritables passoires énergétiques. Leurs factures sont importantes, mais ce n’est pas dû à une mauvaise utilisation. Ils chauffent parce qu’il y fait froid. »
En Seine-Saint-Denis, des ateliers de sensibilisation aux écogestes couplés à des diagnostics socio-techniques sont proposés aux ménages précaires. Des visites à domicile permettent d’identifier une mauvaise isolation mais aussi d’intervenir auprès des partenaires concernés.
Le partenariat conclu avec la Poste va permettre notamment d’atteindre le réseau pavillonnaire difficile d’accès. Belaïde Bedreddine, vice-président chargé de l’écologie urbaine au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis met en garde contre les amalgames : « Il ne faut pas assimiler petits propriétaires et petits bourgeois. Il y a des personnes dont les copropriétés sont très dégradées, comme à Sevran. Et qui vivent très mal. Alors que des résidences sociales construites à la même époque ont été rénovées. »
Distribution de kits économiseurs d’eau
Chaque année, pendant 4 ans, le Département financera 20 000 kits pour économiser l’eau de sa douche et de ses robinets. Pour les distribuer à domicile sur l’ensemble du territoire, il s’est entouré de 7 associations/partenaires (Les Compagnons bâtisseurs, La Croix-Rouge insertion-LogisCité, Partenaires pour la Ville, le Pimms de Noisy-le-Grand, La Poste, Shakti 21 et Voisin Malin).
Pour Shakti 21, les visites à domicile vont s’enchaîner : « Nous proposons des diagnostics sur les équipements. Nous mesurons le débit d’eau pour apporter des conseils personnalisés. Et pour finir nous installons des kits éc-Eau-nomes. » Qu’on habite en pavillon, en HLM ou en copropriété, on fera en moyenne 257 euros d’économie par an sur sa facture d’eau.
Pour tous renseignements utiles : https://seinesaintdenis.fr/eceaunome.html
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