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PME, faites vos jeux !

Mercredi 19 décembre, dans le cadre de la Fabrique des jeux, a eu lieu le premier rendez-vous entre les PME du 93 et Solideo, société chargée de livrer les équipements pérennes des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, en 2024. Au cœur de la rencontre, la question de l’héritage économique et éthique laissé par ces grands travaux, dont le budget atteint 3 milliards d’euros.

Tout ce que la Seine-Saint-Denis compte d’acteurs économiques avait répondu présent, en ce mercredi 19 décembre, à l’appel de la Chambre du commerce et de l’industrie de Seine-Saint-Denis. En cette fin de journée, ils venaient pour la première fois rencontrer les représentants de Solideo, la société de livraison des équipements olympiques et paralympiques.

Empreinte éthique

Après le mot de bienvenue de Danielle Dubrac, dont on retiendra la formule « Les jeux en valent la chandelle », Stéphane Troussel, président du conseil départemental, monte à la tribune. Le maître mot de son intervention ? L’héritage. « Il faut réussir, bien sûr, les 30 jours de JO. Mais surtout les 30 ans qui suivent. C’est en Seine-Saint-Denis qu’on viendra voir si les JO de Paris 2024 furent une réussite. Il faut profiter de cette occasion pour recoudre le lien avec les banlieues », commence le président. Cet héritage sera fait des retombées économiques de ces grands travaux, mais aussi de l’empreinte éthique imprimée notamment par le Département, qui a poussé pour que la Charte des JO impose deux clauses dans les marchés publics : 10% des heures devront être réalisées par des apprentis, des habitants des quartiers « politique de la ville » et des personnes éloignées de l’emploi, et 25% du montant des marchés devra revenir aux PME et aux TPE du 93.

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La Seine-Saint-Denis doit surfer sur la dynamique lancée par les JOP, le métro du Grand Paris, et l’opération de résorption de l’habitat insalubre pour devenir un « cœur battant du Grand Paris », déclare Stéphane Troussel.

Candidats du terroir

La parole est ensuite laissée à un entrepreneur expérimenté, déjà à la manœuvre lors des travaux pour construire le Stade de France. « A l’époque, 450 entreprises avaient participé au chantier, et nous avions créé 850 emplois, dont certains se sont pérennisés. Cette fois à nouveau, les PME et TPE de Seine-Saint-Denis doivent prendre leur héritage, leur part du gâteau », explique Francis Dubrac, vice-président de la Chambre des métiers et de l’artisanat. « 90% des marchés vont revenir à de grandes sociétés, car on ne peut prendre le risque de ne pas tenir les délais. Or, 80% des 80 000 entreprises du 93 ont moins de 25 salariés. Répondre sans s’être préparé, c’est prendre un risque technique et financier, et il faudra aussi avoir les épaules pour respecter les clauses exigées par la charte. Ces JOP doivent servir à nos entreprises pour acquérir des labels éco-responsables ».

Puis il reprend, galvanisant ses troupes : « Nous devons essayer de répondre à un maximum de chantiers, du maréchal ferrant pour les chevaux aux 20 000 tables et 17 000 lits, et autant de taies d’oreiller. Car nous sommes les meilleures entreprises de France pour y répondre : nous sommes les candidats du terroir », assène-t-il, rappelant qu’aux JO de Rio, le budget pour les fournitures s’élevait à 700 millions d’euros.

3 milliards d’euros

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La guest star de la soirée, Isabelle Vallentin, directrice générale adjointe de Solideo, prend enfin la parole. Elle détaille le mécanisme complexe des commanditaires des réalisations des JO, puis liste les 40 ouvrages pérennes à réaliser, parmi lesquels le village Olympique, autour du Stade de France, et son centre aquatique, la passerelle pour relier l’île Saint-Denis et le stade de France, le franchissement de l’A1, le dragage d’un bras de la Seine, la réalisation d’un « village des médias » pour accueillir les 24000 journalistes prévus, le réaménagement des berges allant de la Villette à Saint-Denis... Le budget total des appels d’offres privés s’élève à 1,7 milliard d’euros, tandis que le budget abondé par l’Etat et les collectivités se monte à 1,5 milliard. En terme de calendrier, les appels d’offres sont élaborés en 2019, publiés en 2020, la réalisation des ouvrages s’étendra entre 2021 et 2023, et la livraison interviendra en 2024. Après les Jeux, les équipements seront remis aux collectivités qui remettront les équipements en état, transformeront les logements construits pour l’occasion en logements familiaux etc. Isabelle Sery, responsable de la stratégie insertion et emploi de Solideo, insiste quant à elle sur la dimension exemplaire que devront avoir ces Jeux, rappelant que les conditions de travail seront étroitement contrôlées, que la lutte contre la fraude y sera bien réelle, et que les JOP 2024 doivent laisser en héritage des « bonnes pratiques ».

Networking

Après l’intervention de Patrick Braouezec, Président de Plaine Commune, deux tables rondes ont conclu la soirée. La première réunit les témoignages des quatre établissements publics territoriaux de Seine-Saint-Denis, des représentants de la SNCF, et de la DIRECCTE, et la seconde, des acteurs accompagnant l’accès aux marchés des TPE, PME et de l’ESS, ainsi que des présentations de plateformes réunissant les appels d’offres telles que #Entreprise 2024, Impact 2024, ou encore Maximilien et Inser’Éco93.

A l’extérieur, le « cocktail networking » a déjà commencé. M. Bachimont, qui se présente comme un start-upper aux cheveux blancs, est à la recherche de contacts à qui il pourrait présenter les innovations de son entreprise de signalétique dynamique. Un délégué de la pépinière de la Courneuve, MIEL, est lui venu prendre des renseignements, notamment sur la politique sociale des JO. « Pour nous, le positionnement social est important, car les vingt entreprises que nous accompagnons y sont très sensibles. Ce sont bien sûr les grosses entreprises qui vont empocher les marchés, mais cela va créer de nombreuses externalités positives », explique-t-il. Quoi qu’il en soit des impatiences des uns et de l’enthousiasme des autres, une chose est sûre : la Fabrique des Jeux est lancée, et les PME et TPE de Seine-Saint-Denis sont dans les starting-blocks pour décrocher le gros lot.

Photos : @Daniel Ruhl

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