Opéra Les Pavillons-sous-Bois

OpéRassemble : l’opéra en circuit court

Les fameux airs de la Traviata s’élèveront de l’Espace des Arts de Pavillons sous bois les 5, 7, 8 et 10 mars prochains. Sur scène, neuf solistes, 45 choristes de Villemomble et du Pré-Saint-Gervais. Le décor, les costumes, l’accueil et la sécurité, le coiffage et le maquillage sont l’œuvre des lycéens des villes alentour.

« Taataataa tata tatitataaa »... Dans le combiné, la voix de Fanny Crouet entonne la mélodie du « Libiamo », l’air le plus connu de l’opéra le plus joué du monde, La Traviata. « J’ai découvert l’opéra à 20 ans. Avant, pour moi, c’était un truc de grosse dame qui criait. Ca a changé ma vie », confesse la chanteuse lyrique. Depuis, elle s’efforce, avec sa compagnie « L’Opéra buissonnier », d’emmener sa passion là où on ne s’y attend pas. Alors quand Frédéric Loisel, directeur du conservatoire de Pavillon-sous-bois, lui a proposé d’être metteuse en scène de « l’OpéRassemble », elle n’a pas tergiversé.

Opéra participatif

« L’idée, c’est de permettre à des élèves de lycées professionnels d’être partie prenante dans la création d’un opéra, de leur donner accès à un monde pas forcément proche d’eux », explique le musicien. Inspiré par les expériences de La Fabrique Opéra à Orléans ou Grenoble, il s’est mis en tête de monter un opéra participatif à Pavillon-sous-bois. Si les neufs solistes sont de jeunes professionnels, la cinquantaine de choristes sont les élèves amateurs du chef de chœur Alain Le Tailleur, qui donne de la baguette à Villemomble et au Pré-Saint-Gervais. Seize musiciens accompagneront les voix.

JPEG - 55.5 kio

Tout le reste est l’œuvre des lycéens de Seine-Saint-Denis. Le jeu de cartes géant, la verrière et l’appartement haussmanien, qui apparaissent sur scène, ont été fabriqués par les élèves du lycée Nicolas Ledoux de Pavillon-sous-bois. Les lycéennes de Théodore-Monod, à Noisy-le-Sec, ont confectionné le costume de Violetta. Les élèves d’André-Sabatier, à Bobigny, se chargeront, au dernier moment, de coiffer et de maquiller les chanteurs, tandis que les lycéens de Jeanne de Lorraine, à Pavillons-sous-Bois, s’occuperont de l’accueil et de la sécurité du lieu. Vous pourrez savourer le résultat de cette partition à multiples portées les 5, 7, 8 et 10 mars à l’Espace des Arts, à Pavillons.

Métamorphose

« La première étape était de mener les auditions de solistes, auxquelles ont assisté certaines lycéennes (chargées de confectionner le costume). Mais lorsque j’essayais de leur expliquer le projet, elles ne m’écoutaient pas, ça ne les intéressait pas, les rapports étaient compliqués. Quand le premier candidat a ouvert la bouche, ça les a métamorphosées. Ensuite, alors que c’était en italien, et qu’elles n’avaient aucune notion de chant lyrique, elles ont fait des remarques très judicieuses pour la sélection des chanteurs », narre Fanny Crouet. L’idylle ne s’arrête pas là : « La dernière fois que je leur ai rendu visite, elles m’ont présenté le costume qu’elles avaient réalisé, elles m’ont demandé de chanter... et surtout de les faire chanter ! », s’émerveille la metteuse en scène.

JPEG - 45.1 kio

Mais parce que c’est « l’art de tous les arts », l’opéra coûte cher, très cher. L’équipe a eu la désagréable surprise de voir s’envoler un sponsor privé qui apportait 30 000 euros à leur projet. « Si l’on veut avoir une chance de mener l’aventure à nouveau l’année prochaine, il faut qu’on soit à l’équilibre financier. Et cela demande de vendre l’intégralité des 2400 places des quatre soirées », se tourmente le directeur du conservatoire. Le prix d’une place allant de 20 à 25 euros – ce qui reste beaucoup moins cher que pour un opéra classique- c’est un défi. Pour sécuriser le projet, l’association qui le porte a donc mis en ligne une cagnotte.
En attendant, profitez déjà de cette Traviata. La preuve qu’avec de l’engagement et le souci de la transmission, on peut faire sonner Verdi tout aussi bien de l’autre côté du périph’.

- La Traviata : les 5, 7, 8 et 10 mars à l’Espace des Arts des Pavillons-sous-Bois, à 20h sauf le dimanche 8 mars à 17h. Places à 20 ou 25 euros.

Photos : ©Benjamin Poussard

Dans l'actualité